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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 01:03

29 décembre 2009
Louisa Aït Hamadouche
La Tribune

Jusqu'au dernier jour de cette fin d'année 2009, les experts et les observateurs de la situation politique en Afrique continueront de compter. Compter les coups de force menés dans une Afrique décidément toujours aussi mal gouvernée.
Le dernier coup d'Etat militaire en date sur le continent africain s'est produit en Guinée, le 23 décembre dernier. Après la mort du président Lansana Conté qui avait dirigé le pays durant 24 ans. Ce coup d'Etat vient rallonger la liste déjà longue des coups d'Etat et tentatives de coup d'Etat en Afrique.

Définitions

Qu'est-ce qu'un coup d'Etat ? Il s'agit d'une forme de violence politique dont la définition basique consiste à évoquer une «prise du pouvoir de façon violente et illégale». On parle souvent de putsch, ce mot est d'origine suisse allemande, pour évoquer un changement de pouvoir soudain, imposé par surprise, par une minorité utilisant la force.

Paul Leroy estime qu'il s'agit d'un «changement de gouvernement opéré hors des procédures constitutionnelles en vigueur par une action entreprise au sein même de l'Etat au niveau de ses dirigeants ou de ses agents. Cette action [...] est soudaine et sollicite généralement la force». Jean-Pierre Pabanel définit le coup d'Etat militaire comme une «pratique volontaire et consciente de l'armée ou d'une partie de celle-ci pour s'emparer des institutions étatiques et occuper le pouvoir d'Etat». Même constat chez Issaka Souare qui parle d'«une saisie illégale au plus haut niveau de l'autorité d'un Etat par un nombre restreint des officiers militaires dans une opération discrète qui ne dépasse pas quelques jours».

Durant ce court laps de temps, les putschistes s'emparent des organes centraux de l'Etat (bâtiments publics, moyens de communication), occupent leurs lieux de fonctionnement qui sont aussi les lieux symboliques du pouvoir (siège de la radio, de la télévision) et procèdent à l'arrestation des gouvernants. Très vite, ils tentent de légaliser leur opération à travers une couverture idéologique ou légale, en adoptant une nouvelle Constitution, par exemple.

Il n'est pas inutile de différencier le coup d'Etat de certaines autres formes de violence avec lesquelles une confusion peut se produire. Ainsi, contrairement à un acte de rébellion, par exemple, le coup d'Etat est limité dans le temps. Il se caractérise par sa soudaineté et sa brièveté. Par ailleurs, et contrairement à une insurrection, le coup d'Etat doit être discret et implique par conséquent un nombre réduit d'acteurs. D'ailleurs, le secret, non seulement vis-à-vis de l'extérieur mais aussi vis-à-vis des autres comploteurs, constitue la première arme des putschistes.

Caractéristiques générales

En Afrique, le coup d'Etat est un mode presque classique d'accession au pouvoir. Komi Tsakadi en fait un inventaire rapide et explicite. Il apparaît qu'entre 1960 et 1990, la seule forme de prise de pouvoir dans les pays africains était le coup d'Etat : 267 coups d'Etat ou tentatives de coups d'Etat ont été dénombrés. Ce qui fait une moyenne de 9 coups d'Etat ou tentatives de coup d'Etat par an. L'adoption, dans les années 1990, de Constitutions instituant le multipartisme a-t-elle changé la situation ? Les coups d'Etat sont moins nombreux, mais sont loin d'avoir disparu. La moyenne est tombée à au moins 3 coups d'Etat ou tentatives de coup d'Etat depuis 1990. Le président du Réseau d'appui des journalistes à l'intégration africaine (RAJIA), Aristide Kouassi Koffi, affirme quant à lui que le continent africain a connu 74 coups d'Etat de 1960 à 2008 dont 45 en Afrique francophone et 19 en Afrique anglophone. Ce qui fait une moyenne de 1,5 coup d'Etat par an. Cela signifie également que 50% des coups d'Etat parviennent à faire tomber le régime en place et à le remplacer par un autre.

Même si un coup d'Etat n'est pas un conflit, un lien de cause à effet entre les deux phénomènes est loin d'être rare. D'ailleurs, entre 1960 et 2008, l'Afrique a connu 35 conflits armés, 12 en Afrique francophone et 17 en Afrique anglophone. Le président du RAJIA précise également que l'Afrique lusophone, hispanophone et arabe a aussi connu son lot de coups d'Etat et de guerres civiles avec une proportion plus faible que celle des pays francophones et anglophones, à savoir 10 coups d'Etat et 6 conflits armés.

Pourquoi l'Afrique est-elle un terrain aussi propice aux coups d'Etat ? Les experts évoquent les causes sociopolitiques et la faible culture politique qui font que les militaires interviennent dans les affaires politiques.
A cela, il faudrait ajouter l'influence importante d'acteurs externes, notamment des partenaires économiques et politiques dont la neutralité négative est une forme de quitus.

Par ailleurs, les mesures prises manquent manifestement d'efficacité car elles ne prévoient aucune sanction contre ceux qui contreviennent à ces résolutions. Face à cet constat amer , le 35e sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) d'Alger, en juillet 1999, a adopté une déclaration condamnant l'usage du coup d'Etat comme mode d'accession de pouvoir. Cette résolution n'a pas eu d'effet spectaculaire. Ainsi, l'Union africaine condamne-t-elle les violations faites à l'ordre constitutionnel, mais ne prévoit aucune sanction contre ceux qui instrumentalisent les Constitutions pour faire des coups d'Etat constitutionnels ou contre ceux qui soutiennent les juntes militaires au pouvoir.

Les modèles de coups d'Etat dans le Sahel

Les pays du Sahel et ceux qui sont limitrophes connaissent des coups d'Etat dont les auteurs ont à coeur de ne pas laisser perpétuer l'image négative d'une prise (ou maintien) de pouvoir par la force. Ces coups d'Etat se produisent, soit de la façon classique, décrite plus haut, soit par la manipulation de la Constitution afin de faire sauter les verrous qui garantissent l'alternance. Citons deux exemples.

Après 11 mois de régime militaire, les Mauritaniens étaient appelés aux urnes le 19 juillet 2009 pour élire leur président. Le processus électoral fut enclenché par l'ancien chef de la junte militaire, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui avait pris le pouvoir en août 2008 à la suite d'un coup d'Etat ayant renversé le premier président de la Mauritanie élu démocratiquement. Populiste, la campagne du vainqueur sans surprise était essentiellement basée sur la volonté d'éradiquer la corruption et la pauvreté, alors que celle de son principal rival tablait notamment sur la nécessité de «construire la Mauritanie de la justice, de l'égalité, de la tolérance et des valeurs».

Dénoncés par l'opposition comme étant entachés de fraudes, les résultats du scrutin confirment la victoire du général Ould Abdel Aziz, avec 52,58% des voix. Le principal leader de l'opposition, Ahmed Ould Daddah, le chef du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), a obtenu pour sa part 13,8% des suffrages. Le président du RFD a affirmé que les résultats de l'élection étaient un «nouveau coup d'Etat». D'un autre côté, Muna Abdalla, chercheuse à l'Institut d'études de sécurité en Afrique, affirme que les résultats de l'élection révèlent l'absence d'une réelle d'opposition face au général Abdel Aziz. D'ailleurs, quatre des neuf candidats à la présidentielle ont reconnu la victoire d'Ould Abdel Aziz. Depuis son indépendance en 1960, la Mauritanie a été essentiellement gouvernée par des militaires.

Le second exemple est celui du Niger. Mamadou Tandja a imposé -il est vrai par référendum- une nouvelle Constitution qui lui permet de prolonger son mandat présidentiel et de parachever ce qu'on appelle, désormais, un coup d'Etat constitutionnel. Un référendum tenu après l'avis défavorable du 25 mai 2009 donné par la Cour constitutionnelle quant à la légalité d'une telle consultation. Dans la foulée, il a dissous l'Assemblée nationale. Face à l'impasse juridique et au blocage institutionnel, Tanja s'est octroyé les pleins pouvoirs le 26 juin, en se référant à l'article 58 de la Constitution qui permet au Président, lorsque «l'indépendance de la République est menacée», de gouverner par le biais d'ordonnances et de décrets. Le recours à ce subterfuge a fait des émules en Tunisie (2002), en Guinée (2002), au Togo (2003), au Gabon (2003), au Tchad (2005), au Cameroun (2008), en Algérie (2008) et au Niger (2009).

LA situation actuelle au Niger n'est pas surprenante dans le sens où ce pays a déjà connu un coup d'Etat le 9 avril 1999 et une tentative de coup d'Etat en août 2002. Plus tôt, en 1999, Daouda Malam Wanké renversait Ibrahim Baré Maïnassara, en 1996, Ibrahim Baré Maïnassara renversait Mahamane Ousmane et en 1974, Seyni Kountché faisait tomber Hamani Diori.

Le caractère déterminant de l'élément extérieur

Un coup d'Etat peut fonctionner ou être déjoué en fonction de la position des Etats voisins et de celle des grandes puissances. C'est un constat empirique.

