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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 12:40
La Rédaction de ZoomTchad - 18/02/08

 

Quelles leçons politiques faut-il tirer de l’offensive rebelle sur la capitale N’djaména ? 

Certes, N’djaména n’est pas « tombée » et Idriss Deby est toujours au pouvoir, même si le séisme qui s’est abattu sur lui, était d’une amplitude telle que le journal français «  le Point » a mis en une de son site internet « Le président Deby est en fuite » exprimant ainsi une réalité crue.

 

La suite, tout le monde la connaît, pont aérien franco libyen, intervention des commandos français, intenses bombardements et recul des rebelles. Malgré le recul des rebelles, ces derniers ont marqué des points importants pour la suite des évènements.

La Force militaire des rebelles  est confirmée.

 

L’opinion nationale et internationale sait aujourd’hui qu’on aurait parlé du régime Deby à l’imparfait n’eut été le sauvetage de la France. Dès lors, la puissance de feu des rebelles et leur capacité à prendre militairement le pouvoir a été faite durant les derniers évènements.         

                  

D’un Deby président illégitime à une France isolée et discréditée.

 

Pour intervenir, la France a exigé une condamnation de l’UA, Sarkozy a téléphoné au président Wade et Bongo (selon la presse sénégalaise) qui ont donné leur avis favorable pour sauver Deby. On a parlé de « régime légal », de « pouvoir constitutionnel » mais personne n’a osé parler de « président légitime » Idriss Deby président illégitime donc pour la communauté internationale.

 

Ensuite, force est de constater qu’aucun soutien politique clair et affiché aux cotés de la France n’a eu lieu, ni de la part des acteurs  politiques français, ni des africains. Bien au contraire, plusieurs partis politiques d’opposition ont condamné le retour de l’impérialisme français. Cette expectative a rendu nerveux les ministres français des affaires étrangères et de la défense qui sans cesse répétaient qu’il n’y a pas eu d’intervention directe des militaires français sans convaincre personne.

 

D’isolée, la France s’est totalement discréditée, c’est la plus grande victoire rebelle, discrédit par rapport à la politique de « rupture » prônée par Sarkozy, la France coloniale est de retour en plein 2008.

 

Discréditée au niveau européen aussi, tous les efforts pour construire une politique européenne commune en Afrique sur le socle de la bonne gouvernance, de la promotion des droits de l’homme et de la démocratie, tous ces efforts ont volé en éclats par les bombardements français contre les positions rebelles. Désormais, ses partenaires européens prennent leurs distances et ne se privent pas de critiquer  sa politique de la canonnière.


Malgré tous ses efforts, la France n’a pas pu obtenir un soutien de l’Union Européenne dans son aventure aux cotés d’un dictateur impitoyable. Discréditée et isolée donc dans son soutien politique et militaire à un tyran.

Critiquée encore au niveau européen par la violation des conventions internationales, en Suisse tout d’abord avec l’affaire de l’avion Pilatus acheté par une société française pour le compte de Deby et sur lequel  des bombes à fragmentation ont été montées par des militaires français et qui a été utilisé pour bombarder les rebelles, dans le cadre d’un conflit interne en violation totale des conventions sur l’utilisation de certaines armes.

Ensuite, en Belgique, où là aussi la France s’est largement mouillée pour rafraîchir des blindés pour le compte de Deby, les Belges sont furieux, les français les ont trompés sur la destination réelle des blindés ainsi que sur leur utilisation (conflit interne).

 

Autre victoire politique des rebelles, par rapport au déploiement de l’Eufor, si cher à Sarkozy pour exister sur le plan international et plaire aux Américains. Les autorités françaises étaient déjà soupçonnées à l’époque comme l’avait affirmé le ministre Autrichien, de vouloir barrer la route aux rebelles. En obligeant la France à se mouiller pour sauver Deby, les rebelles ont fait la preuve qu’elle n’est plus neutre. C’est pourquoi, elle encaisse toutes les critiques de la part des européens, fait dos ronds et essaye de sauver son opération Eufor.


