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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 00:55

5 mars 2010
Source: Association de la Presse Panafricaine


Mes chers Compatriotes,


La compilation des procès-verbaux des bureaux de vote en notre possession donne une avance confortable au candidat de l’Union des Forces de changement soutenu par le FRAC. 

En effet, selon les fiches de résultats en notre possession, nous sommes largement en tête dans la préfecture du Golfe et dans la commune de Lomé qui comptent le tiers du corps électoral national. Il en est de même dans les préfectures du Zio, des Lacs, de l’Avé, du Vo, d’Afagnan, de Kloto, de l’Akébou. 

Le candidat du RPT dépasse le candidat soutenu par le Front dans le Haho et le Yoto ainsi que dans la préfecture d’Agou et de Danyi. 
Sur la base des procès-verbaux de ces préfectures, le candidat de l’UFC soutenu par le Front a donc recueilli une moyenne qui se situe entre 75 et 80% des voix.


La Commission chargée de la compilation des résultats reçoit les résultats des bureaux de vote du centre et de la région septentrionale. 

Nous constatons que ces résultats sont très souvent fantaisistes. Dans certains bureaux de vote notamment dans la préfecture de la Kozah, on a relevé dans un bureau de vote 500 inscrits pour 900 votants. Dans certains centres de vote, les votants constituent le double des inscrits. Par ailleurs à Blitta, EPP central, les délégués de l’UFC ont été chassés ensemble avec les observateurs des bureaux de vote. Dans d’autres, il a été relevé un vote massif de mineurs, tout comme un nombre anormalement élevé de votes par procuration. 

Il a été organisé aussi, en violation de la loi, des votes par dérogation, sans présentation de cartes d’électeurs. Dans la préfecture de la Kozah, des électeurs ont voté plusieurs fois dans différents bureaux de vote. 

Ces irrégularités constatées nous amènent à contester les résultats dans ces zones-là. Nous attendons les rapports pour les rendre publics et saisir les autorités judiciaires compétentes. Il s’agit de faits avérés. 
Nous signalons également que dans certains bureaux, nos délégués ont été privés de procès-verbaux. Nous avons constaté par endroit des bourrages d’urnes. 

Malgré l’engagement pris par le président de la CENI, malgré l’intervention répétée de la communauté internationale tout entière, (Représentant du Facilitateur, observateurs internationaux et Comité de pilotage), le gouvernement s’est opposé à tout ce qui peut concourir à la transparence du scrutin : authentification des bulletins, acquisition et installation par le gouvernement, sans l’accord de la CENI, d’un système de transmission opaque des résultats par une société inconnue de la CENI, refus de recourir à la transmission des résultats par VSAT. 

Si ces anomalies étaient corrigées, notre avance serait beaucoup plus confortable.

De tout ce qui précède, nous concluons que nous avons gagné la présidentielle du 4 mars 2010. 

A cet instant, j’adresse mes remerciements aux électrices et aux électeurs qui ont porté leurs suffrages sur mon nom. Je salue la disponibilité des observateurs et tous les amis du peuple togolais. J’aurai l’occasion de les remercier personnellement. 

Lomé le 5 mars 2010.

Jean-Pierre FABRE
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 00:53

6 mars 2010
Source: Association de la Presse Panafricaine

Dans un rapport partiel diffusé à la demi-journée à la presse à l’Hôtel Sarakawa, la Mission d’observation électorale de l’Union Européenne (MOE) dépêchée au Togo depuis 19 janvier a épinglé le gouvernement togolais, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC). 

La MOE dirigée par l’Espagnol José Manuel Garcia-Margallo y Marfil, membre du parlement européen, a dans un premier temps donné quelques satisfécits à au déroulement pacifique du scrutin, et la relative bonne attitude des partis politiques et candidats.

Néanmoins la MOE tient à relever quelques points négatifs.

« La CENI a témoigné de sa capacité à organiser un scrutin, mais le chronogramme électoral n’a pas été respecté (retard de 50 jours). En cause : l’absence totale de consensus entre les parties, le manque de collégialité, la suspension de leur participation par les membres de l’opposition parlementaire, les réunions débouchant tardivement ou ne débouchant pas sur une décision, etc. Exemple significatif : la directive à la transmission des résultats du scrutin qui a été prise le soir même des élections à 23H30 », relève le communique de la MOE.

« La multiplication des possibilités de vote (par dérogation, par procuration, registre des omis) a été mal comprise par les électeurs, mais aussi par les membres des bureaux de vote qui maîtrisaient mal les procédures en vigueur », soutient le communiqué.

En ce qui concerne le fichier électoral, la MOE relève que « la mise en œuvre du cadre juridique n’a pas été rigoureuse ». Deux exemples : le décret fixant les conditions d’organisation et de fonctionnement du fichier électoral n’a jamais été pris. Le fichier élctoral n’a pas été que modifié par une mise à jour partielle du fichier de 2007, provoquant ainsi de profondes dissensions entre les partis politiques.

Le jour du scrutin, la MOE a constaté également que la « traçabilité des bulletins de vote par des bulletins à souche numérotées ayant été refusée tout comme les options de la vignette autocollante ou la double signature ont engendré pas mal de méfiance sur l’intégrité du procesus.

« La HAAC joue difficilement son rôle d’arbitre hors de la mêlée. Elle s’en prend parfois uax médias privés « non alignés » et, contrairement aux prescrits du code électoral, elle n’a organisé aucun débat contradictoire, ni à la radio ni à la télévision, pendant la campagne électorale, relève la MOE.

En ce qui concerne la campagne, la MOE a relevé une inégalité entre les parties. « Accompagné de professionnels de la communication, le candidat Faure Gnassingbé a assuré une campagne médiatisée et visiblement très coûteuse (affichage abondant, déplacement en hélicoptère, spots publicitaires très nombreux,…) apparemment au-delà des montants impartis. « Une précampagne » s’est déroulée dans tout le pays, hors du champ reglementé.

La MOE a toutefois donné un point négatif à l’opposition quant à l’absence d’une candidature unique. « L’opposition s’est trouvée affablie pour trois raisons : 1. Le président de l’UFC, principal parti d’opposition, Gilchrist Olympio, leader historique, n’a pas pu participer au scrutin ; 2 les partis politiques n’ont pas réussi à s’entendre autour d’une candidature unique, 3. Gilchrist Olympio, lui-même, a pris du temps avant de soutenir Jean-Pierre.

Lire ci-dessous le rapport partiel de l’UE. Ce rapport sera complété dans les jours à venir après la publication des résultats par la CENI et l’épuisement des contentieux après publication par la Cour Constitutionnelle.

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 23:35

Juliette AbandoKwe
3 mars 2010

 

Felix-Moumi-.jpgLa Fondation Moumié, à travers le Prix Moumié – 3ème édition, développe cette année la panafricanité de sa vision, permettant à feu Maître Goungaye Wanfiyo, avocat et fervent militant de la société civile centrafricaine, assassiné près de Bangui en décembre 2008, de sortir de l’arène locale qu’est le Centrafrique. 

Avec lui ont été récompensé également Jean Bosco Talla,
sa Majesté
 Rameau Jean-Philippe Tchendjou II Sokoudjou, ainsi que feu Albert Mukong, tous trois camerounais. Ces personnalités ont toutes marqué, chacune à sa manière, une scène sociopolitique empreinte d’une mal gouvernance profondément indécente, d’une impunité institutionnalisée, et de violations systématiques des droits humains les plus élémentaires.

Ce Prix est décerné à des personnes qui se sont particulièrement distinguées par leur courage civil et leur détermination, dans le cadre d’un travail d’édification des valeurs démocratiques et des droits humains au Cameroun et en Afrique. Cette récompense a jusqu’ici été attribuée à des citoyennes et citoyens camerounais, à l’instar en de Madeleine Afité de d’ACAT-Littoral (Action chrétienne pour l’abolition de la torture), de l’ADDEC (Association de défense des droits des étudiants au Cameroun), et de feu Samuel Minkyo Bamba et René Jam Afané, auteurs de l’hymne national du Cameroun, ainsi que de Mboua Massok, combattant historique du régime de Paul Biya. Par un choix dépassant les frontières du Cameroun, la Fondation cherche à montrer que le Camerounais Felix Moumié est aussi le martyr de tous les africains.

