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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 13:20
Les liens obscurs et insupportables entre le groupe Total et le régime dictatorial et sanguinaire de Denis Sassou-N'guesso
Camer.be 25/02/2008

NOTE D’INFORMATION

Les liens obscurs et insupportables entre le groupe Total et le régime dictatorial et sanguinaire de Denis Sassou-N’guesso, Président autoproclamé du Congo-Brazzaville

Depuis plusieurs années, le groupe Elf/Total a mis son expertise au service du pillage économique du Congo-Brazzaville en apportant son soutien au régime dictatorial et sanguinaire de Denis Sassou-N’guesso. Ce qui permet ainsi à ce régime corrompu de bafouer les règles de bonne gouvernance qui lui sont imposées par les organisations (OCDE, FMI, AFD…) qui disposent de leviers de pression sur le Congo. Denis Sassou-N’guesso sait qu’il peut compter sur le soutien inconditionnel de l’Elysée, de Total et de la BNP Paribas.

Mesdames et Messieurs les actionnaires et les salariés du groupe Total,

Parce qu’il n’est pas de politique de gouvernance d’entreprise sans adhésion des actionnaires et des salariés et qu’il ne saurait y avoir d’adhésion sans connaissance ni compréhension des enjeux et des risques encourus, les Représentants de la diaspora congolaise en France exigent que toute la lumière soit faite sur les liens obscurs qu’entretient la direction du groupe Total avec ce régime corrompu de Denis Sassou-N’guesso. Ils demandent aux actionnaires et aux salariés du groupe de soutenir la campagne « Publiez ce que vous payez » qui vise à contraindre les compagnies pétrolières à publier ce qu’elles versent aux Etats dans lesquels elles extraient du pétrole ou du gaz. Dès lors que Total, Eni, Chevron Texaco ou Petronas seront tenus, par la loi, de publier ce qu’elles versent aux Etats pétroliers, les petits et grands arrangements deviendront impossibles. Aussi, ils demandent à Monsieur Thierry Desmarest, Président du Conseil d'administration de Total de s’engager à ouvrir un débat interne avec les actionnaires et les salariés du groupe sur ce soutien inconditionnel et sur sa politique des préfinancements pétroliers accordés au régime du dictateur sanguinaire congolais et son impact social et environnemental au Congo. Qu’est-ce qui a été financé ?

Depuis le milieu des années 1980, le Congo-Brazzaville voit sa dette extérieure s’accroître chaque année à une vitesse vertigineuse au grand dam des populations toujours en proie aux difficultés économiques et sociales. En 1985, le pays, qui voit ses recettes chuter avec le prix du pétrole, ne parvient plus à honorer sa dette. C’est le début des préfinancements pétroliers. Le président Sassou-N’guesso se tourne vers Elf pour obtenir une avance de trésorerie. Il n’exige pour l’Etat que 17 % des recettes pétrolières et en plus, « il ignorait la quantité de pétrole produite ». Une véritable aubaine pour Elf (et donc pour BNP et Paribas vu leur affinité avec Elf/Total) : le groupe est assuré d’être remboursé. Et surtout, il garde la main sur le pays. Le FMI, Paris, les banques prêtent également sans compter au Congo. Résultat : à la fin de 1987, le Congo est, par rapport au Produit intérieur brut (PIB), le pays le plus endetté du monde. Début 1990, les recettes pétrolières ont déjà été hypothéquées jusqu’en 1994 !

Pour faire face à ses obligations, l’Etat congolais s’enfonce dans l’endettement gagé et Denis Sassou-N’guesso, toujours avide d’argent frais, se lance alors dans une course effrénée à l’endettement, gageant à tout va le pétrole congolais. Les banques françaises, Paribas puis BNP Paribas, et la compagnie pétrolière Elf/Total utilisent massivement, avec l’assentiment de l’Etat français, le préfinancement pétrolier en République du Congo (Brazzaville). Le mécanisme n’a rien d’illégal en soi. Un préfinancement pétrolier consiste à accorder ou à garantir un prêt à un Etat producteur de pétrole en s’assurant des droits sur la production de barils à venir. Mais au Congo Brazzaville, ce système de prêts gagés a surtout :

1/ institutionnalisé le pillage des ressources pétrolières du pays par Elf/Total et BNP Paribas,
2/ favorisé l’enrichissement des clans au pouvoir à Brazzaville (Sassou-N’guesso et Lissouba) et de leurs complices français et même,
3/ financé les armes qui allaient servir au massacre de dizaines de milliers de personnes en 1998-99.

Plus qu’un prêt en particulier, c’est l’utilisation de ce mécanisme, qui ne s’est pas démentie depuis 20 ans, qui est ici en cause. L’industrie pétrolière nourrit une corruption débridée. Ce n’est pas nouveau. Mais des enquêtes ont permis de montrer, de manière extrêmement détaillée, comment l’argent du pétrole s’évapore au Congo-Brazzaville notamment. Avec la complicité de grandes sociétés françaises comme Total et de grandes banques françaises comme BNP Paribas. Total, qui a absorbé Elf au tournant du siècle, affirme avoir mis un terme aux pratiques détestables d’Elf. La quatrième compagnie pétrolière mondiale s’est dotée d’un code déontologique, d’une charte éthique et a adhéré au Global Compact de l’Onu. Malgré cela, elle continue de participer avec la BNP Paribas à des montages sophistiqués qui permettent à des centaines de millions de dollars de revenus pétroliers de s’évaporer au bénéfice de mystérieuses sociétés écrans appartenant aux membres du clan N’guesso et leurs proches.

