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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 14:13
25/02/2008

Bockel persiste dans sa dénonciation de la France Afrique !

DU BALAIS AU QUAI D’ORSAY

 

D’après le "Canard enchaîné" du mercredi 20 février 2008 - page 3, à la demande de l’Élysée, le chef du personnel des Affaires étrangères, Xavier Driencourt, vient d’adresser un télégramme aux ambassades et consulats de France. Pour leur annoncer que plusieurs grands services du Quai allaient changer de patrons avant que Sarkozy n’occupe, en juillet, la présidence de l’Union Européenne. Notamment les directions des « secteurs » suivants:

Europe, Asie, Amérique, Affaires stratégiques, Afrique du nord - Moyen-Orient, etc..

Un coup de balais sans précédent, et il faut s’attendre à voir nommer à ces postes des sarkozystes confirmés, selon les mauvaises langues du ministère.

 

Autre signe des temps, gare aux dictateurs de la FrançAfrique, François Zimeray a été nommé, en conseil des ministres, ambassadeur pour les droits de l’homme à la place de Michel Doucin, informé par téléphone de sa disgrâce. Qualité reconnue de François Zimeray, il a déjà rejoint le groupuscule Gauche Moderne du Secrétaire d’État de la Coopération, Jean Marie Bockel.

DEJEUNER-DEBAT 
DU CONSEIL FRANCAIS DES INVESTISSEURS EN AFRIQUE (CIAN) INTERVENTION DU SECRETAIRE D’ETAT, CHARGE DE LA COOPERATION ET DE LA FRANCOPHONIE, M. JEAN-MARIE BOCKEL  

 

Les enjeux éthiques de l’aide publique au développement, en particulier sur la gestion transparente des ressources naturelles

 

Mesdames et Messieurs,

 

Nous avions eu l’occasion, pour un certain nombre d’entre vous, de nous rencontrer avenue Bosquet, au siège du MEDEF, en novembre dernier. Quatre mois après ma prise de fonction, j’avais voulu marquer, par cette rencontre, toute l’importance que j’attache au dialogue avec le secteur privé.

 

Je suis heureux de cette nouvelle occasion de rencontre qui nous est offerte et je remercie le CIAN de m’avoir convié à ce déjeuner. Le dialogue avec vous me tient particulièrement à cœur, car les entreprises que vous représentez sont des acteurs à part entière du développement. Dans les pays dans lesquels vous travaillez, vos entreprises ont un rôle de premier plan à jouer, qui va souvent bien au-delà de leur simple statut d’opérateurs économiques.

 

J’ai déjà évoqué devant vous mon idée de coalition pour le développement, coalition qui doit fédérer les efforts de tous les partenaires au développement, publics et privés, associations, ONG, entreprises, fondations, collectivités locales, et bien sûr les représentants de l’Etat, à travers nos deux principaux opérateurs que sont la DGCID et l’AFD.

 

L’AFD est fortement représentée à ce déjeuner, à la fois l’AFD elle-même et sa filiale Proparco, et je m’en réjouis.

 

J’en viens maintenant au thème retenu pour ce déjeuner débat : les enjeux éthiques de l’Aide publique au développement, en particulier sur la gestion transparente des ressources naturelles. Je suis très heureux de traiter de ce thème qui me semble fondamental. J’aurai mauvaise grâce à dire le contraire : c’est moi qui l’ai proposé. Merci au CIAN de l’avoir retenu.

 

Je voudrais aujourd’hui poursuivre avec vous la réflexion que j’ai engagée lors de mon discours de vœux, sur la nécessité de faire de la bonne gouvernance une exigence non négociable dans notre aide au développement. Pas par une vision moralisatrice des choses, encore que cette exigence éthique soit déjà, en soi, un argument valable, mais d’abord pour une raison d’efficacité.