Les Etats-Unis ont pris des sanctions contre Madagascar, la Guinée et le Niger qui sont supprimés de la liste des pays pouvant bénéficier de l'AGOA, la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique. Concernant le Niger, le gouvernement américain a annoncé que, face au refus du président Mamadou Tandja de quitter le pouvoir à la fin de son deuxième mandat, les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur aide non humanitaire. De même, l'aide -23 millions de dollars- liée au programme d'assistance à la bonne gouvernance, a été suspendue. Des restrictions sur les déplacements de certains membres du gouvernement nigérien et d'autres individus qui soutiennent des politiques ou actes qui empêchent le retour à la légalité constitutionnelle ont été imposées également. Madagascar et la Guinée font, eux aussi, les frais de leurs crises politiques respectives. C'est un coup dur pour la Grande Ile, qui réalise 85% de ses exportations textiles vers l'Amérique.

Pour sa part, la Mauritanie voit ses efforts de normalisation de la vie politique récompensés. Ces pressions restent peu contraignantes et n'ont pas d'impact sur la réalité politique du pouvoir issu d'un putsch. Mais ce n'est pas toujours le cas. Amègnihoué Houndji rappelle qu'en juillet 2003, le président Fradique de Menezes avait retrouvé son poste abandonné sous la contrainte des armes une semaine plus tôt (le 16 juillet 2003). Les militaires ont plié à la suite d'intenses activités diplomatiques, de condamnations tous azimuts (du Portugal, l'ancienne puissance coloniale, du président mozambicain, Joaquim Chissano, président en exercice de l'Union africaine, du Nigeria alors dirigé par Olusegun Obasanjo, de la France, etc.).

De la même manière, Ahmed Tajan Kabbah de la Sierra Leone, élu le 15 mars 1995, contraint à l'exil en Guinée suite au coup d'Etat de Johnny Paul Koroma le 25 mai 1997, a été rétabli au pouvoir le 10 mars 1998, grâce à l'intervention des troupes de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Ecomog-Cedeao). Seules les actions réellement contraignantes parviennent à faire reculer ceux qui utilisent la force pour parvenir au pouvoir. Mais pourquoi ce qui a été possible en 1998 en Sierra Leone et en 2003 à Sao Tome et Principe ne l'est-il plus ? Peut-être parce que les putschistes s'empressent de régulariser leur forfait à travers des élections ? Notons que la Mauritanie, qui répond parfaitement à cette stratégie, a été réhabilitée par le département d'Etat et réintégrée dans l'AGOA. Est-ce la récompense accordée à un coup d'Etat qui s'autolégitime par des élections ? Théoriquement symbole de démocratie, les
élections deviennent-elles un instrument de maintien de l'autoritarisme ? Dans ce cas, les taux de plus en plus élevés de l'abstention ne peuvent être qu'une conséquence logique. Le déterminisme, c'est aussi cela.


Les coups d'Etat depuis 1990 : l'ouverture démocratique sans effet

•1990 : Liberia, Prince Johnson renverse Samuel Doe

•1991 : Mali, Amadou Toumani Touré renverse Moussa Traoré

•1992 : Algérie, le Haut conseil de securité renverse Chadli

•1995 : République fédérale islamique des Comores, Ayouba Combo renverse Saïd Mohamed Djohar

•1996 : Burundi, Pierre Buyoya renverse Sylvestre Ntibantunganya

•1996 : Niger, Ibrahim Baré Maïnassara renverse Mahamane Ousmane

•1997 : Zaïre/République démocratique du Congo, Laurent Désiré Kabila renverse Mobutu Sese Seko

•1999 : Union des Comores, Azali Assoumani renverse Tadjidine Ben Saïd Massounde

•1999 : Côte d'Ivoire, Robert Guéï renverse Henri Konan Bédié

•1999 : Guinée-Bissau, Ansumane Mané renverse João Bernardo Vieira

•1999 : Niger, Daouda Malam Wanké renverse Ibrahim Baré Maïnassara

•2003 : Centrafrique, François Bozizé renverse Ange-Félix Patassé

•2003 : Guinée-Bissau, Verissimo Correia Seabra renverse Kumba Yala

•2005 : Mauritanie, Ely Ould Mohamed Vall renverse Maaouiya Ould Taya

•2008 : Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz renverse Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi

•2008 : Guinée, Moussa Dadis Camara empare du pouvoir à la mort de Lansana Conté

•2009 : Madagascar, Andry Rajoelina renverse le régime de Marc Ravalomanana.


Les coups d'Etat (et tentatives) depuis 1999 : l'(O)UA impuissante

1999

9 avril : Niger, coup d'Etat

30 avril : Comores, coup d'Etat

24 décembre : Côte d'Ivoire, coup d'Etat 2001

8 janvier : Côte d'Ivoire, tentative de coup d'Etat

16 janvier : Congo démocratique, tentative de coup d'Etat

22-23 juillet : Burundi, tentative de coup d'Etat

28 mai, Centrafrique, tentative de coup d'Etat

19 décembre : Comores, tentative de coup d'Etat

2-3 décembre : Guinée-Bissau, tentative de coup d'Etat 2002

19 septembre : Côte d'Ivoire, tentative de coup d'Etat

5 août : Niger, tentative de coup d'Etat

25 octobre : Centrafrique, tentative de coup d'Etat

 

2003

15 mars : Centrafrique, coup d'Etat

7-8 juin, Mauritanie, tentative de coup d'Etat

9 juin : Liberia, tentative de coup d'Etat

16 juillet : Sao Tomé e Principe, tentative de coup d'Etat

14 septembre : Guinée-Bissau, coup d'Etat

Fin septembre : Burkina Faso, tentative de coup d'Etat


2004

Mars : Guinée équatoriale, tentative de coup d'Etat

28 mars : Congo démocratique, tentative de coup d'Etat

11 juin : Congo démocratique, tentative de coup d'Etat

9 août : Mauritanie, tentative de coup d'Etat

28 septembre, Mauritanie, tentative de coup d'Etat

 

2005

5 février : Togo, coup d'Etat

3 août : Mauritanie, coup d'Etat

 

2006

22 mars : Gambie, tentative de coup d'Etat

13 avril : Tchad, tentative de coup d'Etat

Août : Burundi, tentative de coup d'Etat


2007

19 juillet : Liberia, tentative de coup d'Etat


2008

6 août : Mauritanie, coup d'Etat

22 novembre : Guinée-Bissau, tentative de coup d'Etat

23 décembre : Guinée, coup d'Etat


2009

17 mars : Madagascar, coup d'Etat d'Andry Rajoelina contre Marc Ravalomanana

Mars : En Guinée Bissau, assassinat du président Joao Bernardo Vieira

Mai : Togo, arrestation du frère du président, Kpatcha Gnassingbé, accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat

3 décembre : Guinée, tentative de coup d'Eta contre le chef de la junte, Moussa Dadis Camara.

Note de Juliette: Sans compter les autoproclamations de succession à soi-même, comme Denis Sassou Nguesso le 12 juillet 2009 au Congo Brazzaville, pour ne citer que le dernier en date... Les prochaines tentatives se profilent déjà à l'horizon, au Togo, Cameroun, Centrafrique, Tchad, pour ne citer que ceux-là!

 
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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 23:36

 

19 décembre 2009
Comité pour la Protection des Journalistes

2009—2009 s’est déjà soldée comme l’année la plus meurtrière pour les professionnels des médias à travers le monde depuis 1992, selon un rapport annuel du Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) sur les journalistes tués en raison de leur travail. L’Afrique sub-saharienne a enregistré son plus lourd bilan de cette décennie, et les assassins des victimes jouissent d’une impunité totale, selon le même rapport publié cette semaine marquant les tristes anniversaires des meurtres non résolus de Norbert Zongo au Burkina Faso en 1998 et de Deyda Hydara en Gambie en 2004.

En Afrique sub-saharienne, 12 journalistes ont été assassinés en relation directe avec leur travail cette année, juste une perte de vie en moins que le lourd bilan enregistré en 1999, à cause de la guerre civile en Sierra Leone. Cette fois, le conflit en cours en Somalie a coûté la vie à la plupart des victimes, mais d'autres journalistes ont été assassinés alors qu'ils enquêtaient sur la corruption au Nigéria et au Kenya ou en couvrant la crise politique à Madagascar. Le CPJ enquête sur les cas de deux autres journalistes de la République du Congo et la République démocratique du Congo afin de déterminer si leurs morts étaient liés au journalisme.

En Somalie, neuf journalistes locaux ont été assassinés ou tués dans des situations de combat. En 2009, de violents extrémistes islamistes ont mené une campagne de terreur contre la presse en Somalie, en menaçant et en assassinant des journalistes et en se saisissant de stations de radio. « Nos neuf confrères tombés en Somalie sont une perte immense pour la petite bande de journalistes qui risquent leur vie chaque jour, juste en marchant dans la rue », a déclaré le Directeur adjoint du CPJ, Robert Mahoney, qui aide à coordonner le plaidoyer du CPJ dans la région. «Leurs reportages courageux les exposent non seulement aux échanges de tirs et à des violences aveugles mais aussi à des assassinats ciblés par des insurgés qui veulent contrôler les informations à tout prix. »

(...)