L’affaire Likouala en est la meilleure illustration. Lorsque Denis Sassou-N’guesso a repris le pouvoir par un coup d’Etat en 1997, il a découvert que son prédécesseur Pascal Lissouba avait bradé à Elf plusieurs actifs pétroliers. Il a exigé d’Elf une compensation. Après plusieurs années de négociations, Elf devenue Total a accepté, en 2003, de céder, pour rien, sa participation de 65% dans le gisement de Likouala à l’Etat congolais. Mais au lieu d’en confier la gestion à la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), le Congo a immédiatement revendu le gisement pour 160 millions de dollars à Likouala SA, une société de droit congolais totalement inconnue. Likouala SA est contrôlée par Montrow International Ltd, une société enregistrée dans les îles vierges britanniques (BVI), elle même contrôlée par un trust domicilié sur l’île de Jersey.

Le Congo a fourni au FMI « l’assurance que la république du Congo, sa compagnie pétrolière (SNPC) et Total sont les seules parties impliquées dans cette transaction, et que tous les bénéfices et profits attenants leur reviennent et à personne d’autre ». Malheureusement, les revenus générés – plus de 100 millions de dollars pour les années 2005 et 2006 - par le gisement sont introuvables. Total et BNP Paribas (qui a participé au montage financier de l’opération) disent ignorer la destination de ces revenus. Pourtant, l’administrateur de Likouala SA, est un salarié de Total. André Bahoumina était coordinateur du développement durable de Total Congo jusqu’à sa démission en 2006. Il est également le signataire du prêt de 72 millions de dollars accordé par BNP Paribas à Likouala SA pour acquérir le gisement.

- Entre février 1999 et janvier 2004, les préfinancements accordés [par Paribas puis BNP Paribas] à la SNPC [Société nationale des pétroles congolais] s’élèveraient à 650 millions de dollars,
- En 2004, la BNP a accordé plusieurs préfinancements à la SNPC ou à des intermédiaires, comme Trafigura, qui vendent le pétrole entre 6 et 9 dollars en dessous du prix du marché, à des sociétés contrôlées par des proches de Sassou-N’guesso. Les profits sur chaque transaction sont colossaux. La BNP semble même être le destinataire de certaines cargaisons de pétrole.

On voit donc que tout comme Total, le groupe BNP Paribas joue également un jeu trouble au Congo-Brazzaville. Le groupe a participé au montage extrêmement suspect de Likouala SA. La banque assure également des préfinancements pétroliers particulièrement douteux faisant intervenir des sociétés amies du régime. Ces sociétés de convenance encaissent des marges aussi colossales qu’injustifiées lors de la vente du pétrole congolais. Le 12 juillet 2004, par exemple, l’Atlantic prosperity, un cargo panaméen quitte le terminal pétrolier de Djeno (Congo) avec 950.000 barils de pétrole en soute. Le pétrole vendu 33 dollars le baril par la SNPC a été revendu 42 dollars à une raffinerie américaine, soit une marge de 9 dollars par baril. Une marge normale dans le trading pétrolier est de l’ordre de 20 cents par baril. La transaction en question a permis d’encaisser une marge 45 fois supérieure à la norme. Elle a été préfinancée par BNP Paribas.

BNP Paribas a également participé à une opération extrêmement complexe de rachat de créance ayant nourri une corruption au plus haut niveau. La société nationale d’électricité (SNE) du Congo-Brazzaville a accumulé au fil des années une dette de 46 millions de dollars à l’égard de la Société nationale d’électricité du Congo-Kinshasa (SNEL). Au lieu d’effectuer un simple virement du Trésor public à la SNEL, le Congo-Brazzaville a monté une véritable usine à gaz qui a permis de détourner près d’une quinzaine de millions de dollars. Le scandale de la SNEL met également en lumière le jeu trouble de Trafigura. Le trader pétrolier enlève des cargaisons de pétrole congolais à des prix imbattables et semble être le principal bénéficiaire du rachat de la créance de la SNEL.

Combien représente aujourd’hui l’encours de ces dettes ? Selon le FMI, la dette totale du Congo représentait 2,4 milliards de dollars en 1985, au moment des premiers défauts de paiement. Sassou-N’guesso a légué une dette dépassant 5 milliards de dollars en 1992, montant qui s’est stabilisé sous Lissouba avant d’exploser à nouveau depuis la reprise du pouvoir par Sassou, en 1997. Fin 2005, la dette congolaise, essentiellement due à des créanciers publics, atteignait 9,2 milliards de dollars : cinq fois le budget du pays.

© Pour le Collectif de la Diaspora congolaise de France et d’Europe : Bienvenu MABILEMONO

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