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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 08:18

1er juillet 2009
Le Pays


Le sommet de l'Union africaine, le 13e du genre a ouvert ses portes aux chefs d'Etat africains ce 1er juillet en terre libyenne. Ce qui devrait être la consécration pour le guide de la Jamahiriya arabe, prend des allures de fiasco diplomatique au regard de certaines absences.

Les deux invités du guide libyen (Berlusconi et Ahmadinejad) ont fait défection à la dernière minute. La salle Ouagadougou qui accueille la cérémonie solennelle d'ouverture, baptisée ainsi au temps fort de la lune de miel entre le pays des hommes intègres et la Libye ne verra pas la présence de Blaise Compaoré. Le fils de Ziniaré n'a pas fait le déplacement de Syrte et en soi, cela est un événement.

Depuis le clash du 12e sommet à Accra au Ghana sur la création immédiate des Etats-Unis d'Afrique ou Compaoré et Kadhafi ne semblaient pas parler le même langage, l'axe Tripoli-Ouaga semble avoir du plomb dans l'aile. La diplomatie des pétrodollars ne semble plus faire ses effets et il existe aujourd'hui des chefs d'Etat qui ne se laissent plus éblouir par le portefeuille sans fond du guide libyen et qui lui opposent leurs points de vue et leurs positions politiques.

Les Africains n'en attendaient pas moins de leurs dirigeants auxquels ils ont souvent reproché le manque de courage et la connivence avec le guide libyen dans ses frasques et errements politiques. Blaise Compaoré était déjà absent au sommet de la CENSAD. Il n'est pas le seul à adopter une posture de la chaise vide. Une feinte diplomatique qui a le mérite d'éviter les affrontements verbaux tels ceux du dernier sommet de l'Union à Accra. Le soulagement avec lequel certaines personnalités ont accueilli l'annulation de la visite du président iranien Ahmadinejad montre à quel point personne n'ose défier le Colonel.

Il est vrai qu'en tant que hôte du sommet, il a droit à une certaine marge de manoeuvre. Mais cette invitation avait de quoi irriter certains participants au sommet. Ahmadinejad n'est d'ailleurs pas étranger dans les couloirs de cette organisation africaine, puisqu'il avait été l'un des invités du sommet de l'UA à Banjul en 2006. Berlusconi s'étant excusé pour cause de catastrophe ferroviaire, Kadahafi se retrouve sans invité de marque. Un premier échec qui en présage un second. Le gouvernement africain que tente vaille que vaille de mettre en place le guide libyen aura bien du mal à passer.

Et si d'aventure l'idée est admise, sa mise en oeuvre sera difficile dans les conditions actuelles. Il reste 6 mois de mandature au guide libyen pour réussir à booster son projet des Etats-Unis d'Afrique. Il va tout tenter pour y arriver. On peut tout reprocher au président Moamar Kadhafi sauf son panafricanisme et sa volonté de voir le continent africain formé une entité unique. Aveuglé par cet idéal, le président actuel de l'UA foule au pied les règles et procédures du processus de construction de l'Union africaine par cercles concentriques. Lui, veut y aller ici et maintenant et est prêt à y mettre à contribution ses pétrodollars. C'est son principal tort. Le sujet est d'une telle importance qu'il faut accorder le bénéfice de la bonne foi à tous ces chefs d'Etat et intellectuels africains qui prônent une démarche prudente et progressive en lieu et place des effets d'annonce.

Il ne faut pas oublier que parmi ceux qui sont réticents à la création des Etats-Unis d'Afrique, il y a ceux qui ne veulent renoncer en aucun cas à leur souveraineté ou à la laisser se dissoudre dans une entité au sein de laquelle ils n'auront aucun pouvoir réel. D'ailleurs, est-ce vraiment la priorité quand à l'intérieur des Etats la démocratie est malmenée en devenant de ce fait une source d'instabilité.

De quels Etats-Unis d'Afrique parle-t-on ou que veut-on bâtir quand les Etats qui doivent la composer sont déchirés par des conflits armés, des crises de légitimité des dirigeants ? Cette Afrique en miniature présente des insuffisances notoires qu'il convient de corriger et de soigner durablement avant de s'engager dans cette aventure que nous propose Kadhafi.

Pour l'heure, ce qui préoccupe les peuples africains, ce sont les crises et les conflits récurrents qui remettent aux calendes grecques les vraies questions de développement. Chaque sommet apporte son lot de conflits à gérer : Niger, Mauritanie, Somalie, Madagascar. Celui de Syrte portera les stigmates du retour des coups d'Etat sous de nouvelles formes, mais coup d'Etat quand même.

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