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 20:58

17 décembre 2009
Alterinfo

Entretien avec Delphine Abadie, co-auteure du livre Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique.
« Au Canada, la démocratie est en danger ! ».

 

Alain Deneault (animateur), Delphine Abadie et William Sacher sont membres du collectif québécois « Ressources d’Afrique » et co-auteurs de « Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique », un essai polémique dénonçant la responsabilité de l’Etat canadien dans le pillage des ressources naturelles en Afrique et certains crimes attribués à plusieurs transnationales enregistrées au Canada. « Polémique » car ces trois chercheurs universitaires ainsi que leur maison d’édition Ecosociété |1| sont actuellement poursuivis devant la justice canadienne par Barrick Gold et Banro, deux des nombreuses transnationales citées dans le livre, cotées à la Bourse de Toronto, qui les accusent de diffamation. Encore faudrait-il qu’elles aient lu cet ouvrage très documenté… Delphine Abadie rédige actuellement sa thèse en philosophie politique à Bruxelles, où nous l’avons rencontrée.

Après la faim, des mots en l’air sur le climat ? Alain Deneault (animateur), Delphine Abadie et William Sacher sont membres du collectif québécois « Ressources d’Afrique » et co-auteurs de « Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique », un essai polémique dénonçant la responsabilité de l’Etat canadien dans le pillage des ressources naturelles en Afrique et certains crimes attribués à plusieurs transnationales enregistrées au Canada. « Polémique » car ces trois chercheurs universitaires ainsi que leur maison d’édition Ecosociété |1| sont actuellement poursuivis devant la justice canadienne par Barrick Gold et Banro, deux des nombreuses transnationales citées dans le livre, cotées à la Bourse de Toronto, qui les accusent de diffamation. Encore faudrait-il qu’elles aient lu cet ouvrage très documenté… Delphine Abadie rédige actuellement sa thèse en philosophie politique à Bruxelles, où nous l’avons rencontrée.

Renaud Vivien (RV) : Votre livre souligne le laxisme, voire la complicité du gouvernement canadien avec des transnationales canadiennes suspectées d’avoir commis des crimes en Afrique. D’où tirez-vous toutes ces informations ?

Delphine Abadie (DA) : Il faut tout d’abord rappeler qu’Alain Deneault, qui est à l’origine de l’écriture de Noir Canada, a collaboré pendant plusieurs années avec François-Xavier Verschave, ancien président de Survie |2| et auteur de nombreux ouvrages sur la Françafrique dont Noir Silence. Cette collaboration l’a naturellement conduit à se pencher sur la politique du Canada en Afrique. C’est ce qui a ensuite donné naissance au collectif « Ressources d’Afrique » dont la tâche principale a consisté à collecter et analyser une pléthore d’informations sur les liens qu’entretient le Canada (politiques, diplomatiques et financiers) avec le continent africain. A notre grande surprise, nous nous sommes retrouvés rapidement avec une manne importante d’informations à analyser, toutes déjà accessibles au public (dépêches des grands organes de presse, articles de journaux, divers rapports de l’ONU, d’ONG renommées ou encore des rapports parlementaires comme le rapport congolais Lutundula, des dépositions faites devant le congrès américain ou encore des recherches universitaires, etc). Depuis 2006, l’écriture de Noir Canada a été entamé en synthétisant toutes ces informations, que nous avons recoupées entre elles de manière interdisciplinaire pour finalement questionner la responsabilité du Canada dans le pillage et d’autres exactions commises par certains entreprises en Afrique et le soutien qu’elles reçoivent du gouvernement.

RV : En effet, vos déductions concernent des faits très graves puisque vous parlez non seulement de pillage mais aussi d’empoisonnement massif au Mali, de mineurs enterrés vifs en Tanzanie, de la transformation d’Ivoiriens en « cobayes pharmaceutiques », etc. En quoi le Canada est-il complice de ces crimes commis par les transnationales épinglées dans votre livre ?

DA : Avant de répondre sur le lien entre le Canada et toutes ces entreprises qui constitue le fil conducteur du livre, j’aimerais rappeler que nous ne prétendons pas détenir la « vérité ». Nous insistons d’ailleurs là-dessus dès l’introduction de Noir Canada. Nos déductions tirées de l’analyse de nombreuses informations publiques et crédibles ne sont que des « allégations ». C’est pourquoi nous réclamons l’instauration d’une Commission d’enquête à l’image de la Commission parlementaire Lutundula en RDC pour faire la lumière sur les investissements industriels, politiques et financiers du Canada en Afrique. Les conclusions de cette Commission pourraient ensuite servir de base à des actions judiciaires contre tous les acteurs impliqués dans les violations de droits humains. En effet, aujourd’hui, tous ces acteurs présents en Afrique dont les transnationales ne sont absolument pas inquiétés par la justice au Canada, qui se contente de prôner les codes de bonne conduite. Pis, l’État canadien leur offre une protection sur mesure à tel point qu’on peut qualifier le Canada, pour maintes raisons que l’on pourrait détailler longuement, de véritable « paradis judiciaire » pour le secteur extractif. Tout ceci est parfaitement détaillé dans notre livre et doit être connu du grand public. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard de s’apercevoir que 75% des entreprises d’industrie extractive au niveau mondial sont sises au Canada, en s’enregistrant, notamment, à la Bourse de Toronto !

RV : Le débat public sur l’action du Canada en Afrique que vous réclamez aujourd’hui est malheureusement entravé par les deux procès dont vous faites l’objet avec votre maison d’édition. Sur quel fondement Banro et Barrick Gold |3| vous attaquent-elles en justice ?

DA : Barrick Gold a été la première à nous adresser une lettre de mise en demeure nous enjoignant de ne pas lancer le livre, alors que Noir Canada était déjà entre les mains des journalistes et dans les cartons des libraires. Les avocats de Barrick Gold, qui n’avaient donc pas pu prendre connaissance de l’ouvrage de 350 pages, affirmaient pourtant que toutes les allégations au sujet des activités de la société en Afrique sont « fausses et grandement diffamatoires » ! Au moment de cette tentative d’intimidation, seul un communiqué de presse annonçant la sortie du livre circulait sur internet. Nous avons refusé de céder au chantage et Barrick Gold a mis ses menaces à exécution en déposant plainte pour diffamation devant la justice québécoise. Quelques semaines plus tard, Banro faisait de même, mais en nous attaquant cette fois devant les tribunaux de l’Ontario…ce qui signifie pour nous un doublement d’énergie, des frais et des équipes d’avocats ! En réalité, cette stratégie que nous vivons comme un S.L.A.P.P (Strategic Lawsuit against Public Participation) ou « poursuites-baillons » est bien connue dans le système judiciaire anglo-saxon. Elle vise à protéger les intérêts du plaignant en étouffant, d’une part, tout débat public sur ses agissements et d’autre part, le défendeur par les moyens financiers et procéduriers disproportionnés qu’il est obligé de mettre en œuvre pour se défendre. Ainsi, Barrick Gold et Banro nous réclament la somme totale de 11 millions de dollars à titre de dommage-intérêts ! A noter que nous faisons, en plus, l’objet d’une mise en demeure nous enjoignant de ne plus utiliser le terme de « poursuite-baillon » pour qualifier cette procédure, sous peine de devoir payer des dommages-intérêts supplémentaires : autrement dit, un SLAPP au carré ! Nous avons demandé à la Cour d’Ontario de se dessaisir de la plainte de Banro afin que la justice du Québec soit la seule compétente pour les deux affaires vu qu’elles portent sur des allégations du même ordre, que Noir Canada ne circule qu’en 83 exemplaires en Ontario et que nous sommes tous domiciliés au Québec. Malheureusement pour nous, la Cour a rejeté notre requête en première instance, ce qui nous oblige à redoubler d’énergie sur le plan humain, juridique et financier. Nous avons donc fait appel de cette décision et attendons encore à ce jour d’être fixés. Quant au procès attendu au Québec, nous n’en connaissons pas encore la date d’ouverture.

RV : Comment se fait-il que la liberté d’expression soit à ce point piétinée au Canada qui se dit « démocratique » ?

DA : Plusieurs juristes canadiens pointent du doigt le fait que l’état actuel du droit canadien accorde une priorité outrancière à la réputation, laquelle prime la liberté d’expression. Il y a également le problème de l’accès à la justice pour les citoyens ordinaires, qui ne peuvent faire valoir leur droit à la liberté expression, tant la procédure judiciaire est longue et onéreuse. Il faut aussi souligner que nous ne sommes pas les seuls à être victimes de « poursuites-baillons » au Canada puisqu’il y a actuellement plusieurs cas en cours, lesquels concernent souvent de simples citoyens. Fort heureusement, l’opinion publique et la campagne de soutien à Écosociété a fait bouger le monde politique face à ce type d’harcèlement judiciaire puisque le 4 juin 2009, l’Assemblée nationale du Québec a adopté une loi pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser la liberté d’expression et la participation des citoyens au débat public. Cette nouvelle législation pourrait être évoquée dans notre affaire, ce qui constituerait alors un test décisif quant à l’efficacité de celle-ci. Mais plus fondamentalement, il y a un vrai problème de démocratie. Nous ne pensions sincèrement pas que nous tomberions sous le coup d’une action en justice pour nos écrits qui relèvent d’enjeux publics et visent une pléthore d’acteurs et d’allégations et pas simplement deux entreprises en particulier. Comment se fait-il qu’on puisse évoquer nommément un président africain et pas une entreprise privée ?