Le Prix Moumié, hommage au nationaliste camerounais assassiné par les services secrets français en 1960 à Genève, se donne la mission de rappeler aux peuples camerounais et africains, que rien n’a changé en 50 ans en termes de nécessité d’une lutte coriace contre l’oppression.
De 1960 jusqu’à aujourd’hui, des hommes et des femmes se sont battus, ont souvent péris, et se battent encore, au péril de leur vie, pour que leurs concitoyens puissent un jour jouir d’une vie de dignité et de respect.

C’était ainsi le grand espoir de Maître Goungaye Wanfiyo dans sa défense des victimes de massacres, de viols et d’exécutions sommaires en Centrafrique dans les années 2002-2003. Avocat et ardent défenseur des sans voix centrafricaines, les investigations sur sa disparition sont aujourd’hui plus que jamais entravées par une justice locale et internationale à deux vitesses.
La Fondation espère donner un nouvel élan à la lutte contre un oubli délibéré.

De son côté, Albert Mukong a vécu une vie de sévices, de tortures physiques et morales sous la colonisation et ensuite sous le régime néo-colonial, à travers un combat acharné dès 1956. Natif de Bamenda, il aura ainsi connu les plus redoutables prisons politiques du Cameroun.  Décédé en avril 2004, le Cameroun a perdu un homme de la trempe des plus grands.

Quant à sa Majesté Sokoudjou Jean Philippe Rameau, chef supérieur de Bamendjou, vétéran de l’institution cheffale traditionnelle de l’Ouest Cameroun, cet homme brillant a toujours refusé la corruption des autorités politiques du régime.  Autant acteur que témoin dans la lutte contre les administrations coloniales dans le commandement traditionnel, il a également connu les plus célèbres prisons du pays.
Aujourd’hui, son engagement dans la lutte contre le SIDA, fait de lui un véritable héros de la société civile camerounaise. 

Enfin Jean Bosco Talla, journaliste et fondateur de « Germinal », symbole récent de la persécution continuelle du régime Biya contre ceux qui disent ce qu’il cherche à dissimuler, s’est distingué ces dernières années par son indépendance d’esprit, son opiniâtreté et son courage dans la dénonciation systématique des dérives du régime en terme de corruption et de violations diverses. Co-auteur du rapport de Ccfd-Terre Solidaire intitulé « Biens mal acquis. A qui profite le crime ? », publié en juin 2009, il s’emploie, malgré les pressions, la prison, et au péril de sa vie, à mettre infatigablement la légitimité du pouvoir de Biya en question. 

Le Prix Moumié offre donc cette année une très brillante palette de lauréats, dans la plus pure tradition du symbole de la lutte pour une émancipation du Cameroun et de l’Afrique, dans le cadre d’une Afrique encore profondément déniée de son droit à la souveraineté.  

La cérémonie de remise du Prix aura lieu à Genève le 29 mai prochain, avec  en marge une conférence internationale commémorant le 50ème anniversaire de l’assassinat de Felix Moumé, en même temps que le 50ème anniversaire de ce que les anciens colonisateurs ont appelé Indépendances. 

La Fondation Moumié compte donc  bien marquer cette année  l’histoire du Cameroun et de l’Afrique d’une manière toute particulière.

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 23:09

20 février 2010
Thierry Amougou
Président de la Fondation Moumié


Quelle belle image que celle montrant Barack Obama, Bush fils et Bill Clinton entrain d’arrêter ensemble la stratégie américaine pour la reconstruction d’Haïti après le tremblement de terre. Cette image de deux anciens présidents américains de part et d’autre du président en exercice, est le signe d’un pays où le pouvoir n’est plus un fétiche personnel à garder coûte que coûte par des manipulations de toutes sortes. Elle témoigne d’une stabilité et d’une acceptation générale des modalités d’accès, d’exercice et de transmission d’un pouvoir qui, dans sa conception, ne peut plus être l’alpha et l’oméga de ceux qui l’exercent : on passe le témoin à quelqu’un d’autre au terme de son ou de ses mandat(s). On est en effet président pour un temps dans l’ordre normal des choses.


De telles photos, en dehors du cas Mandela, sont rarissimes en Afrique cinquante après les indépendances. Ici, les anciens présidents sont, soit morts en rêvant au pouvoir éternel, soit en exil, soit derrière les barreaux quand ils ne se regardent pas en chiens de faïence. Joseph Désiré Mobutu a quitté son pays comme un voleur la queue entre les jambes. Ahidjo est mort en exil autant que Bokassa et Idi Amin Dada. Hussein Habré attend son procès au Sénégal, Charles Taylor ronge son frein à la Hayes, Laurent Gbagbo replace son pays au bord du précipice quand plusieurs autres, comme des araignées, se sont agrippés au pouvoir jusqu’à ce que mort s’ensuive. Sombre tableau à compléter par tous ceux qui trouvent dans la modification constitutionnelle permanente, la meilleure stratégie d’être président à vie : longue liste d’insatiables du pouvoir  qui s’étoffe d’années en années alors que les populations africaines sont toujours parmi les plus pauvres au monde.


Ceci dit, en dehors d’Abdou Diouf, de Rawlings ou de Kérékou qu’on ne voit par ailleurs jamais avec leurs prédécesseurs, les Africains et l’Afrique doivent, cinquante après un exercice du pouvoir par leurs fils, se poser la question de savoir pourquoi l’ivresse d’un pouvoir personnel et de son caractère meurtrier, s’impose comme la norme dans la gouvernance de leur continent. Pourquoi laisser le pouvoir à un autre devient une souffrance atroce et insupportable pour ceux qui l’exercent ? Pourquoi des Africains dont de nombreux traits culturels militent pour des sociétés conviviales, holistes et solidaires, réussissent l’indigne exploit, une fois qu’ils sont pouvoir, de ne développer que la dimension meurtrière, cupide et désenchantée de son exercice ? Pourquoi le pouvoir ne se met pas au service de la vie ?


Questions difficiles et cruciales par rapport auxquelles on peut poser une hypothèse en guise d’esquisse de réponse. Les dirigeants africains postcoloniaux semblent souffrir d’une schizophrénie multiple. Citons-on en trois formes parmi d’autres.


La première forme est d’avoir revendiqué et obtenu les indépendances pour faire du pouvoir concrètement le contraire de ce qu’implique l’indépendance pour des peuples désormais autonomes. Cinquante ans après, un regard sur la conception et l’exercice du pouvoir en Afrique noire montre que les dirigeants africains ont une aversion morbide des « implications politiques » réelles de l’indépendance des peuples africains. La deuxième forme de schizophrénie est celle qui consiste à condamner, en 1960, les atrocités et les injustices de l’Etat colonial pour, cinquante ans après, passer maîtres dans leur exacte reproduction : c’est le jeu des peaux noires masquent blancs dont parlait Franz Fanon. Une troisième forme de schizophrénie est celle qui montre que les « rois nègres » que l’Afrique a collectionnés depuis 1960, admirent et détestent à la fois le colonisateur occidental. Ce n’est pas pour rien, qu’en se rappelant administrateurs coloniaux, ils n’ont pour toute image du pouvoir politique que réprimer, s’enrichir et le garder définitivement face à un peuple qu’ils « civilisent » comme les colons « civilisèrent » les territoires occupés.

Ce sont ces multiples schizophrénies qui amènent Lansana Conté à laisser un pays en ruine. Ce sont elles qui alimentent l’ivresse du pouvoir de Mamadou Tandja ou d’un Gbagbo qui piétinent les accords signés par lui-même. Ce sont elles qui guident tous les présidents africains qui prolongent éternellement leurs mandats par des manipulations constitutionnelles honteuses.