 

Je l’ai dit dans l’interview de votre rapport 2008 : chaque fois que la corruption empêche les investissements, le développement recule. Mon premier objectif, c’est une aide au développement efficace. Le premier frein au développement, c’est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des ressources, la prédation, l’insécurité juridique qui décourage les investisseurs, nationaux ou étrangers.

 

Pour pouvoir tenir ce discours d’exigence à nos partenaires africains, il nous faut nous-mêmes être irréprochables. En Afrique, certains de nos compatriotes ne le sont pas. Leur collusion avec les pratiques que nous dénonçons enlève sa force et sa crédibilité à notre discours. Même s’ils agissent à titre strictement individuel, leur comportement jette le doute et parfois le discrédit sur l’ensemble de nos actions.

 

De la même façon que les agissements des aventuriers de l’Arche de Zoé ont menacé la crédibilité de tous les opérateurs humanitaires, les agissements des derniers survivants de la FrançAfrique sèment le doute sur les intentions de tous les opérateurs économiques français.

 

Je l’ai dit en janvier, je le redis aujourd’hui : la FrançAfrique est moribonde et il faut signer son acte de décès.

 

Je souhaite une modernisation de nos relations avec le continent africain. Le président de la République, lors de ses vœux au corps diplomatique, a réaffirmé sa volonté de voir s’opérer ce changement. Il m’a chargé de lui faire des propositions en ce sens, notamment en écoutant la société civile et la jeunesse africaines : cette consultation est en cours. Je compte évidemment y associer nos entreprises présentes en Afrique.

 

Comme vous, j’ai la conviction que notre pays doit rester un partenaire important de l’Afrique. Nous y avons intérêt et nous en avons les moyens. Les pays africains le souhaitent et nos partenaires européens nous y encouragent.

 

Je veux que les comportements transparents et respectueux de l’Etat de droit qui sont ceux de vos entreprises deviennent la règle pour tous les opérateurs économiques présents en Afrique, qu’ils soient français, européens, américains, asiatiques, indiens ou russes…

Je vois trois raisons qui nous imposent d’accorder une plus grande attention aux questions de transparence et d’équité dans nos relations commerciales et industrielles.

 

1. C’est une exigence croissante des sociétés civiles du Sud, relayées par les sociétés civiles du Nord. Elles demandent plus d’aide, mais également une meilleure gestion des Etats, un développement plus équitable et une meilleure répartition des richesses.

2. L’aide publique ne prend tout son sens que si elle est relayée, au plus tôt et au mieux, par les ressources fiscales des Etats. Financer la construction d’écoles, nous savons le faire, mais financer leur entretien et les salaires des enseignants, c’est au budget de nos partenaires de le faire. Et à cet égard, ils ont de nouvelles opportunités.

 

3. La dynamique économique mondiale est porteuse d’opportunités nouvelles que cette fois l’Afrique peut et doit saisir, grâce aux progrès de la gouvernance, de la stabilité économique, de la formation de ses élites et surtout d’une compétition plus ouverte entre les économies du monde.

 

La première opportunité, c’est la hausse des cours des matières premières minérales, qui donne à de nombreux pays africains les moyens de leur développement. Il faut évidemment une répartition équitable de la rente entre les pays producteurs et les entreprises exploitantes.

 

De nouveaux partenaires de l’Afrique entrent en scène : la Chine, l’Inde, la Malaisie, le Brésil, d’autres encore. Tant mieux ! L’Afrique n’est la chasse gardée de personne, elle n’appartient à personne d’autres qu’aux Africains eux-mêmes, et la France ne réclame aucune exclusivité (menteur !).

 

Ces nouveaux partenaires commerciaux de l’Afrique ont des besoins en matières premières tels qu’ils pratiquent une concurrence acharnée qui ne va pas forcément de pair avec une réelle transparence, même si, dans leurs déclarations officielles, les meilleures intentions du monde sont exprimées. Nos partenaires africains sont bien conscients que derrière les déclarations d’amitiés de la coopération Sud-Sud, il s’agit d’abord et avant tout d’une âpre négociation commerciale.