RV : Vous parlez de citoyens « ordinaires » privés de leur liberté d’expression au Canada. Comment ont-ils accueilli votre livre au moment de sa sortie ?

DA : Notre livre a immédiatement été associé aux poursuites judiciaires intentées par Barrick Gold et Banro. Ces procès ont alors très vite fait parler de notre livre et pour la majorité des Canadiens, le contenu de Noir Canada fut un choc ! Le fait d’appeler un chat un chat en employant par exemple les mots de « criminalité » ou « pillage » ont parfois choqué une partie de l’opinion publique : ce qui est assez compréhensible vu que ces termes sont en parfait décalage avec le discours dominant. Le Canada jouit, en effet, d’une réputation angélique à l’échelle internationale pour plusieurs raisons. Tout d’abord, contrairement à la France ou à la Belgique, le Canada n’est pas une ancienne puissance coloniale. Ensuite, le gouvernement canadien met en place une campagne médiatique assez redoutable qui le fait passer pour l’ami de l’Afrique. Toutes ces techniques, comme l’usage excessif de la « bonne gouvernance » et autres concepts ampoulés, détaillées dans notre livre, relèvent d’un marketing diplomatique. Au final, la société canadienne est baignée dans ces concepts vides de sens qui font reculer son esprit critique et l’idée même de politique. Plusieurs ONG ont également intégré ces notions… Mais en règle générale, nous avons le sentiment que l’opinion publique nous soutient.

RV : Quels rapports entretenez vous avec les grands médias canadiens ? Avez vous été victimes de censure ?

DA : D’une certaine façon, oui : les télévisions et radios publiques comme Radio Canada, ont annulé une série d’interviews programmées avec Alain Deneault en même temps qu’on y célébrait la journée internationale de la liberté de presse. Une consigne juridique aurait circulé quant aux risques qu’ils encouraient en nous donnant la parole. Un autre exemple éloquent vient d’un journaliste du quotidien La Presse, qui a attaqué notre ouvrage dans un article en nous reprochant en quelque sorte notre travail d’analyse. Soulignons toutefois que cette critique a été émise dans ce journal, qui appartient à l’homme d’affaires canadien Paul Desmarais, lequel s’est déjà prononcé sur le contrôle qu’il réalise sur la ligne éditoriale et qui a, par ailleurs, siégé au conseil consultatif international de Barrick dans les années 1990…

RV : Oui d’ailleurs, une des grandes forces de Noir Canada est de mettre à nu les collusions entre les transnationales, les élites politiques et financières ainsi que l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en charge de l’aide publique au développement (APD), qui est composée de plusieurs financiers… Vous affirmez que les fonds publics servent le secteur privé ! Comment ?

DA : Les Canadiens financent sans le savoir ces méfaits de certaines entreprises, via les fonds publics, leur épargne privée ou leurs régimes de retraite appuyés sur les titres de ces entreprises, fleurons de l’industrie nationale... Quant à l’APD canadienne, elle profite indirectement au secteur privé puisqu’elle prépare le terrain aux transnationales, qui pourront racheter pour une bouchée de pain les secteurs stratégiques privatisés dans le Sud sur injonction du FMI et de la Banque mondiale tels que le secteur minier, le transport, l’eau, l’électricité, etc., et jouir d’un personnel formé « à la canadienne »… Entre autres exemples développés dans le livre, le réseau malien de chemins de fer Transrail a été privatisé grâce à l’appui du Canada, via son APD. Cette privatisation a, en outre, profité à l’entreprise canadienne Canac et sa gestion a eu des conséquences dramatiques pour les populations locales qui ne peuvent par exemple plus vendre leurs marchandises, en raison de la fermeture de la majorité des halte-passagers. L’ACDI finance également des « éléphants blancs » en Afrique comme les grands barrages, promus par les Institutions financières internationales (IFI) et profitant principalement au secteur privé. Ces méga-projets causent d’importants dommages sociaux et environnementaux et sont générateurs de dettes pour les populations. Un chapitre est d’ailleurs consacré à ces dettes odieuses, sur base notamment des analyses du CADTM. Enfin, l’APD canadienne a longtemps été bonne première dans la pratique de l’ « aide liée » qui créé d’importants débouchés pour les entreprise privées canadiennes. Tous ces exemples nous permettent d’affirmer que les besoins de développement des populations du Sud ne sont absolument pas la priorité du gouvernement canadien. Pour couronner le tout, le Canada et les paradis fiscaux entretiennent une relation privilégiée alors que la plupart des entreprises, notamment du secteur extractif, y hébergent une filiale : au sein des IFI, le Canada partage d’ailleurs son groupe avec sept paradis fiscaux notoires des Caraïbes, en plus de l’Irlande.


Notes
|1| www.ecosociete.org
|2| http://survie.org/
|3| Barrick Gold est la plus grosse société d’extraction d’or du monde. Elle exploite actuellement 27 mines d’or, d’argent et de cuivre, sur les cinq continents.

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 20:34

17 décembre 2009
Rafaël Ricoy
Jeune Afrique


Le 10e sommet de la Cemac, prévu le 14 décembre et repoussé à janvier, se tiendra à Bangui. Cette première édition depuis la mort d’Omar Bongo Ondimba doit être l’occasion pour les chefs d’État de régler leurs différends. Et de répondre aux attentes de toute la région.

Ils sont venus, ils sont tous là, comme dans La Mamma d’Aznavour. En ce mardi 16 juin 2009, autour d’un catafalque surchargé de fleurs, les chefs d’État de l’Afrique centrale rendent un ultime hommage au parrain décédé. Omar Bongo Ondimba est mort, et avec lui vient de disparaître l’unique dénominateur commun entre ces hommes que tout sépare hormis l’espace géopolitique tracé au compas par l’ancien maître colonial. Certes, au sein de la communauté des six pays francophones de la Cemac, Bongo Ondimba ne réglait, dans le fond, aucun problème – surtout à la fin de sa vie, tant les arbitrages rendus par un doyen usé avaient fini par être contestés chez ses pairs. Les querelles d’ego, les conflits d’intérêts, Bongo les diluait, les étouffait sous le poids du consensus mou. Mais avec lui le linge sale se lavait en famille et l’omerta était de règle. Et puis, qui aurait eu le front de l’humilier, de le contredire et de lui faire de la peine, lui qui avait à la fois l’âge, la sagesse, la longévité au pouvoir et la richesse ? Au classement combiné de ces quatre facteurs essentiels, le vieux Batéké de la case à malices gabonaise était le meilleur. Paix à son âme.

En ce cent soixante-septième jour de l’année 2009, l’Afrique centrale s’est donc retrouvée, d’une certaine manière, orpheline. Couvercle ôté sur une boîte de Pandore d’où peut jaillir le meilleur comme le pire. Paysage à nu d’une région au potentiel économique énorme mais confrontée à la brutalité de l’argent facile, celui du pétrole – cinq pays producteurs sur six –, ainsi qu’aux aléas d’une culture communautaire de pure façade, politiquement acéphale, où la méfiance entre chefs est la règle et où la mentalité du cueilleur l’emporte encore, hélas, sur celle du bâtisseur. Au lendemain des obsèques du dernier vestige de la maison Foccart, la bataille pour sa succession a donné un premier goût de la désunion. Chacun, parmi les propriétaires de palais présidentiel dans la région (le terme de locataire, habituellement usité en pareil cas, étant ici hors de propos), avait « sa » solution pour le Gabon et « son » candidat pour le trône. Une bataille qui s’est en grande partie jouée sur le terrain des moyens financiers, ceux dont disposait en propre la famille du défunt étant en définitive supérieurs à ceux de tous leurs opposants réunis, et qui a évidemment laissé quelques traces. Désormais, lorsqu’il rencontre ses pairs de la Cemac, Ali Bongo sait qui a parié contre lui et qui a aidé ses adversaires. Autre conséquence évidente et somme toute logique de la disparition du vieux : le scandale de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Avec l’affaire des détournements de fonds massifs du bureau de Paris, dont on ne connaît encore que la partie émergée de l’iceberg, c’est tout un système opaque de circuits financiers mis en place depuis trois décennies qui a en quelque sorte explosé sous le nez des chefs d’État. Si la révélation de ce scandale doit tout au travail d’investigation de Jeune Afrique et rien à la manipulation (mais il est vrai que les choses les plus simples à comprendre sont parfois les plus difficiles à admettre), il est clair que certains dans la région s’en sont réjouis et comptent bien en profiter pour mettre un terme à cet étonnant (et désormais obsolète) « consensus de Fort-Lamy », qui assurait au Gabon, à l’époque le plus riche de la communauté, une prééminence de fait dans la gestion passablement occulte des avoirs de la Beac. La probable accession, lors du prochain sommet de Bangui, prévu le 14 décembre et repoussé à janvier, du Gabonais Hugues Alexandre Barro Chambrier au poste de gouverneur, ne doit pas à cet égard faire illusion. Le grand illusionniste du Palais du bord de mer à Libreville n’est plus là, le Fonds monétaire international (FMI) a profité de la crise pour imposer à toutes les parties prenantes (y compris à la France) un minimum de transparence, et du scandale, finalement, peut ressortir une modernisation et une adaptation de la Beac aux exigences de la mondialisation. À condition, bien sûr, que les chefs d’État sachent prendre leurs responsabilités.