En contrepartie, l’assimilation des règles démocratique d’acquisition, d’exercice et de transmission du pouvoir ne se fait pas. Dans la tête de tout jeune Africain qui vit dans une telle gouvernance, le pouvoir reste l’instrument de l’enrichissement personnel, de domination et d’acquisition de tous les privilèges au détriment du peuple. Le pouvoir ne devient pas un instrument au service de la vie. Il reste quelque chose qu’il faut conquérir et garder pour soi afin de ne pas le subir d’un autre. Dans pareilles conditions, un Dadis Camara qui arrive au pouvoir oscille dans un entre deux autant que les militaires nigériens du Conseil suprême pour le rétablissement de la démocratie. C'est-à-dire qu’ils souffrent tous d’une quatrième schizophrénie. Celle qui consiste à vouloir à la fois imiter leurs prédécesseurs et être différents d’eux en mettant le pays sur les rails démocratiques.


Résultat des courses, les études scientifiques sur le renouvellement des élites politiques africaines donnent des enseignements hautement interpellant. Les recherches constatent, en effet, un très faible renouvellement des généalogies d’élites politiques africaines depuis 1960. Elles mettent aussi en évidence le fait que le renouvellement des élites politiques est plus élevé après un coup d’Etat militaire qu’après une élection acceptable. Par ailleurs, tous les coups d’Etat n’entraînent pas un renouvellement des élites. Il faut que le nouvel homme fort, à l’instar de Thomas Sankara, le veuille. Il en résulte que, de 1960 à 2010, le coup d’Etat orchestré par un leader africain qui veut le bouleversement de l’ordre établit, reste le meilleur moyen d’entraîner une émancipation et une mobilité sociopolitique en Afrique Noire. Les jeunes Africains ont donc encore du pain sur la planche tellement le chantier reste titanesque. Autant au lendemain des indépendances les jeunes étudiants africains tombaient sous les dictatures de Mobutu et d’Ahidjo, autant en 2010, de jeunes Africains tombent toujours sous les balles réelles des armées nationales en Guinée, en Côte-d’Ivoire, au Cameroun et au Niger. L’ivresse du pouvoir des Mobutu, Ahidjo et Bokassa a succédé à celle des Paul Biya, Gbagbo, Sassou Nguesso, Idris Déby , Mugabe etc…


La Fondation Moumié pense que les combats d’émancipation sont donc plus que jamais d’actualité sur deux fronts. Les grands Africains comme Patrice Lumumba, Félix Roland Moumié, Um Nyobè et bien d’autres se sont battus contre le premier ennemi de l’Afrique. C’est à dire l’avidité capitaliste des grandes puissances internationales. Ce combat est à continuer lorsqu’on se rend compte que la France condamne le coup d’Etat au Niger parce que, dépendant à 80 % de l’énergie nucléaire, elle pense d’abord aux juteux contrats signés avec Mamadou Tandja dont le pays est le 3ème producteur mondial d’uranium. L’autre front du combat, cinquante ans après, est interne au continent. C’est le combat à mener contre des Africains qui ont transformé le pouvoir politique en instrument de négation de l’indépendance des populations africaines.

Pour l’instant, l’Afrique est dans une situation où la crédibilité des armes remplace, avec raison, celle d’hommes corrompus par l’ivresse du pouvoir et passés maîtres dans le coup d’Etat constitutionnel.

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 22:55

15 février 2010
Kane Cherif

2010: 50 ans de dépendance

2010 l'Afrique francophone souffle ses 50 bougies d'indépendance ou du moins un demi siècle de dépendance vis-à-vis de la France. Certains pays comme Le Sénégal capitale naguère de l'ex-AOF( Afrique occidentale française) a anticipé l'évènement le 13 février dernier en ouvrant les festivités avec faste dans la capitale sénégalaise dans un stade archi comble pour revisiter l'histoire politique du pays. Qu'est-ce à dire ? C'est un paradoxe pour la plupart des ex-colonies de la France qui n'arrivent toujours pas à décoller économiquement.

Les raisons sont multiples :

- Sur le plan politique. Mauvais départ avec les indépendances offertes gratuitement sans heurts pour beaucoup sauf la Guinée le seul pays en Afrique occidentale qui a dit non à De Gaulle. Au Maghreb, seule L'Algérie a pris les armes pour se libérer du joug colonial. Cette indépendance acquise tranquillement a permis à la France de mettre en place progressivement un réseau occulte pour poursuivre sa domination sur ses ex-colonies autrement dit la Françafrique . Dès lors tout passe par Paris même le choix du dirigeant lequel pour mieux gouverner a instauré un parti unique soi disant pour rassembler toutes les forces vives de la nation. Un fallacieux prétexte pour endormir le peuple et jouer sur le tableau de l'unité nationale. Dans cette perspective , après deux décennies de ballon d'essai, Paris distille la notion de bonne gouvernance par le biais de la démocratie. Une condition que Paris exige pour l'aide au développement. Cette nouvelle vision est partagée par certains , mal assimilée par d'autres ou pas suivie du tout . 50 ans après combien sont-ils à appliquer aujourd'hui l'alternance démocratique ? On peut les compter sur les bouts du doigt. Le Sénégal qui servait d'exemple avec l'arrivée au pouvoir du président Abdoulaye Wade en 2000 est aujourd'hui désigné comme le mauvais élève et le plus mal placé en matière de respect des libertés.

- Sur le plan économique. Depuis 1960, L'Afrique subsaharienne notamment a choisi le statu quo c'est-à-dire une économie extravertie tournée vers l'extérieur. La priorité est donnée aux cultures d'exportation( par exemple arachide, café , cacao etc.) au détriment des cultures vivrières( mil, riz, maïs .). Ce qui a conduit forcément à la détérioration des termes de l'échange voulu par l'ex -puissance colonisatrice. Les africains achètent plus chers leurs propres produits parce que transformés ailleurs. 50 ans après on est loin de l'autosuffisance alimentaire. Rappelez-vous les émeutes de la faim presque partout en Afrique. Emeutes qui viennent nous confirmer l'incapacité des dirigeants africains à mener une politique cohérente en matière agricole. Mais comment peut-on être indépendant économiquement si on n'est pas politiquement indépendant ?

- C'est la même question qui se pose sur le plan du système éducatif copié sur le modèle français. C'est ainsi que les écoliers africains ont subi malgré eux plusieurs réformes qui ont accordé plus d'importance à la langue française qu'aux langues nationales avec des moyens dérisoires et une carence de matériels didactiques ou quelques fois décalés avec la réalité socio-économique du pays.50 ans après ce sont le FMI et la banque mondiale qui continuent d'imposer leur diktat avec en toile de fond la réduction drastique de fonctionnaires et notamment d'enseignants bien formés. Résultats : hécatombe au niveau des résultats du Bac et plus de place à l'enseignement privé. Comment le citoyen sénégalais peut-il avoir confiance en ce système où ce sont les élites eux-mêmes qui préfèrent envoyer leur fils à l'étranger pour des études ou dans des écoles privées de la place les plus cotées ?

- Sur le plan de la santé c'est encore catastrophique. Le paradoxe sénégalais est édifiant. Et c'est valable pour beaucoup de pays africains exceptés la Tunisie et le Maroc où des progrès dans ce domaine sont notoires. Peu d'hôpitaux et ceux qui existent manquent cruellement d'équipements adéquats et de personnels. Les médicaments coûtent chers dans un pays comme le Sénégal pionnier pourtant dans l'enseignement de la médecine. Les élites de ce pays comme dans d'autres pays africains préfèrent aller se soigner encore une fois à l'étranger en Europe au Maroc ou en Tunisie.

Ce bref tour d'horizon nous montre le chemin qui reste à parcourir. 50 ans après, les populations africaines vivent dans la précarité avec une fracture sociale énorme, la majorité des Etats piétinent, minée par des contradictions internes, des guerres et des coups d'Etat( militaire ou civil) dont les derniers en date : Mauritanie, Guinée et Niger. Cependant cette dépendance est moins visible à l'heure actuelle par le fait que beaucoup de pays ont compris la nécessité de diversifier leur partenariat notamment avec les pays dits émergents : la chine, le Brésil et l'Inde. Autre explication : le durcissement des lois contre l'immigration en Europe a conduit notamment aux élites africaines d'aller ailleurs pour étudier ou pour s'installer plutôt qu' en France par exemple au Canada ou aux Etats-Unis. La France n'est plus un mythe. Par ailleurs, l'immobilisme des pouvoirs publics réside dans le fait que ce n'est pas en fait parce les africains manquent de cadres compétents ou de moyens ou manquent d'électricité, souffrent de famine qu'ils sont pauvres. C'est parce qu'ils sont plutôt pauvres qu'ils ont tous ces problèmes.