 

La compétition ne nous fait pas peur, nos entreprises, vos entreprises, sont concurrentielles et parfaitement capables de remporter des marchés. A condition que le match se fasse à la loyale, en respectant des règles du jeu claires. C’est notre intérêt, c’est aussi et surtout celui des pays producteurs eux-mêmes (menteur !).

 

Nous avons conscience que nous entrons dans une nouvelle ère dans laquelle la demande de transparence et d’équité rejoint l’intérêt bien compris de nos entreprises, inquiètes de la compétition déloyale de certaines nouvelles venues. Il y a une volonté, au Nord comme au Sud, d’amorcer enfin des cercles vertueux de croissance et prospérité.

 

Il reste à transformer cette conscience en actes : sans engagements internationaux, sans institutions, l’embellie sera éphémère. L’Afrique a connu depuis 20 ans des conflits liés aux ressources minérales, pétrole, diamant, coltan, or. Ses bois ont été exploités, sans doute de manière moins irresponsable que dans d’autres parties du monde, mais non sans dégâts.

C’est pourquoi, la France doit prendre toute sa place dans l’ensemble des mécanismes et initiatives de la communauté internationale qui contribuent à l’instauration de règles nouvelles. La France, à chaque occasion, doit inviter les nouveaux partenaires de l’Afrique à adhérer à ces mécanismes, que notre coopération bilatérale soutient.

 

J’en rappelle brièvement les principaux :

 

Dans le secteur des ressources minérales et pétrolières

 

1. L’initiative pour la transparence dans l’industrie extractive, ITIE (c’est l’acronyme français, que je préfère évidemment à l’EITI du sigle anglais !)

Lancée en 2003 par Tony Blair, nous en finançons le secrétariat (800 000 euros). La plupart des grandes entreprises françaises ont adhéré à cette initiative. Il ne faut pas sous-estimer la difficulté de la démarche qui implique de la part des Etats autant que des compagnies une transparence des flux financiers et de matières premières. La France soutient au G8 la consolidation de ITIE en s’opposant à son extension à d’autres secteurs d’activités que le pétrole et les mines.

 

2. Le processus de Kimberley pour la certification de l’origine des diamants bruts

Ce processus a été lancé en 2000, afin de contribuer à la transparence dans les circuits commerciaux, pour lutter contre les diamants du sang, les “blood diamond” dont le trafic finance les guerres civiles. Les premiers résultats de cette démarche sont très encourageants.

La France a aidé le Congo Brazzaville à clarifier ces activités dans ce secteur, pour lui permettre de réintégrer le processus après plusieurs années de suspension. Nous cofinançons (200 000 euros) avec le Cameroun le processus qui lui permettra d’intégrer le processus d’ici un à deux ans.

 

3. La renégociation des contrats

En l’Afrique de l’Ouest, la France suit avec intérêt une initiative de la Banque mondiale pour la mise en place d’une facilité pour aider à négocier (ou renégocier) les conventions et contrats d’exploitations qui lient les pays de cette région aux sociétés industrielles transnationales. Un forum, auquel l’AFD et la DGCID ont participé vient de se tenir à Conakry les 11 et 12 février.

 

En Afrique centrale, nous suivons avec attention le processus d’évaluation de l’ensemble des contrats miniers en RDC qui créera une obligation d’alignement aux nouveaux partenaires de ce pays.

 

4. Ces démarches internationales doivent être soutenues par le renforcement des capacités des cadres des administrations et des entreprises des pays africains.

La formation reste un enjeu crucial car la compétence des partenaires est un facteur clé de la gouvernance, même si cela n’est pas suffisant. Nous avons pour cela en France nos écoles des mines et un Centre d’Etudes supérieures des matières premières (le CESMAT), qui reçoit une centaine d’élèves étrangers par an, avec le soutien de la DGCID.