Dans une Afrique hantée par le syndrome des successions dynastiques, la question – mais est-elle pertinente ? – se pose désormais de savoir qui héritera du fauteuil de sage du village, primus inter pares sous le baobab et grand régulateur des petits conflits, qu’occupait Omar Bongo Ondimba. Passage en revue des critères. Le plus âgé ? Ce serait Paul Biya, 76 ans, sans l’ombre d’un doute. Le plus ancien aux affaires ? Alors ce devrait être Teodoro Obiang Nguema (trente ans), mais la Guinée équatoriale n’est pas membre fondateur de l’Udeac, ancêtre de la Cemac, et si l’on inclut la date de la première arrivée au pouvoir, Denis Sassou Nguesso, chef de l’État en février 1979, soit six mois avant son frère de Malabo, tient assurément la corde. Le plus riche ? Obiang Nguema encore, tout au moins par tête d’habitant, à moins que ce ne soit Paul Biya, PIB camerounais oblige. Le plus sage ? Les trois chefs d’État précités, plus Idriss Déby Itno, s’estiment en mesure de revendiquer ce titre, et nul, sauf à être suicidaire, ne se hasarderait à trancher dans le vif. Seules deux personnalités sont hors compétition : le Centrafricain François Bozizé, hôte du sommet de Bangui, parce qu’il sait que son pays a trop besoin de la solidarité des autres pour risquer d’entrer dans la course, et le Gabonais Ali Bongo, trois mois de pouvoir et 50 ans d’âge, « un bleu » en quelque sorte…

Reste à savoir si tout cela, qui tient en haleine quelques sycophantes prompts à vanter les qualités supposées de leurs chefs, a la moindre importance. En réalité, dans le rôle régional qui était le sien, Bongo père n’aura pas de successeur. Non parce qu’il serait irremplaçable, mais les temps ont changé. Le doyennat qu’il incarnait jusqu’à la caricature n’avait plus grand-chose à voir avec une réalité opérationnelle, et son système avait fait plus que son temps, faute entre autres de moyens financiers pour l’alimenter. Qui, parmi les chefs de la région, est volontaire pour reprendre à son compte une charge aussi honorifique que dispendieuse ? Il y a fort à parier que l’équation se pose en ces termes et que la réponse soit : personne… Le règlement (cosmétique) de certains différends dût-il, faute d’arbitrage, en souffrir, c’est plutôt là une bonne chose et un gage de maturité pour toute la zone Cemac. Mais encore faut-il transformer l’essai et que les patrons, désormais privés de leur recours suprême, apprennent à s’entendre entre eux.


N’en déplaise aux cassandres


Sur ce dernier point, fort heureusement, le pire n’est pas sûr. Même si les comptes électoraux n’ont pas encore été tout à fait soldés entre le Gabon et la Guinée équatoriale, même si N’Djamena, Brazzaville et Libreville convoitent tous trois le tutorat de la Centrafrique – lequel n’est plus forcément à prendre – et même si la crise de la Beac a généré de lourdes suspicions entre capitales sur le thème « à qui profite le scandale », l’ambiance à Bangui sera plus à la rumba qu’au coupé-décalé. Mais l’équilibre demeure fragile, à la merci des excès de zèle des entourages, comme en témoigne la mésaventure que viennent de vivre deux sages de la région, Denis Sassou Nguesso et Paul Biya. Il a suffi qu’un périodique bricolé en banlieue parisienne par un ressortissant camerounais, à la diffusion incontrôlée et au professionnalisme aléatoire, inconnu en dehors des cercles de la diaspora, publie les bonnes feuilles d’un libelle anti-Sassou Nguesso édité à compte d’auteur par un collectif d’opposants pour que les compteurs s’affolent. Ce qui serait passé inaperçu ailleurs devient ici affaire d’État : contre-attaques et même insultes dans les journaux congolais, longue réplique alambiquée de la présidence camerounaise, envoi d’émissaires à Yaoundé et Brazzaville pour calmer le jeu… En Afrique centrale, hélas, l’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant.

Pourtant, n’en déplaise aux cassandres, la guerre des chefs n’aura pas lieu. Pas plus à Bangui qu’à Troie dans la pièce de Giraudoux, avec la Cemac dans le rôle de la belle Hélène, Sassou, Biya, Obiang et les autres dans ceux d’Hector, d’Ulysse ou de Demokos. Faute de combattants, mais aussi parce que, au vu de certains signes et selon certaines confidences, les chefs d’État semblent cette fois décidés à ne plus offrir à leurs opinions publiques le spectacle d’une intégration en panne, à la traîne des autres regroupements régionaux. Les contacts en ce sens se sont multipliés ces derniers jours, et les dossiers en suspens – Beac, passeports, Air Cemac, etc. – sont au cœur de la visite officielle préparatoire que François Bozizé, hôte du sommet, a effectuée du 7 au 9 décembre chez son voisin, le poids lourd camerounais. Et si le premier sommet sans « lui » était enfin celui de l’âge adulte?

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 20:22

17 décembre 2009
MAP


Quarante sept pays africains prennent part au 5ème Sommet "Africités"


Quarante-sept pays africains prennent part au 5ème Sommet des collectivités locales "Africités" qui a ouvert ses travaux mercredi à Marrakech. Placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette grande manifestation panafricaine connaît la participation d'une trentaine de ministres africains en charge des collectivités locales, de l'économie, des finances et de l'emploi.

Participent également à ce sommet quelques 5000 acteurs de développement local, notamment des présidents d'associations et d'organismes nationaux et régionaux de collectivités locales, des maires, des élus et des notabilités africaines, des autorités locales, des chefs d'entreprises, des dirigeants d'établissements publics, d'institutions bancaires, des experts, des universitaires et des représentants de la société civile en Afrique.

Lors de ce sommet placé sous le thème "La réponse des collectivités locales et régionales d'Afrique à la crise globale: promouvoir le développement local durable et l'emploi", les participants vont débattre, cinq jours durant, des stratégies de développement et des programmes de coopération à mettre en œuvre en vue d'assurer un développement local durable face à la crise mondiale.

Les travaux de cette édition, qui intervient après celles d'Abidjan en 1998, de Windhoek (2001), de Yaoundé (2003) et de Nairobi (2006), s'articuleront sur des sessions thématiques, spéciales et politiques.

Les deux premières journées du sommet consacrées aux sessions thématiques seront centrées sur les stratégies locales à mettre en oeuvre à court et moyen termes face à l'actuelle crise internationale.

Une quarantaine de sessions spéciales seront tenues au cours de la troisième journée du sommet autour de diverses thématiques ayant trait au développement local en Afrique.

Le volet politique du sommet, qui sera abordé lors des deux dernières journées, comprend une session ministérielle, une réunion des maires et autorités locales et régionales ainsi qu'une rencontre de dialogue tripartite entre les ministres, les maires et les partenaires au développement.

Au cours de ces sessions, ministres, maires et autorités locales procéderont à l'évaluation de la mise en œuvre des résolutions et recommandations des précédents sommets Africités et à l'examen des propositions émises lors de l'édition de Marrakech par les sessions thématiques et spéciales.

Organisés tous les trois ans alternativement dans les différentes régions d'Afrique, les sommets Africités constituent une plate-forme essentielle de dialogue et de réflexion stratégique sur la décentralisation, la gouvernance et le développement territorial en Afrique.

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 19:56

17 décembre 2009
Mohamed Larbi Ben Othmane
L
'Economiste du Maroc


Les stratégies actuelles pour perpétuer et conserver le pouvoir ont quelque chose de la survie animale. Bien des régimes mettent au placard le contenu réel du modèle démocratique et les principes dont eux-mêmes se vantent, pour n’en garder que des apparences et la façade.


A la place des armes, la démagogie

Les pouvoirs ont rodé un savoir-faire et une ingénierie politique, programmés avant tout pour la sauvegarde de leurs régimes. Ils ont développé un véritable instinct de reproduction basé sur une seule stratégie: la durée. Une véritable stratégie de la survie. Tous les autres objectifs d’un pouvoir normal, développement, éducation, sécurité, bien-être de la population, s’estompent devant celui-ci. Car, dans ces Etats pour durer on n’a besoin de gagner démocratiquement ni dans les urnes ni dans les têtes. On a inventé aussi les moyens et les outils de réussir des coups de force sans faire appel à l’armée. Les putschistes traditionnels ont été remplacés par les experts en propagande, en langue de bois et en démagogie pour se perpétuer au pouvoir.
Le résultat est donc identique à celui des putschs mais le procédé est plus machiavélique. Les Etats se retrouvent dirigés par des autocraties qui utilisent toutes les institutions de la démocratie formelle mais après le savoir vidées de leur contenu. Ces coquilles vides sont commodes pour exercer un pouvoir sans contrainte et sans limite. Le procédé est d’ailleurs si élastique qu’il s’adapte à tous les contextes. Chaque régime adapte le sein à ses besoins et ses singularités.

