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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 16:33

11 juin 2009
L'Express

La Françafrique va-t-elle survivre à la disparition de Bongo?



Pendant plus de quarante ans, Albert Bernard Bongo, devenu Omar Bongo puis Omar Bongo Ondimba, a régné sur le Gabon. Il a vécu pour lui et son clan, pour la France et par la France. Sa disparition pose des questions sur sa succession et sur l’avenir de la « Françafrique », cette réalité peu glorieuse qui alimente tant de fantasmes.

Omar Bongo et Jacques Chirac, dont, selon Valéry Giscard d’Estaing, le dirigeant africain aurait financé la campagne électorale en 1981. 

Utilisé pour la première fois en 1955 par l’Ivoirien Houphouët Boigny, alors député, le terme de « Françafrique » vantait la bonne entente entre la métropole et ses colonies. Repris des années plus tard par François-Xavier Verschave, qui dirigeait l’association « Survie », il désignait un univers glauque et secret dont le but était finalement de maintenir l’influence politique et économique de la France dans ses anciennes colonies.

Il y a eu bien des explications pour justifier cette « Françafrique » dont, d’ailleurs, on ne parlait pas officiellement : la nécessité d’être présent sur ce continent terrain privilégié de la guerre froide, d’empêcher toute percée communiste, de contrer la Grande-Bretagne ou de ne pas laisser les États-Unis placer des pions économiques et politiques.


« Le système évolue vers la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie »

Dans son livre paru en 1998 aux éditions Stock, « La Françafrique, le plus long scandale de la République », Verschave écrit : « En résumé, ce n’est plus la République, ni même l’Élysée qui choisit et conduit la politique française en Afrique, mais une nébuleuse aléatoire d’acteurs économiques, politiques et militaires, un faisceau de réseaux polarisé sur la conservation des pouvoirs et l’extraction des rentes. La logique de cet accaparement est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système évolue vers la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie. »


Des réseaux et des lobbies

Résistant, membre des services spéciaux alliés, Jacques Foccart devient au début des années cinquante le « monsieur Afrique » du gaullisme et le conseiller très écouté du Général. Il développe des amitiés, noue des contacts, rend des services au point de devenir incontournable dès que l’on parle d’Afrique. Ce sont les réseaux Foccart qui, dans l’ombre, orienteront des pays africains dans l’intérêt de dirigeants dociles, d’hommes d’affaires, sans trop se soucier du bien-être des populations. Conseiller de De Gaulle et Pompidou, écarté par Giscard, il reviendra sous Chirac et les fils tissés durant près d’un demi-siècle tiendront après sa mort, en 1997.

Les réseaux, ce sont aussi ceux de Charles Pasqua et, à une moindre échelle, ceux de René Journiac – sous Giscard — de Guy Penne, d’Alain Madelin, de Michel Rocard ou encore de Bernard Debré. Ils s’entrecroisent souvent et on y retrouve « l’émissaire » Robert Bourgi auquel Sarkozy a recommandé la discrétion, Jean-Charles Marchiani, Jean-Christophe Mitterrand, Pierre Falcone…

À côté ou avec ces réseaux, on trouve les lobbies notamment de Bouygues et Bolloré. Sans oublier, bien sûr Elf, co-prince du Gabon, et les fraternités des francs-maçons et des Rose-Croix, très actives en Afrique.

Dans ces batailles d’intérêts, de pouvoir et d’influence, tous les coups sont bons, menés par des barbouzes ou des services secrets. On fomente ou déjoue des attentats, on élimine, on achète des consciences, on emprisonne. Pratiquement toute l’Afrique francophone est concernée.

Dénoncée en France par les opposants, ménagée par les gouvernants, la « Françafrique » évolue, régressera au fur et à mesure que ses principaux acteurs disparaîtront, mais elle demeurera tant qu’il existera des secrets inavouables, des dossiers compromettants. Elle est profondément ancrée dans les habitudes et ne pourra être vaincue que par l’avènement d’une véritable démocratie, d’un réel développement économique.

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