La vraie question n'est -elle pas dans l'instauration d' un état de droit qui fait défaut dans la majorité des pays ? Ce qui a fait dire à un économiste américain Paul Romer, un des pères de la théorie de la croissance endogène qu'il faut aider les pauvres autrement par le système de charter cities c'est-à-dire des villes à charte pour la bonne gouvernance. Son idée consiste à bâtir des dizaines voire des centaines de villes qui seraient gérées en partenariat par un pays riche et un pays pauvre. Pour lui, il s'agit pour le pays pauvre de céder un pan de son territoire pour un pays développé qui l'administrerait de telle sorte à l'enraciner dans un Etat de droit. Cette stratégie de contournement a cependant des limites vu le caractère aléatoire des régimes politiques en question. D'aucuns y verraient un néo-colonialisme qui ne dit pas son nom mais par contre les charter cities auraient le mérite pour les populations d'émigrer dans de meilleures conditions puisque le citoyen aura désormais le choix entre une puissance étatique et un état faible. Une idée qui ne laisse personne indifférente.


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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 22:45

Manifestation
le samedi 27 février 2010 à 15 heures à Paris
de la Place de la Bourse au Ministère de l´immigration et de l´identité nationale
pour la suppression du Ministère de l´immigration et de l´identité nationale


Le colonialisme et ses produits dérivés ont aujourd'hui de nouvelles formes et de nouvelles dynamiques, qui s'inscrivent dans la réaction mondialisée contre tous les acquis des luttes populaires de la deuxième moitié du vingtième siècle.

En France, le Ministère de l´identité nationale, de l´immigration et du co développement, c´est le Ministère de la rafle et de la honte, c´est le Ministère des colonies. En créant un « Ministère de l´immigration et de l´identité française », puis en organisant avec le ministre Besson un « Grand débat » sur l´identité nationale qui mobilise les moyens de l´Etat, Nicolas Sarkozy encourage et organise le racisme dont l'islamophobie et la stigmatisation d´une partie de la population.

Ouvertement ciblés, les musulmans, destinataires d'une loi annoncée sur la Burqa, en butte aux faux dérapages/vraies insultes d'un Hortefeux ou d'une Morano, ministres en exercice d'un gouvernement qui tombe le masque. Le Président de la République met aujourd´hui en cohérence ses idées développées dans les discours de Marseille, Toulon et Dakar avec ses actes. C´est tout simplement la réintroduction d´un «Ministère des colonies» qu´il impose à la France. Comme l´ont déclaré les historiens et démographes qui ont démissionné des instances du musée de l´immigration : «Associer immigration et identité nationale, c´est inscrire l´immigration comme « problème pour la France et les Français dans leur être même ». C'est utiliser sans vergogne la technique déjà éprouvée du « bouc émissaire », afin de dresser les gens les uns contre les autres et les détourner des vrais problèmes. C'est aussi permettre à un système toxique de perdurer en privilégiant les véritables responsables de la crise, bénéficiaires d'une mondialisation inhumaine.

Ce Ministère utilise des méthodes dignes du temps des colonies: rafles de sans-papiers, contrôle d´identité au faciès illégaux, contrôle dans les restaurants, les cafés, les épiceries, devant les écoles, dans les hôpitaux, jusqu'aux administrations (centres de Sécurité Sociale, impôts, pôle emploi) cyniquement invitées à la délation. Il organise des centres de rétention surpeuplés avec miradors, barbelés, fouilles, contrôles et vexations. La police expulse des familles arrêtées au petit matin à leur domicile. Au nom de l´identité nationale on démantèle le droit d´asile, on renvoie des Afghans dans un pays en guerre après les avoir traqués, et on casse le droit au regroupement familial. La politique dite de « codéveloppement » n´est qu´un trompe l´oeil permettant la continuation des politiques néo-coloniales. L´« immigration choisie » débouche sur un pillage des cerveaux qui renforce le pillage des ressources naturelles des pays d´émigration, rendu possible par l´usage de la dette et la complicité des dictateurs africains « amis de la France ». Cette grande famille françafricaine sera d'ailleurs au complet pour le défilé du 14 juillet en cette année 2010, cinquantenaire hypocrite des indépendances africaines.

Cette politique anti-immigrés se double d´une stigmatisation et d´une ségrégation des quartiers populaires qu´il s´agit de quadriller à l´aide des BAC et des CRS. Lors des émeutes de novembre 2005, le pouvoir avait même été jusqu´à appliquer de nouveau la loi sur l'état d'urgence utilisée durant la guerre d´Algérie.

Malgré les promesses faites à la suite des mouvements de protestation et de la grève générale contre la « Pwofitasyon », dans les territoires d´outre-mer, les pratiques coloniales perdurent comme le montrent les révoltes sociales actuelles.

Au mois de février le Ministre Besson rendra son rapport sur l´« identité nationale ». A un mois des élections régionales, le pouvoir veut utiliser la haine contre les immigrés et leurs descendants pour siphonner les voix du Front national. Nous devons refuser cette politique qui sème la division et nous appelons à une manifestation pour la suppression du ministère de l´Immigration. ` Cette manifestation est organisée cinq ans après le vote de la loi sur la colonisation positive et dans le cadre de la cinquième semaine anticoloniale du 19 au 28 février 2010

Le 23 février 2005, l´Assemblée nationale votait un amendement qui consacrait « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » alors que pendant plus de quatre siècles le colonialisme français a participé activement à la traite négrière, au pillage et à l'oppression violente de peuples dont elle a pillé les richesses, détruit les cultures, ruiné les traditions, nié l´histoire, effacé la mémoire.

Nous avons fait reculer le pouvoir il y a cinq ans qui a du supprimer l´article 4 de la loi colonialiste du 23 février 2005. Nous pouvons le faire reculer aujourd´hui en exigeant et en obtenant la suppression du Ministère de l´Immigration. Participons à la création d´un ministère de la décolonisation et de l´égalité réelle. Obtenons la régularisation de tous les sans-papiers et le droit de vote des immigrés. Construisons et préparons dès maintenant les changements et propositions permettant de sortir du colonialisme !

Tous ensemble exigeons, la suppression du Ministère de l´immigration et de l´identité nationale !

Tous ensemble pour sortir du colonialisme !

Premiers signataires:

ACCA (Agir Contre le Colonialisme Aujourd´hui), ACTIT, AFASPA, Afriques en lutte, ALBA-France, Les Alternatifs, Alternative libertaire, AMF (association des Marocains en France), ASDHOM, ATMF, ATTAC, Au Nom de la Mémoire, CAAC-Comores, CADTM-France, CCIPPP, CEDETIM, Cercle Bolivarien de Paris, Cercle Frantz Fanon, Conscience Musulmane, Coordination Nationale des Sans Papiers, CMF, CRI (Coordination contre le Racisme et l´Islamophobie), CREF, Droits Devant, El consejo pro-Bolivia, ENAAC, FASE (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique), FCD (Fédération des Congolais de la Diaspora), FETAF, Fondation Frantz Fanon, FTCR, Génération Diversité, Identité Plurielle, Les Indivisibles, Ishtar, Ministère de la Régularisation de Tous les Sans Papiers, Les Oranges, MCD, MJKF, MQJS (Mouvement des Quartiers pour la justice sociale), MRAP, NPA, Association d'Objecteurs de Croissance AdOC, Panthères roses, Peace Breather, PCF, PCOF, Pôle Ethique, Réseau Frantz Fanon International, Respaix Conscience Musulmane (RCM), Réveil des Consciences, Survie, UJFP, Union Syndicale Solidaires, USTKE, Les Verts, La Voie Démocratique, ZEP, 93 au coeur de la République

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 22:36

8 février 2010
Yasmine ZOUAGHI


Les députés algériens veulent une loi

Élus, juristes et historiens s’accordent à exiger de la France de présenter des excuses officielles à l’Algérie.