Par exemple, l’Egypte se transforme en république héréditaire imitant la Syrie, et annonçant déjà la succession de père en fils en Libye. C’est le cas aussi en Mauritanie, au Zimbabwe, en Côte d’Ivoire, au Congo, en Guinée Equatoriale ou au Gabon où les élections présidentielles n’ont été préparées que pour préserver une image et sacrifier à des pressions extérieures. Mais la finalité première du pouvoir reste le maintien des régimes en place. En URSS, l’astuce était cousue de fil blanc pour maintenir l’ex-président au sein du pouvoir et préparer son retour même s’il a fallu passer par l’élection d’un autre président.

Plus près de nous, la recette est plus grossière, le procédé plus grotesque. En Algérie ou en Tunisie, on recourt à des réformes constitutionnelles pour maintenir à vie les dirigeants. Et comme si cela n’était pas suffisant, on y prépare aussi leurs successions au sein de leur proche famille. Dans les deux pays, les présidents n’ont pas de descendance mâle. Alors en Algérie on prépare le frère, et en Tunisie le beau-fils pour la succession.

Dans les autres modèles où l’hypothèse de la fin du mandat ou son renouvellement ne se pose pas, on se contente de domestiquer les institutions. Aujourd’hui, il ne faut pas forcément être grand clerc pour y diagnostiquer les mécanismes qui permettent de se maintenir au pouvoir de la même façon que dans les pays non démocratiques. Ces mécanismes aussi efficaces qu’évidents amènent en fait à deux questions? Comment et avec quoi se préparent la continuité de ces régimes?

L’élément essentiel est évidemment de s’appuyer sur des populations crédules, pauvres et illettrées, à qui il a toujours été beaucoup promis et toujours peu donné. Elles peuvent être très facilement manipulées. Il suffit de contrôler les médias populaires. On constate d’ailleurs que l’une des préoccupations est de dominer les médias, quitte à les museler s’il le faut par la répression ou l’argent. L’important est que le message du pouvoir passe sans conteste.

Une fois réunis ces éléments (domination des médias, pauvreté, injustices sociales, crédulité, marginalisations), les autres en sont presque des conséquences. Il s’agit de compter sur une classe intellectuelle et une élite politique complaisantes, fatalistes et démissionnaires, convaincues du statu quo. De cette complaisance et de ce fatalisme, découler une série de corollaires aussi inévitables les uns que les autres: les partis politiques entre les mains de ces élites se déprécient et la classe moyenne seule capable de réveiller la société civile perdra elle aussi ses illusions et se détournera de ces partis et en fin de compte même de la politique.


Des élections pour applaudir le chef

Il devient alors aisé de se perpétuer par des élections arrangées d’avance. Cela sera d’autant plus facile si les partis politiques ont été décrédibilisés ou s’ils sont devenus des tremplins pour satisfaire les intérêts économiques et personnels. A ce stade, les partis politiques cessent d’être des passeurs d’idées et d’idéologies pour devenir des machines électorales dont le seul objectif est de gagner les élections.

Pour eux, l’important est de ne jamais s’éloigner du pouvoir. Les élections ne sont pas faites pour amener le changement. Bien au contraire, les élections deviennent une occasion pour applaudir et soutenir le pouvoir. En cela, les partis politiques sont à l’image des institutions constitutionnelles dont le Parlement ou le pouvoir judiciaire, rendus eux aussi favorables. Ces caractéristiques les rendent inévitablement vulnérables, susceptibles, inefficaces et indolents. Les élections deviennent alors, et de surcroît, une occasion recherchée pour déprécier, minimiser et réprimer l’opposition politique.

Dans ce sens, les médias proches du pouvoir jouent un rôle fondamental. Le pouvoir les encadrent et les contrôlent au plus près. Il ne tolère que certains titres malgré leurs critiques. Ceux-là certes bien utiles, stoïques et courageux, servent quand même à lui donner une image relativement respectueuse de la liberté d’expression.

Enfin, dernier ingrédient de la stratégie de la durée, les réformes et les promesses annoncées aux masses prétendent toujours leur garantir le respect de toutes sortes de droits nécessaires à l’exercice de la citoyenneté. Le discours est de préférence adressé aux plus démunis. Leurs droits sont mis en valeur. Les obligations qui doivent leur incomber sont passées sous silence. Les réformes annoncées promettent la fin de la pauvreté, le développement humain et l’avènement de la sécurité sous toutes ses formes.
«C’est pour cela, dira le discours du pouvoir, qu’il est dans l’intérêt du peuple que le calife reste calife et que ses pouvoirs soient renouvelés». Indéfiniment.


Les nouvelles autocraties

Les gouvernances modernes, d’après leurs inventeurs, reposent sur deux principes fondamentaux: d’une part, l’expression de la liberté individuelle sans entraves ni limites sinon celles définies par le droit universellement reconnu et d’autre part, la souveraineté du peuple qui assure l’exercice de la citoyenneté et la défense efficace du bien public qu’est la démocratie.

Dans les non démocraties, les despotes et les dirigeants commencent avant tout par réduire puis par abroger ces deux principes fondamentaux.

Leur tentation est trop forte car le pouvoir qui normalement appartient au peuple leur est toujours, enfin de compte, remis. Or, ces dirigeants manifestent une propension presque naturelle à l’usurper. Donc, le seul frein à ce penchant usurpateur est l’existence d’un peuple qui sache défendre son bien. Le seul frein pour éviter cet abus de pouvoir et cette tendance à le monopoliser, est donc un peuple qui décide de ne pas se laisser déposséder de son bien et de sa souveraineté.

Ce peuple là est une denrée très rare. En général, dans les non démocraties, le peuple semble uniquement capable de remarquer, avec Montesquieu, mais sans avoir les moyens de réagir, que « c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser». Un constat terrifiant. Car dès lors, qui est le plus coupable? Le pouvoir usurpateur ou le peuple qui se laisse voler?


«Calife à la place du calife», c’est dépassé!

Limités par des principes de non-ingérence et de souveraineté, les coups d’Etats recourant à la force brutale ne sont plus aussi facilement acceptés qu’ils l’étaient autrefois. Aujourd’hui, le monde refuse de plus en plus les coups de force et l’arrivée de la soldatesque au pouvoir suprême. Ce type d’alternance par la force n’est plus accepté.

Les derniers exemples de putschs militaires comme celui de Mauritanie (visant à écarter un président démocratiquement élu) ou en Guinée (après qu’ait été constatée une vacance de pouvoir), n’ont pas été entérinés par la Communauté internationale. Plus, celle-ci a exercé une pression inconnue jusque-là pour combattre les régimes issus de ces coups d’Etat militaires.

Face à cette nouvelle donne, il est plus important de profiter sans vergogne du pouvoir en le perpétuant, plutôt que de le renverser. Il n’est plus question de «devenir calife à la place du calife» par des moyens violents. Il est préférable de trouver les astuces, les tactiques et d’utiliser toutes les démagogies possibles pour garder et tirer profit indéfiniment du pouvoir en place. Cela s’avère désormais inacceptable.

C’est le cas dans pratiquement tous les pays qui se réclament une «démocratie spécifique», n’en acceptent en réalité qu’un habit trompeur. On y compte particulièrement des pays arabes, mais aussi beaucoup de pays d’Afrique et d’Asie, où la notion d’alternance est depuis longtemps délaissée et oubliée. Dans ces pays, dotés néanmoins de lois fondamentales proclamant la souveraineté populaire, il n’existe plus que des manœuvres qui font appel aux plus grossières supercheries pour se perpétuer au pouvoir. Des subterfuges souvent imaginés par des hommes de foi et de lois qui empruntent allégrement aux discours démocratiques tronqués et dont le but final n’est que de garantir la continuité des pouvoirs en place.

Dans les autres pays où le pouvoir central n’a pas à être légitimé par le vote, la démarche n’est pas différente, mais elle est endogène. Elle puise à l’intérieur même de l’idéologie qui assure la pérennité du régime. Quant au résultat, il n’en est pas fondamentalement différent. Car, dans ces régimes plus encore que dans les précédents, le vote démocratique n’est pas déterminant. On y recourt que pour l’ornement. La réalité du pouvoir n’étant pas à portée du suffrage universel et populaire.

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 19:43

17 décembre 2009
Jean-Claude Nkou
Congo-Site Portail


Climat : L’Europe et l’Afrique parlent d’une même voix à Copenhague

Le Président français Nicolas Sarkozy s’est entretenu le 16 décembre à Paris avec les Chefs d’Etat et les représentants des 11 pays du Bassin du Congo. Cette rencontre qui a réuni les Présidents Denis Sassou N’Guesso du Congo-Brazzaville, Paul Biya du Cameroun, Idriss Déby Itno du Tchad, François Bozizé de la République centrafricaine (RCA) et Ali Bongo Ondimba du Gabon, a permis aux deux parties d’harmoniser leur position sur l’aide nécessaire à la sauvegarde des écosystèmes du deuxième poumon écologique planétaire.