 

Nous avons aussi des programmes de coopération cofinancés par des entreprises françaises (Total en Angola). La formation de personnels directement par les entreprises participe évidemment à cet effort (je pense à AREVA au Niger).

 

Dans le secteur des ressources forestières.

 

La forêt est un secteur où les critères de durabilité sont et seront des avantages compétitifs.

 

1. La France est, depuis longtemps, fortement impliquée dans la gestion durable des forêts en Afrique, particulièrement en Afrique centrale. A ce titre, nous soutenons le processus sur la gouvernance forestière et l’application des lois forestières (FLEGT), et comme les autres Etats membres de l’Union européenne, les dispositions liées au commerce des bois tropicaux. Ce processus repose sur des accords de partenariat avec les pays exportateurs, à même de certifier la légalité des bois exportés vers l’Union européenne. Cela suppose sur place un réel engagement, tant des administrations forestières que des exploitants forestiers sur le respect des réglementations et la traçabilité des bois.

 

2. La France, via les interventions de l’AFD, soutient les entreprises qui en Afrique développent un réel savoir-faire en matière de gestion durable des forêts. Nous attendons des entreprises qu’elles soient moteur et source de réponses techniques durables. L’aménagement forestier est le cœur de notre coopération en matière de gestion durable des forêts.

 

C’est la seule voie soutenable sur le long terme pour l’exploitation des ressources ligneuses des forêts naturelles. Dans ce domaine, je veux saluer l’action des sociétés forestières françaises, souvent pionnières et exemplaires, je pense notamment à la société Rougier qui, je crois, est présente aujourd’hui.

 

Dans le secteur du tourisme

 

Le tourisme est un des secteurs dont la croissance est la plus soutenue dans la durée depuis deux décennies. Le bénéfice en termes de développement dépend grandement des formes qu’il prend, de son insertion dans une dynamique locale.

1. La France a été à l’origine d’un groupe de travail international sur le tourisme durable auquel participe les entreprises françaises du secteur avec le programme des Nations unies sur l’environnement. Il s’agit de promouvoir les meilleures pratiques de tourisme durable.

 

2. La DGCID soutient le réseau international des acteurs du tourisme solidaire qui se réunissent depuis 2003 tous les deux ans dans un pays du Sud. La prochaine réunion aura lieu sur notre proposition au Mali en octobre 2008. Les collectivités locales françaises, à l’initiative de la DGCID et de la région Auvergne, ont constitué une plate-forme de partenariat en la matière.

 

Voilà, rapidement évoqué, nos principales interventions dans ce domaine de la gouvernance que j’estime d’une importance primordiale.

 

La France a des intérêts en Afrique, et notre diplomatie a légitimement pour objectif de défendre ces intérêts. Le premier de nos intérêts, c’est que l’Afrique devienne un continent fort afin d’être le partenaire fiable qu’elle a vocation à être.

 

Acteur croissant des relations internationales, une Afrique en développement sera un des moteurs de la croissance mondiale. A l’inverse, nous le savons tous, une Afrique instable et pauvre sera porteuse d’insécurité, pour elle-même et pour le reste du monde.

 

Il s’agit d’un intérêt bien compris, d’un intérêt d’Etat, parfaitement avouable, donc d’une politique qui se fait dans la transparence. C’est en disant clairement les choses et en les décidant ensemble avec les Africains que nous construirons une relation franco-africaine rénovée, respectueuse, et un partenariat gagnant-gagnant avec ce grand continent.

C’est, je le sais, le sens du message que le président portera la semaine prochaine, lors de son second déplacement en Afrique, dans lequel je l’accompagnerai.

 

Place maintenant au dialogue, car je suis venu pour avoir avec vous un échange, pour vous écouter, et pour enrichir mon expérience et ma réflexion en la partageant avec vous.


Je vous remercie

 

25/02/2008

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