Mais, déjà les choses ne sont plus comme avant, des barrières sont érigées et les mises en garde tombent chaque jour, la dernière « si un seul pays membre de l’Eufor intervient de quelque que manière que ce soit dans le conflit interne tchadien, la mission de l’Eufor sera totalement remise en cause » a affirmé le général Autrichien.


Autrement dit, le contrôle des forces françaises sera fait par les autres européens, « nous nous tiendrons bien loin de la mission Epervier » a expliqué le Général Autrichien, apparemment les Autrichiens ne veulent pas avoir les mains sales.
      
La politique française de Sarkozy clouée au pilori, belle victoire des rebelles. Last but not least, le président Bush vient de prôner le partage du pouvoir au Kenya comme solution de sortie de crise, il prend ainsi à contre pied l’intervention militaire française au Tchad, qui symbolise l’engagement, l’encouragement d’une politique de violence, de répression, d’autisme, tout le contraire d’une politique de paix, de dialogue, de consensus en vue de rassembler toutes les forces d’un pays. 

 

D’un Idriss Deby président illégitime, à un Deby président impopulaire.

 

Des scènes de joie, de liesse populaire, des youyous, des applaudissements, ont accueilli l’entrée des rebelles dans la capitale tchadienne. Est-ce que ce sont des manifestations organisées ?  Non, c’est l’expression spontanée des sentiments d’une population meurtrie par une dictature féroce. Les journalistes français présents, les militaires français armes au pied, les représentations diplomatiques ont vu et entendu mais il a fallu se taire et censurer les images. Mais la victoire n’en sera que plus belle pour les rebelles, ce régime est honni par le peuple, n’en déplaise à ceux qui le soutiennent à bout de bras.

 

On a beau censuré les images comme on a censuré les images du génocide rwandais hier, cela a-t-il servi à quelque chose ? Bien au contraire, le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la France et c’est aujourd’hui Bernard Kouchner, Ministre français des affaires étrangères qui fait des va-et-vient vers Kigali pour proposer une reprise des relations diplomatiques, Sarkozy n’avait-il pas dit « la France n’a pas besoin de l’Afrique, j’attends qu’on me le prouve ». C’est fait au Rwanda.

 

Les gagnants perdent sur toute la ligne.

 

A peine, les pilonnages des chars et AML français se sont tus, que la clameur des rafles opérées dans les quartiers populaires par les hommes de Deby, a envahi toutes les maisons de N’djaména. Les militaires français se contentent de filmer les corps de personnes exécutées et rejetés par le Chari tous les matins et d’en référer à leurs supérieurs selon la formule consacrée.

Eclaboussées, forcément, les autorités françaises se sont tues, se rendent complices des arrestations des leaders politiques de l’opposition non armée, bastonnades et emprisonnement  pour délit d’opinion.
L’UA s’est tue, elle aussi, prouvant encore une fois qu’elle n’est finalement que la somme d’individualités ayant les mêmes pratiques qu’un Idriss deby.

L’empressement et la grossièreté de la proposition française d’une grâce des bandits de l’Arche de Zoé, prouve si besoin est, qu’ayant perdu sur toute la ligne et on essaye de récupérer quelques billes.
Quand, quelqu’un se noie et que vous plongez pour le sauver, vous avez 60 % de chance de couler avec lui, c’est bien connu. La preuve, Sarkozy n’est il pas en train de couler ?

L’Union européenne a exigé la libération immédiate des leaders emprisonnés alors que la position française exprimée par le Quai d’Orsay a été de « demander des explications sur le pourquoi de leur arrestation » absolument effarant.

Tous les responsables des ONG  tchadiennes des droits de l’homme ainsi que les journalistes de la presse privée vivent aujourd’hui dans la clandestinité à Kousseri au Cameroun, personne ne s’est émue de leur sort, leurs bailleurs de fond ont déjà choisi, entre Deby et eux, y a pas photo.

Nous, Tchadiens, ne devons en cas cautionner la politique du « silence, on tue », alors que tout le monde monte au créneau  pour exiger la libération immédiate de Yorongar, de Ibni Oumar et de Lol, les souteneurs de Deby se battent pour faire baisser la pression, à nous de la maintenir, les autres s’en foutent, nous, NON.

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