Elle revêt un caractère particulier car, tenue à la veille de l’ouverture à Copenhague des discussions de haut niveau devant aboutir à la conclusion d’un accord mondial sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’aide à accorder à la lutte contre la déforestation.
 

Les Chefs d’Etat et les représentants des autres pays du Bassin du Congo tels la République démocratique du Congo (RDC), la Guinée équatoriale, le Burundi, le Rwanda et l’Angola ont également évoqué la nécessité de la sauvegarde du lac Tchad, menacé par la sécheresse depuis un certain temps.


Nicolas Sarkozy qui entend être l’avocat de l’Afrique à Copenhague, propose la création d’une structure mondiale en matière d’environnement, destinée à contrôler et à garantir l’application des engagements pris lors du sommet de la capitale danoise. Il a estimé que l’Afrique devrait être soutenue dans la lutte contre le déboisement, appelant les pays industrialisés à honorer leurs engagements financiers.

Climat : L'Europe et l’Afrique parlent d'une même voix à Copenhague


L’Afrique est fortement affectée par les effets du changement climatique et il paraît impérieux d’agir en mobilisant les moyens pour lutter contre la déforestation et la sécheresse. D’où le Chef de l’Etat français et le Premier ministre britannique Gordon Brown proposent le versement de 10 milliards de dollars à l’Afrique dès 2010 et 50 milliards en 2015.
 

A Copenhague, devant les Etats Unis d’Amérique et la Chine qui sont considérés comme les grands pollueurs, l’Europe et l’Afrique devraient accorder leurs violons et peser de leur poids dans les négociations pour amener ces derniers à signer l’accord mondial.


D’après les experts en environnement, la lutte contre la déforestation est la meilleure façon de lutter contre le gaz carbonique (CO2). Patrimoine de l’humanité, les Bassin du Congo et de l’Amazonie devraient être préservés du déboisement.

 

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 17:04

17 décembre 2009
Source: Xibar.net

Pour protéger son fils Karim, avec qui il fait l’objet d’une plainte en France, le président Wade avait envoyé des correspondances aux maires de ce pays, pour les défier de vendre tout bien immobilier inscrit en son nom, s’ils en trouvent. Mais, les enquêteurs pourrait bien découvrir quelque chose, à partir de la fille et de l’épouse Wade.

Enrichissement illicite : l’étau se resserre autour des Wade


En effet, la plainte déposée contre le président et son fils par l’association le Moment de se lever pour l’Afrique (Mla) commence à faire son bonhomme de chemin. Pis, elle est entrain de faire tâche d’huile, parce que d’autres Ong, basées en Europe vont déposer une plainte devant le tribunal belge. Pour l’heure, les plaignants devant le Barreau de Paris vont déposer la consignation de 1000 Euros devant le juge en charge de l’enquête. Et, déjà il y a des révélations de taille : La fille du président Wade, Aïda Sindiely Rose, et sa mère, Mme Viviane Madeleine Vert, ont monté des sociétés immobilières en France.

Le Quotiden a confirmé l’information. La mère de Sindiely fut la première à explorer ce créneau. Ce n’était pas avant l’alternance, mais bien à l’aube de l’accession de son époux à la magistrature suprême de son pays. C’est le 6 novembre 2001, précisément, qu’elle a fait enregistrer la Société civile immobilière Yakaar, mot qui signifie l’Espoir. Le 3 septembre 2002, elle partagea ses actions avec son unique fille. Le 6 novembre de la même année, les deux femmes Wade vont créer la Sci Synka, dont , comme le souligne le Quotidien « l’appellation rappelle étrangement la jonction des prénoms de Sindiely et de son frère Karim.

Donc, il ne fait plus de doute que tous les Wade sont dans les affaires, depuis que le père de la famille est devenu président du Sénégal. Bien sûr qu’ils profitent de leurs nouvelles positions pour trouver des biens et les fructifier. Sindiely participe aux courses automobiles, pour s’amuser et booster son commerce. Tout indique que leur espace commercial ne s’arrête pas qu’en France. Pourvu que le juge ne lance pas des commissions rogatoires pour vérifier si les Wade ont les mains propres du côté d’Israël,du Liban et des pays du Golf. Autant de destinations bien prisées par Wade père et fils. Que le juge ne fasse pas vérifier leurs avoirs dans les paradis fiscaux. À défaut, les Wade risquent pire : être tous démasqués. C’est dire que la fin des Wade pourrait être des plus tragiques.

Le Mla semble avoir déposé sa plainte pour « détournements de fonds publics et acquisition de biens immobiliers » là où il fallait, en France. Car, si les Wade agissent, encore impunément au Sénégal, dans ce pays, un juge a levé l’immunité de l’ancien président français, Jacques Chirac, qui comparaîtra devant les tribunaux. C’est dire que le pire est à venir pour les Wade, qui utilisent le Sénégal comme vache laitière.

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 18:58

16 décembre 2009
Camer.be

L'accord franco-africain de Copenhague sera-t-il encore une légitimation internationale de l'alliance séculaire qui unit le (s) locataires de l'Elysée aux tyrans africains (BIYA, DEBY, BOZIZE, SASSOU, BONGO...), que Nicolas Sarkozy reçoit à déjeuner aujourd'hui, mercredi 16 décembre 2009 à 13h00 au Palais de l'Elysée?

Ou alors cet accord visera effectivement à compenser les paysans africains victimes au quotidien de la pollution et de la déforestation occasionnées par l'exploitation anarchique des forêts d’Afrique Centrale par les proches des tyrans conviés à l'Elysée ce midi, notamment leurs propres rejetons (tel Frank BIYA au Cameroun et Francis BOZIZE...), avec la complicité évidente de grands opérateurs français?

 grumiers.jpg

Alors un accord pour quelle Afrique Monsieur Sarkozy? pour quels Africains? On aimerait bien  savoir...

Qui va-t-on compenser ou enrichir à nouveau? BIYA, DEBY, BOZIZE, SASSOU, BONGO (leurs familles)..., ou les paysans africains?...par Copenhague interposé.

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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 21:05

15 décembre 2009
Dr Serge-Nicolas NZI

Chercheur en communication
CH - 6943 Vezia / Ticino
Tel. +41 79 246 53 53
nzinicolas@yahoo.fr



I

 

N’importe quel étudiant en première année de psychologie, vous dira mieux que nous que Le ressentiment : s’apparente à la rancune, les deux expériences s’organisent autour d’une colère conservée. Celle-ci n’est pas toujours présente dans la conscience, mais on s’y réfère de temps à autre ce qui éveille l’animosité. 

En plus de  cette colère statique, le ressentiment renferme une importante tristesse. Cette dernière est cependant peut apparente,  car la colère lui sert de paravent. Comme la rancune, le ressentiment résulte d’une colère avorté et s’applique à des évènements qui sans cessent alimentent le présent ou appartiennent à un passé lointain.
 

Les psychanalystes nous disent que  contrairement  à la rancune, qui est surtout statique, le ressentiment est une expérience qu’on pourrait qualifier de « vivante ». En effet, la personne qui l’éprouve conserve précieusement sa colère et va même jusqu’à la cultiver en ramenant à sa mémoire les faits qui l’on déclenchée. La tristesse, par contre, est ignorée autant que possible, comme si la ressentir pouvait diminuer la colère à laquelle on ne veut pas du tout renoncer.
 

Le ressentiment se caractérise aussi par le fait  qu’il s’appuie sur la perception d’une injustice. C’est à cause de cette que celui qui l’éprouve ne veut pas se départir de sa colère. Ne pas conserver son ressentiment serait à ses yeux une façon d’endosser l’inacceptable. De plus, il désir empêcher le responsable de cette injustice de sortir indemne de la situation,  cet objectif se manifeste souvent par une recherche de vengeance qui n’a pas de fin.
 

L’exemple le plus vivant du ressentiment africain, est le comportement de la France , oublieuse des sacrifices consentis par ces centaines de milliers de combattants africains pour la sortir de l'asservissement,  du déshonneur, et en dépit d'une loi de Mars 1919 qui accordait le droit à réparation pour tous ceux qui ont combattus dans les rangs de l'armée française, a recouru par la loi de finances de 1960 à ce qui a été appelé la " cristallisation " des pensions militaires des soldats africains à des fins mesquines d'économies.
 

L’ingratitude morale de la France est au cœur du ressentiment des africains. Voilà  comment un pays, qui était à plat ventre devant l’occupant allemand, remercie ceux qui sont venus se battre à ses côtés pour le sauver à un moment ou son propre gouvernement n’avait que la collaboration avec l’ennemi comme projet national.
 


II - La France et son aveuglement 

Du Général de Gaulle à Georges Pompidou, en passant par Valéry Giscard Estaing, François Mitterrand, Jaques Chirac et le petit Sarkozy, aucun chef d’Etat français n’a eu l’humilité de reconnaître le mal et la méchanceté gratuite qui ont été perpétrés par le colonialisme français en Afrique.
 

Bien au contraire le petit Sarkozy, nous dit que la repentance est une haine de soit qui n’a plus de place dans les relations entre les nations. Écoutons ce que disait hier encore le chef des combattants vietminh, Hô chi Minh, qui en tant que marxiste, combattait l’impérialisme français, plus que la France pays de Voltaire et de Montesquieu.
 