Ils étaient nombreux hier, à prendre la parole pour défendre bec et ongles, le projet de loi pour la criminalisation du colonialisme français en Algérie.Réunis autour d’une table ronde organisée par le Forum d’El Moudjahid, députés, juristes et historiens ont uni leurs voix pour insister sur la nécessité d’exiger de la France à présenter des excuses officielles à l’Algérie et à indemniser les nombreuses victimes de cette sombre période de l’histoire du pays.Le premier à prendre la parole, était Chenna Ahmed, secrétaire général de l’Académie de la société civile. Il est revenu sur les raisons qui ont incité à l’élaboration de cet instrument législatif, dont le projet a été présenté à l’Assemblée populaire nationale le 13 janvier dernier. «En tant que société civile, nous voulons construire des relations avec le peuple français basées sur le respect mutuel (...) des relations algéro-françaises inscrites dans la durée et sur des bases solides, satisfaisant avant tout le peuple algérien. Des relations sociales, économiques, diplomatiques et politiques dépourvues des blessures du passé» a-t-il argumenté. «Ces relations ne peuvent évoluer qu’après des excuses de la France» a-t-il ajouté.

Il ne s’est pas arrêté là et a renchéri en déclarant qu’«il n’existe aucune loi en Algérie qui criminalise la guerre (...) la loi va développer avec beaucoup d’attention ces termes de criminalité et de guerre en l’absence d’un autre texte qui donne aux citoyens l’opportunité d’engager des poursuites judiciaires». Des députés algériens ont déposé une proposition de loi visant à criminaliser la colonisation française en Algérie. Cette motion a été signée par un groupe de 120 députés de différents partis siégeant à la Chambre haute du Parlement.

Elle est constituée d’une vingtaine d’articles dont la teneur insiste sur la nécessité d’exiger de la France officielle à présenter ses excuses à l’Algérie et à indemniser les victimes de 132 années de colonisation. M. Moussa Abdi, député FLN a également répondu présent pour faire la promotion de cette loi.

Il a expliqué le contenu de ce projet de loi. Il a alors fait savoir que la mouture en question renferme d’importants articles qui définissent d’abord les crimes coloniaux en vertu du droit international.
Le texte stipule également que la France doit reconnaître les crimes qu’elle a commis contre les Algériens au temps de la guerre de libération. Et cela non sans réclamer des indemnisations pour les victimes au cas par cas. Elles devront se faire à travers des réparations morales et financières.

A noter que le secrétaire général de l’instance exécutive du FLN, Abdelaziz Belkhadem fut l’un des premiers à lancer les débats autour de cette question. Il a saisi l’occasion lors d’un conseil national du parti pour réitérer la demande adressée à la France pour reconnaître ses crimes coloniaux en Algérie et à présenter des excuses et à indemniser les victimes.

Il avait en outre, appelé à «l’activation des textes juridiques qui criminalisent l’atteinte à notre histoire et aux symboles et ce à travers la promulgation par le Parlement d’une loi qui incrimine le colonialisme français».

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 22:32

20 février 2010
Laurent D'ERSU
L
a Croix


L’Année de l’Afrique, au programme encore flou, s’ouvre cette semaine par un déplacement de Nicolas Sarkozy au Gabon et au Rwanda. Les déclarations du président de la République sur ce continent sont interprétées comme une absence de ligne directrice.

Nicolas Sarkozy se rend mercredi 24 et jeudi 25 février au Gabon et au Rwanda. « Deux pays où la France s’est illustrée », grince un membre d’une ONG de défense des droits de l’homme. Le choix de ces deux pays illustre le tiraillement de la France face au continent africain. Au Gabon, la tentation que « tout change pour que rien ne change » est incarnée par l’arrivée à la présidence d’Ali Bongo, après 41 années d’accaparement du pouvoir par son père, décédé en 2009. Au Rwanda, où la France s’est fourvoyée en soutenant les futurs artisans du génocide de 1994, la volonté de renouer avec un pays stratégique d’Afrique centrale, qui n’appartient pas à sa zone d’influence traditionnelle.

Sans mettre en œuvre la « rupture » promise durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy a engagé des réformes maintes fois repoussées, comme la révision des accords de défense liant la France à ses anciennes colonies, ou la réduction du nombre de bases militaires sur le continent. Mais, à l’instar de ses prédécesseurs, il a maintenu le soutien inconditionnel à des régimes antidémocratiques, au Tchad, au Congo ou au Gabon.

Le très critiqué « discours de Dakar » prononcé en 2007, contrebalancé un an plus tard par le « discours du Cap », a mis en lumière ce que maints observateurs ont interprété comme une absence de ligne directrice. « Je ne comprends pas l’absence de travail interministériel sur l’Afrique, déclare un conseiller ministériel. Le secrétaire général de l’Élysée est devenu le conseiller Afrique et le conseiller Afrique joue le rôle du directeur Afrique du Quai d’Orsay. »

La doctrine voulant que la France se contente d’accompagner

L’implication personnelle de Claude Guéant a été prépondérante dans plusieurs dossiers africains, crises à Madagascar et en Guinée, relations diplomatiques avec le Rwanda, maintien du dialogue avec l’Angola malgré l’Angolagate. Dans bien des cas, l’avocat Robert Bourgi, fils spirituel de Jacques Foccart, est aussi à la manœuvre, sans que l’on distingue toujours si c’est pour le compte de ses clients privés ou de la diplomatie élyséenne.

Confrontée à la multiplication des crises politiques dans son pré carré, la France s’est ouvertement réinvestie dans leur gestion «en direct ». La mort d’Omar Bongo, mentor de Nicolas Sarkozy sur les questions africaines, et la retraite de plusieurs chefs d’État jouant volontiers les médiateurs, le Sud, Africain Thabo Mbeki, le Nigérian Olusegun Obasanjo ou le Ghanéen John Kufuor, a fait du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, un médiateur apprécié par les Occidentaux.

La doctrine voulant que les dirigeants africains gèrent les crises du continent et que la France se contente d’accompagner, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, « a atteint ses limites », estime un responsable français, qui « espère que ce ne sera que conjoncturel ». « Les États-Unis se sont résolus au même réengagement, notamment à l’occasion de la crise en Guinée, remarque le même interlocuteur. Quant à l’Union européenne, son intérêt pour l’Afrique est croissant, mais il croît lentement. »

Tout juste sait-on qu’un sommet Afrique-France aura lieu fin mai

La réforme de l’aide publique au développement s’est poursuivie, au détriment de l’Afrique. Selon les statistiques du Comité d’aide au développement de l’OCDE, l’aide bilatérale française en direction du continent a diminué de 35 % entre 2006 et 2008. Une baisse en partie contrebalancée par l’engagement français auprès d’organismes multilatéraux tels que le Fonds européen de développement ou le Fonds mondial de lutte contre le sida, qui reste important.

Après avoir constitué près de 40 % des échanges commerciaux français dans les années 1960, l’Afrique n’en représente plus qu’environ 2 %. Elle reste néanmoins une source de matières premières et un marché stratégique pour certaines entreprises françaises. Et il y a le passé commun, que Paris semble mal à l’aise de célébrer.

Alors que 2010 était annoncée par Nicolas Sarkozy comme «l’Année de l’Afrique », parsemée de « nombreuses manifestations » dont l’organisation a été confiée à Jacques Toubon, son budget, et donc son programme, n’était pas fixé à la mi-février. Tout juste sait-on qu’un sommet Afrique-France aura lieu fin mai, et que des troupes africaines participeront au défilé du 14-Juillet sur les Champs-Élysées.

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 15:50

19 février 2010
AFP


Niger : l'UE condamne le coup d'Etat, appelle à un "processus démocratique"

Le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a condamné vendredi le coup d'Etat militaire au Niger et a appelé "tous les acteurs impliqués à s'engager immédiatement dans un processus démocratique" en vue d'établir un "ordre constitutionnel" dans le pays.

Mme Ashton "suit de près la crise politique au Niger", a précisé son porte-parole, Lutz Güllner.

"L'UE partage l'inquiétude de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à propos des événements récents et soutient leurs efforts de médiation", poursuit M. Güllner dans un communiqué.

L'armée a pris le pouvoir jeudi au Niger, déposant le président Mamadou Tandja et déclarant le gouvernement "dissous". La Cédéao a condamné les événements au Niger et exprimé "sa profonde préoccupation".


Note de Juliette: L'opposition globale de la communauté internationale au coup de force contre le violeur de la Constitution de la république du Niger, prouve très clairement , une fois de plus, que l'Occident n'a absolument aucun intérêt pour le sort du peuple du Niger, et pour les peuples d'Afrique. Lorsque Tandja se moquait du peuple en prolongeant son mandat illégalement, personne n'a protesté!! L'uranium était en sécurité, c'était pour cela... Et la CEDEAO, on le sait depuis longtemps, soutenant copieusement les fraudes électorales partout, est bel et bien le valet à la botte de l'Occident.

Le coup d'Etat met en péril les contrats miniers, donc l'angoisse et la désapprobation s'installe en Occident ... On a peur de l'Iran, et on se rabat sur le Niger, 3ème producteur mondial d'uranium alors que le pays est dans les lanternes rouges en terme de développement humain! Et en même temps on va jouer les héros humanitaire en Haiti!

Décidément, l'Occident est d'un cynisme et d'une hypocrisie inqualifiable.

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 12:37

16 février 2010
Odile Tobner

A partir du XVIe siècle l’Europe occidentale lance à son profit la mondialisation. Ses vaisseaux sillonnent bientôt toutes les mers du globe. Elle s’empare de l’Amérique, puise des esclaves en Afrique pendant quatre siècles, avant de s’emparer des territoires africains à la fin du XIXe siècle. Cette histoire de l’Afrique est encore aujourd’hui enseignée à partir de la vision du seul conquérant, présenté comme donnant naissance à « toute une partie de la planète qui n’existait pas jusque là », simplement parce qu’elle n’existait pas pour les Européens. L’histoire précolombienne en Amérique, l’histoire précoloniale en Afrique, sont des appendices de la préhistoire, traitées par les anthropologues et les ethnologues avec une suffisance paternaliste.

Au XXe siècle, au faîte de sa puissance, l’Europe se dévore elle-même en deux guerres mondiales abominables qui sonneront le glas de sa prééminence. La colonie anglo-américaine, qui s’était précocement détachée de la métropole à la fin du XVIIIe siècle, prend au XXe siècle le relais de la puissance européenne dans la domination mondiale, tandis que l’appendice eurasiatique des empires russe et chinois résiste à l’abri du socialisme.

À l’issue de la deuxième guerre mondiale les grands empires coloniaux sont ébranlés. L’implosion de l’Europe autour du noyau dur allemand a été à l’origine de la grande recomposition de la seconde moitié du XXe siècle. L’émancipation des colonies se fait sur fond d’affrontement idéologique et impérialiste Est Ouest. Le feu des guerres coloniales embrase ce qu’on appelle désormais le Tiers Monde.

En France, au mythe de la colonisation civilisatrice succède celui de la décolonisation pacifique

L’exaltation et l’orgueil nationaux survivent à l’échec de l’une et de l’autre, dans un effort de dissimulation pathétique, qui nous vaut à l’heure actuelle des débats aussi anachroniques que celui sur l’identité française, au lieu d’effectuer une radicale et salutaire clarification de l’histoire entre vainqueurs et vaincus destinés, paraît-il, à cohabiter dans l’égalité. Nous en sommes loin. Le geste magistral et profanatoire de Cheikh Anta Diop, reprenant possession de l’histoire de son continent, dès les années cinquante, a été puni d’un ostracisme résolu et persistant. L’histoire doit toujours être faite par les anciens maîtres, qui entendent le rester coûte que coûte.

Le fameux discours de Brazzaville du général de Gaulle, le 30 janvier 1944, s’en tient seulement à proposer une adaptation de la domination. Avec la conviction d’une grande magnanimité il préconise d’admettre l’indigène à partager son propre gouvernement. Après la deuxième guerre mondiale, le gouvernement provisoire de la France, par une ordonnance du 22 août 1945, établit que les élections auront lieu dans l’Empire français au double collège, celui des citoyens, français métropolitains, et celui des autochtones. En avril 1946 l’assemblée constituante abolit le code de l’indigénat avec le travail forcé et la justice indigène spéciale. La loi Lamine Gueye accorde théoriquement la citoyenneté aux habitants des colonies. La constitution de la IVe république, ratifiée le 27 octobre 1946, institue l’Union Française, qui remplace l’Empire français. Les anciennes colonies deviennent des territoires ou des départements d’Outre Mer. Les anciennes colonies allemandes sous mandat de l’ONU, Togo et Cameroun, sont intégrées à l’Union française. Mais les massacres de Sétif le 8 mai 1945, le jour même de la capitulation de l’Allemagne, la répression de l’insurrection de Madagascar en 1947 puis le déchaînement des terribles conflits indochinois, de 1946 à 1954, et algérien, de 1954 à 1962, montrent la réalité et la détermination de l’ambition impériale qui subsiste intacte sur le fond.

Les aspirations des colonisés à une légitime émancipation ont toujours été considérées comme des agressions injustifiées contre la puissance française

Traque des syndicalistes, poursuites contre les nationalistes autochtones, interdictions des partis et des publications anticolonialistes sont le pain quotidien des futures ex-colonies. Les concessions sont accordées chichement. En 1956 la loi Defferre, du nom du ministre de l’Outre-Mer, dite aussi loi-cadre parce qu’elle n’édicte rien mais laisse toute latitude au gouvernement de légiférer par décrets, met en place, un semblant d’autonomie.

De Gaulle, arrivé au pouvoir en mai 1958, propose au référendum, en octobre 1958, la constitution de la Ve république prévoyant, dans son titre XIII, une structure rassemblant la France et ses anciennes colonies dans une Communauté qui se substitue à l’Union française. Seule la Guinée, sous l’impulsion de Sékou Touré, répond « non » à ce référendum et accède immédiatement à l’indépendance. La communauté sera éphémère. En 1960 la nécessité d’une indépendance nominale pour les anciennes colonies s’impose. Le tour de passe-passe gaulliste consiste à prendre la tête d’un mouvement inévitable et à instituer des indépendances telles que la souveraineté politique, économique et militaire de la France demeure sur ses anciennes colonies. Les conseillers français sont présents partout. Le Franc de la Communauté Française d’Afrique est géré par le Trésor français, l’armée française est garante de l’ordre dans les nouveaux Etats. La nouvelle situation présente même bien des avantages en faisant faire à la France l’économie de l’administration coloniale tandis que les instruments de l’exploitation restent intacts. L’accès aux matières premières et l’alignement diplomatique sont garantis. Tous les contrevenants seront punis par des coups d’État ou des assassinats, alors que les fidèles seront défendus contre les mouvements populaires. L’histoire de la Françafrique à la Foccart s’ouvre pour un demi-siècle.

Un simple rappel des faits permet de réfuter le tableau officiel idyllique de l’accès à l’indépendance des pays subsahariens, tel qu’il est peint par Jacques Toubon : « Une décolonisation réussie, parce que c’est une décolonisation qui s’est faite par consentement mutuel, la volonté de ces pays de ces territoires, après la loi cadre de 1957, après la marche vers l’autonomie de 1958, après la constitution que le général de Gaulle a fait adopter en 1958, d’accéder à l’indépendance pleine et entière d’états souverains, secondés par la France, à ce moment-là, et soutenus par elle tout au long de ces 50 années ». La réalité est tout autre et le résultat de cette collaboration est hélas très visible.

1er janvier 1960, l’indépendance du Cameroun est proclamée

Le premier président est Ahmadou Ahidjo, qui avait été ministre de l’intérieur puis premier ministre sous le régime d’autonomie interne instauré en 1956. Installé au pouvoir par le gouverneur Jean Ramadier, il conduisit la répression contre l’UPC, parti indépendantiste, traduite par une guerre féroce, avant et après l’indépendance, avec un corps expéditionnaire français, de 1956 à 1971, qui fit plusieurs centaines de milliers de morts. Ahidjo quitte le pouvoir en 1982 en faveur de son premier ministre Paul Biya qui s’est succédé à lui-même depuis en réprimant dans le sang une tentative de coup d’Etat militaire, en 1984, et plusieurs mouvements de revendications populaires, en 1992 et en 2008.

27 avril 1960, le Togo accède à l’indépendance

En 1958 le parti indépendantiste avait remporté les élections. Son leader Sylvanus Olympio devient le premier président. Il est renversé et assassiné dans un coup d’Etat le 13 janvier 1963. Nicolas Grunitzky lui succède, sera lui-même chassé en 1967 et mourra dans un accident à Paris en 1969. L’artisan des coups d’Etat de 63 et 67, l’ex sergent de l’armée française Gnassingbé Eyadema prend le pouvoir, instaure un parti unique le RPT et réprime toute opposition. Il reste au pouvoir jusqu’à sa mort le 5 février 2005. Son fils Faure Gnassingbé lui a succédé lors d’une élection contestée qui a provoqué des dizaines de morts.

26 juin 1960, la république de Madagascar est instaurée

La grande révolte de mars 1947, écrasée dans le sang de dizaines de milliers de Malgaches, a durablement marqué les esprits. Le premier président Philibert Tsiranana, protégé de la France ne surmontera pas l’hostilité de la population et quitte le pouvoir en 1972 en faveur d’un militaire chargé de faire l’Union nationale. En 1975, après l’assassinat du populaire général Rasimandrava, le capitaine de corvette Didier Ratsiraka instaure un régime autoritaire se disant révolutionnaire, à la fois pro soviétique et non aligné. Il se maintient jusqu’en 1993. Après un intermède parlementaire jusqu’en 1996, Ratsiraka est réélu. En décembre 2001 Marc Ravalomanana l’emporte mais ne peut faire reconnaître sa victoire qu’en juillet 2002, après six mois de manifestations populaires. Réélu en décembre 2006, Ravalomanana se heurte en 2008 à l’opposition du maire de Tananarive. Il est contraint à quitter le pouvoir qui est confié à un comité militaire.

1er août 1960 : Le Dahomey devient indépendant

Hubert Maga est son premier président. Il est poussé à démissionner en 1963 par le colonel Christophe Soglo, qui le remplace d’abord par Sourou Migan Apithy et prend le pouvoir lui-même en 1965 jusqu’en 1967. Alphonse Amadou Alley, Emile Derlin Zinsou, Paul-Emile De Souza se succèdent au pouvoir. Hubert Maga revient de 1970 à 1972. Le capitaine Mathieu Kérékou prend alors le pouvoir et engage le régime dans la voie marxiste. En 1975 le Dahomey devient le Bénin. Kérékou échappe à plusieurs tentatives de coup d’Etat mais ne tombe jamais dans la répression. En 1977 un débarquement de mercenaires menés par Bob Dénard, parti du Gabon pour renverser le régime échoue. En 1990 le Bénin est le premier pays à organiser une conférence nationale. En 1991 Nicéphore Soglo est élu président. Mathieu Kérékou revient au pouvoir en 1996, est réélu en 2001. En 2006 c’est l’économiste Yayi Boni qui gagne l’élection présidentielle. Le Bénin, pauvre en ressources, a, semble-t-il évolué de façon relativement autonome.

3 août 1960 : Le Niger devient indépendant

Il est présidé de 1960 à 1974 par Hamani Diori, un des fondateurs de la francophonie. En 1970 on découvre l’importance des gisements d’uranium au Niger. La COGEMA française, devenue AREVA les exploite à partir de 1971. En 1974 Hamani Diori veut indexer le cours de l’uranium sur celui du pétrole. Un ancien sergent de l’armée française Seyni Kountché, le chasse par un coup d’Etat le 15 avril 1974 et demeure au pouvoir jusqu’à sa mort en 1987. Après des progrès démocratiques dans les années 90, l’actuel président Mamadou Tanja vient de créer une crise politique en changeant les institutions pour se maintenir au pouvoir.

5 août 1960 : La Haute Volta, cette région qui avait fait partie de la Côte d’Ivoire puis en avait été séparée, accède à l’indépendance

Le premier président Maurice Ouédraogo s’associe, dans le Conseil de l’Entente, à la Côte d’Ivoire au Dahomey et au Niger. En 1966 le colonel Sangoulé Laminaza prend le pouvoir et s’y installe comme président jusqu’au coup d’Etat du colonel Saye Zerbo en novembre 1980. En septembre 81 le capitaine Thomas Sankara devient secrétaire d’Etat chargé de l’information. Il démissionne en 82. Le 7 novembre 82 le médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo prend le pouvoir. Le très populaire Sankara devient premier ministre en janvier 83. Il est arrêté en mai. Libéré sous la pression populaire il proclame le CNR (Conseil National de la Révolution le 4 août 1983. Le 4 août 84 le pays devient le Burkina Faso. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné. Blaise Compaoré prend le pouvoir, qu’il détient toujours. Le pays est avant-dernier mondial à l’indice de développement humain.

7 août 1960 : La Côte d’Ivoire devient indépendante

Son histoire est marquée, avant et après l’indépendance, par la personnalité de Félix Houphouët Boigny. Anticolonialiste dans sa jeunesse militante, Houphouët devint le plus francophile des dirigeants africains. Sa longue présidence de la Côte d’Ivoire, de 60 jusqu’à sa mort en 1993, ne fut pas tout à fait paisible. Il réprima de nombreuses contestations intérieures, ourdit plusieurs complots contre des dirigeants africains, tels que Sékou Touré, Kwame N’krumah et passe pour avoir fomenté l’assassinat de Thomas Sankara. Il soutint la sécession désastreuse du Biafra, le coup de force raté contre le Bénin progressiste et entretint des relations avec l’Afrique du sud raciste dont il reçut les dirigeants. Le fameux « miracle ivoirien » de l’explosion économique se révéla un trompe l’œil, avec une croissance sans développement, profitable aux seuls capitaux étrangers. Le règne de ce partisan de l’ordre se termina dans le scandale et le chaos. Il laissa une fortune personnelle colossale et un État fragile. Son successeur Konan Bédié fut chassé par le général Robert Gueï. Les élections qui suivirent mirent au pouvoir l’opposant Laurent Gbagbo. La crise politico-militaire de 2002, avec la tentative de coup d’État, la partition de la Côte d’ivoire et l’intervention de l’ONU, n’est toujours pas résolue. Le pari sur l’avenir qu’on dit avoir été lancé par Houphouët à N’krumah en 1958 – l’un choisissant une pleine indépendance, l’autre la coopération avec la France – a été largement gagné par le Ghana. Dans le dernier classement selon l’indice de développement humain fait par l’ONU, la Côte d’Ivoire est 166e sur 177 et le Ghana 135e.

11 août 1960 : Le Tchad accède à l’indépendance sous la présidence de François Tombalbaye, cornaqué par le Commandant français Gourvenec qui s’occupe de sa sécurité

Le Dr Outel Bono, opposant, sera assassiné en France en août 1973. Tombalbaye sera lui-même assassiné en 1975. Le général Malloum lui succède avant que le rebelle nordiste Goukouni Oueddei ne prenne le pouvoir en 1979 avec l’aide des Libyens. Ce dernier est renversé à son tour en 1982 par l’ex-rebelle Hissène Habré aidé par les Français. En 1990 Idriss Déby, adjoint de Hissène Habré, le supplante au pouvoir, qu’il a gardé depuis. La France a toujours été militairement présente au Tchad, où elle possède une base à l’aéroport de Ndjaména, anciennement Fort-Lamy. Peu peuplé, avec moins de 10 habitants au km2, le Tchad bénéficie depuis 2003 d’une rente pétrolière considérable. Il n’en reste pas moins placé 170e sur 177 à l’indice de développement humain en 2008.

13 août 1960 : La République Centrafricaine, ancien Oubangui Chari à l’époque coloniale devient indépendante

Un an avant l’homme politique exceptionnel qu’était Barthélémy Boganda, qui conduisait le pays, était mort dans un accident d’avion. David Dacko lui succède. Il est renversé en 1965 par le capitaine Jean-Bedel Bokassa, ancien officier de l’armée française qui imposera un régime extravagant et sanguinaire jusqu’en 1979, où il est évincé par les services français eux-mêmes, qui ramènent David Dacko. En 1982 ce dernier est chassé du pouvoir par le général André Kolingba. En 1993 Ange-Félix Patassé remporte la première élection multipartite. Il est renversé par un coup d’Etat du général Bozizé en 2003. Comme au Tchad la présence militaire française a été constante et reste déterminante. L’État centrafricain est lui en totale déréliction.

15 août 1960 : Le Congo-Brazzaville devient indépendant, sous la présidence de l’abbé Fulbert Youlou, soutenu par le colonat local et par l’armée française

Les 13, 14 et 15 août 1963 des manifestations populaires, protestant contre la corruption du régime, le poussent à la démission. De Gaulle n’ayant guère de sympathie pour ce prêtre défroqué et polygame la France n’intervient pas. Alphonse Massamba Debat, réputé pour son intégrité est élu président. Il gouverne jusqu’en septembre 1968 où il est renversé par le commandant Marien Ngouabi qui établit un régime marxiste et un parti unique le PCT (Parti Congolais du Travail) jusqu’à son assassinat en 1977. Peu après l’ancien président Massamba Debat est arrêté et exécuté. La présidence du comité militaire est assurée par le général Yhombi Opango. Le 8 février 1979 le comité central du PCT dissout le comité militaire et nomme le colonel Denis Sassou Nguesso président du parti et du pays. En 1990 le pays prend le tournant du multipartisme. L’élection présidentielle qui suit, en 1992, est remportée par Pascal Lissouba. Mais le pays est livré aux milices. La guerre civile fait rage en 1997 et Sassou Nguesso remporte la victoire par les armes contre l’État légal. Il se proclame président le 25 octobre 1997. Il a depuis conservé le pouvoir. La politique congolaise est dominée par l’exploitation du pétrole, découvert en 1970, exploité depuis 1972, essentiel depuis 1974. L’ascension de Denis Sassou Nguesso, dans l’ombre de Marien Ngouabi, suit la même courbe.

17 août 1960 : Le Gabon accède à l’indépendance présidé par Léon Mba, mis en place par les forestiers français

L’armée française le rétablit au pouvoir lorsqu’en 1964 il est chassé par Jean-Hilaire Aubame. Aucun pays n’a été aussi directement lié à Paris qui en a fait sa base africaine d’intervention. Second du pouvoir dès 1965, Albert Bongo succède à Léon Mba en 1967 et conserve le pouvoir jusqu’à sa mort à Barcelone le 8 juin 2009. Il a su corrompre ses opposants mais le plus valeureux, Germain Mba, a été assassiné en 1971. Le fils de Bongo, Ali Bongo, vient de lui succéder dans une élection douteuse. Depuis les années 70 le pétrole représente l’essentiel de l’économie gabonaise. La rente pétrolière n’a pas servi au développement du pays qui est resté sans infrastructures ni équipements, mais à l’enrichissement du clan Bongo et des ses alliés français, hommes politiques et hommes d’affaires.

20 août 1960 : Le Sénégal proclame son indépendance

La fédération du Mali, formée du Sénégal, du Soudan français, n’aura duré que quelques mois, après que la Haute-Volta et le Dahomey l’ont quittée dès ses premiers jours, sabotée, dit-on, par Houphouët Boigny. Le président est Léopold Sédar Senghor, écrivain, très attaché à la France, père de l’institution de la francophonie. Il réprimera durement des mouvements étudiants et syndicaux. L’assassinat du brillant Omar Diop Blondin en prison entache son pouvoir. Senghor démissionne en 1980 au profit de son premier ministre Abdou Diouf. Ce dernier est président jusqu’en 2000, où il est battu à l’élection présidentielle par Abdoulaye Wade.

22 septembre 1960 : L’ancien Soudan français devient indépendant sous le nom de l’ancien empire du Mali

Il est dirigé par Modibo Keita, homme politique progressiste et panafricain, un des pères de l’OUA en 1963. Celui-ci est renversé par un coup d’Etat militaire en 1968, par le général Moussa Traoré qui impose une dictature féroce. En 1977 Modibo Keita meurt en détention de façon suspecte. En 1992 après la répression sanglante de la revendication de démocratisation, un coup d’Etat militaire mené par le colonel Amadou Toumani Touré le chasse et organise la première élection multipartite remportée par Alpha Oumar Konaré, réélu en 2007. Amadou Toumani Touré lui succède en 2002 et est réélu en 2007.

28 novembre 1960 : La Mauritanie accède à l’indépendance

Le premier président est l’avocat Moktar Ould Daddah. Il mène une politique d’indépendance nationale, créant une monnaie, l’ouguiya, dénonçant les accords avec la France, nationalisant la Miferma société d’exploitation des mines de fer. La guerre contre le front Polisario, qui revendique l’indépendance du Sahara occidental, mine le régime qui est renversé en 1978 par un coup d’Etat militaire. Le comité militaire qui lui succède prend fin en 1984 avec la prise de pouvoir du colonel Ould Taya. En 1989 les violences contre les négro-mauritaniens se déchaînent. Plus de 120 000 sont déportés au Sénégal. En 2005 Ould Taya est chassé du pouvoir par un putsch militaire mené par le colonel Ely Ould Vall. L’élection présidentielle de 2007 est remportée par Ould Cheikh Abdallahi. Le 6 août 2008 un coup d’Etat porte au pouvoir le général Ould Abdel Aziz.

Sur ces 14 pays, 5 figurent dans les dix derniers au classement mondial de l’indice de développement humain. Ce sont le Tchad, la Centrafrique, le Mali, le Niger et le Burkina-Faso. Pour la Centrafrique et le Niger cette place est scandaleuse au regard des immenses richesses qui ont été exploitées sur leur territoire. Les pays qui comparativement sont mieux classés sont ceux qui se sont le plus affranchis, économiquement et politiquement, du lien néocolonial. La Mauritanie, pays désertique est 137e sur 177. Le Bénin, sans autre ressource que le coton est 163e.

Le mythe de la tranquillité est contredit par les répressions et les assassinats qui ont sévi dans des pays dits stables ; celui de la croissance est contredit par l’absence générale de développement qui frappe plus particulièrement les pays d’Afrique sahélienne et équatoriale francophones. Politiquement le respect de la démocratie est un échec presque partout et surtout dans les pays riches en ressources, où chaque élection constitue un scandale par un mépris absolu des règles élémentaires d’un scrutin honnête. Pour la plupart de ces pays le cinquantenaire de l’indépendance peut se résumer en cinquante ans pour rien, sinon l’enfoncement dans la misère. Il n’y a pas là de quoi pavoiser.

L’Afrique du XXIe siècle reste ce qu’elle a toujours été pour l’Europe – sauf qu’elle l’est aussi maintenant en plus pour le reste de la planète : tats-Unis, tats émergents, Chine – un réservoir de richesses. Ce qui est convoité ce sont les matières premières, mais aussi les terres et les hommes pour les travailler. Le sort de l’Afrique, comme au temps de la conférence de Berlin, est décidé dans les institutions internationales, financières et commerciales, avec leurs puissants acteurs. Le même dépeçage est fait par les multinationales qui se répartissent l’exploitation des ressources et la gestion des équipements. On ne voit pas pour l’instant où pourrait bien être le point d’appui pour le levier qui soulèverait le poids de d’une oppression aux multiples chaînes, idéologiques, religieuses, économiques et libérerait le géant ligoté. On sent seulement comme une fermentation sourde qui court souterrainement et éclate ça et là en révoltes sans lendemain ou en luttes fratricides. Un jour, qu’on espère proche, l’indépendance ne sera plus un vain mot mais une décision des peuples d’exercer enfin leur puissance et leur souveraineté.

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Textes De Juliette