C’est la rapacité des Français qui l’écœure.  Elle nourrit sa colère et son ressentiment- « Pendant la conquête,  les opérations militaire avaient  chassé les paysans de leurs village et de leurs rizières. À leur retour, ils trouvèrent  leurs rizières entre les mains des concessionnaires qui étaient arrivés dans les fourgons de l’armée française coloniale d’occupation et n’avaient pas hésité à se partager les terres que nos laboureurs travaillaient depuis des générations. D
u coup,  nos paysans devinrent des serfs réduits à travailler leurs propres rizières pour le compte des maîtres étrangers. Cette spoliation s’est effectuée pour des concessionnaires qui n’avaient qu’à dire un mot pour obtenir des superficies dépassant parfois  20 000 hectares. Puis  après avoir volé les terres fertiles, les requins français prélevèrent sur les mauvaises terres des dîmes cent fois plus scandaleuses que les dîmes féodales. Opprimés comme annamites, expropriés comme paysans, volés de tous les côtés par l’administration, par une l’église catholique complice par ses missions. La sainte mission apostolique possédait à elle seule un neuvième des rizières du pays.» 

Notre frère Frantz Fanon, ce médecin psychiatre antillais qui en soignant les fous, voulait aussi sauver les hommes, ajoute d’autres traits à ses yeux plus centraux « pour le peuple colonisé, la valeur la plus essentielle parce que la plus concrète, c’est d’abord la terre.  La terre qui doit assurer le pain et bien sûr la dignité.
 

Cette dignité n’a rien à avoir avec la dignité de la personne humaine. Cette personne humaine, idéale, il n’en a jamais entendu parler. Ce que le colonisé a vu sur son sol, c’est  qu’on pouvait impunément l’arrêter, le frapper, l’affamer. Et aucun professeur de morale, jamais, aucun curé, jamais, n’est venu recevoir les coups à sa place, ni partager son pain avec lui ».
 

Avant d’aller plus loin, faisons ici cette simple observation qu’en France le traumatisme qu’a suscité l’occupation allemande pendant quatre années continue plus de soixante ans après à troubler les citoyens français. Or, en Algérie, les habitants d’origine ont été occupés pendant plus de  cent vingt ans. Nos malheureux pays africains gardent aujourd’hui dans leur chair encore le traumatisme colonial.
 

Nos pays africains de l’espace francophone, font aujourd’hui le constat amer  que leur coopération avec la France ne profite uniquement qu’à la partie française. Ils sont officiellement indépendants,  Mais liés à la France par un pacte colonial qui fait d’eux des pays dépendants de la France.
 

Certaines des conséquences pour les pays africains de la continuation de la dépendance sont évidentes ;  manque de compétition ; dépendance de l’Économie française ; dépendance de l’Armée Française ; dépendance de la diplomatie française ; et la politique porte ouverte pour les entreprises privées françaises, qui sont en situation de monopole oligarchique dans nos pays empêchant de fait la libre compétitivité économique et industrielle. 

Tout au long de son histoire la France à souvent indiquée le bon chemin aux autres nations, en choisissant elle-même le plus mauvais. Sa révolution de 1789 et la prise de la bastille le 14 juillet furent un grand moment fondateur de la liberté comme capitale de la vie en société. Et pourtant que de crimes perpétrés par la France contre les faibles populations africaines. La France patrie des droits de l’homme ? Permettez nous d’en douter. 

La France est dans cette situation où elle n’inspire plus confiance aux africains. Elle doit remercier ceux de ses amis qui ont le courage de lui dire en face, ce qui est son devoir envers l’Afrique, le monde noir et le monde arabo-musulman.
 

La France  a accouchée d’une révolution dont les principes fondamentaux ont été bafoué du début à la fin, car en définitive ni l’égalité,  ni la liberté, ni la fraternité n’ont jamais été réalisé en France, elles sont restées une formule  pour frontons des écoles primaires et des mairies.
 

Jamais la devise de Robespierre n’a été aussi bafouée qu’en ce début de XXIe  siècle qui voit la France  riche, développée et douée  s’installer tranquillement dans la pauvreté d’une bonne  partie de ses citoyens. 

Il est clair que  toute révolution est condamnée à se faire  dévorer de l’intérieur et à se faire dévorer de l’extérieur, mais le sort à la fois tragique et  loufoque de la révolution française est d’autant plus inacceptable qu’elle a été la première dans le monde à proclamer théoriquement de si belles aspirations humanistes.
 

Deux siècles presque pour rien,  dans la mesure où jamais la censure sociale et la détresse morale n’ont été aussi  profondément installées que dans la France d’aujourd’hui.  Dans la ségrégation sournoise qu’elle entretien, si vous avez le malheur dans cette France de vous appelez, Mamadou, Yao, Mohamed, Fatou  ou Andrazana, soyez certains que vous ne trouverez pas du travail quelques soient vos diplômes, les noirs et les arabes, c’est bon pour le ménage ou le gardiennage. 

Cela est profondément révoltant et humiliant pour les utopistes, les humanistes et les ressortissants des anciennes colonies du monde entier qui comme nous, crurent  aux balivernes et autres proclamations de justice,  de fraternité, d’égalité  et de liberté découlant de la révolution française. 


III -  Massacres et méchanceté criminelle de la France

Parlons maintenant de faits concrets et vérifiables. Car en définitive la déception et le ressentiment poussent les Africains d’aujourd’hui à une méfiance naturelle envers la France,  son double langage et  son armée,  ont érigé le massacre des populations civiles comme moyen de perpétuer l’honneur perdu de la France à travers les massacres de Thiaroye au Sénégal le 1er décembre 1944. 

Le 8 mai 1945, on célèbre la fin de la seconde guerre mondiale, c’est malheureusement le jour de la répression sanglante à Sétif et Guelma en Algérie 20 000 morts, même l’aviation française fut réquisitionnée pour bombarder les zones insurgées. 

Le 29 mars 1947,  une insurrection éclate à Madagascar, des renforts sont rapidement acheminés et ce fut le carnage des milliers de civils sont abattus et massacrés à la baïonnette des villages rasés, 100 000 morts, la pacification de Madagascar est le grand oublié des massacres coloniaux. 

Le 17 octobre 1961, la France du général De Gaulle ordonne la répression criminelle d’une manifestation sur l’initiative de la fédération de France du FLN dans les rues de Paris et en banlieue. Cette manifestation visait à dénoncer le couvre-feu raciste imposé au « français musulmans d’Algérie » la police parisienne était commandé par le préfet Maurice Papon. Les manifestants furent mitraillés et massacrés,  900 morts en plein Paris. 

Certains furent jetés  dans la Seine après avoir été bastonné, ceux qui ne purent s’échapper furent rafler et pour être envoyé dans des centres de rétention où ils furent torturés, certains furent même pendus à des arbres dans les bois. Le savoir-faire de Maurice  Papon sous l’administration du Général De Gaulle, montre une fois de plus la collusion étroite entre les méthodes fascistes et coloniales. La France,  fidèle  aux syndromes de Thiaroye à occulté jusqu’à ce jour cette partie de sa propre histoire. 

Massacre en pays bamiléké au Cameroun, entre 1960 et 1970, les forces camerounaises sous la direction de l’armée française commandée par le général Max Briand rasent le pays bamiléké 156 villages sont incendiés 40 000 personnes sont massacrées. 

Le ministre des armées du général De Gaulle, Mr. Pierre Guillauma, a évoqué cette tragédie en des termes plutôt élogieux dans un livre de François Xavier Verschave : voici ce que déclare Mr. Guillauma :    « Foccart a joué un rôle déterminant dans cette affaire. Il a maté la révolte des Bamiléké avec Ahidjo et les services spéciaux. C’est la première fois qu’une révolte de cette ampleur a été écrasée convenablement.» 

C’est le ministre des armées d’une des grandes démocraties du monde occidental qui parle. La postérité appréciera. Sincèrement, y a t-il des preuves plus convaincantes que celles, aussi claires, qui sortent de la bouche d’une personnalité de ce rang ? Jamais de mémoire d’homme, on a vu un pays qui accepte de façon aussi pertinente et triomphaliste la responsabilité d’un désastre aussi important contre les populations civiles d’un autre pays. 

N’oublions pas les massacres de novembre 2004 sur l’esplanade de l’Hôtel Ivoire, à Abidjan en Côte d’Ivoire. Les journées d'émeute anti-françaises qui s'ensuivent après la destruction des aéronefs de l’armée ivoirienne par la force française de l’opération licorne en mission de paix. 

Connaissent leur point culminant le 9 novembre devant l'hôtel Ivoire. Là, un détachement français tire à balles réelles sur une foule de milliers d'Ivoiriens désarmés. Le même jour, des hélicoptères français tirent sur des manifestants stationnés sur les deux ponts au-dessus de la lagune Ebrié. Bilan de ces évènements : au moins une soixantaine de morts - une vingtaine selon la France - et un millier de blessés, pour la plupart dans la cohue. Ces faits qui ne font l'objet d'aucune poursuite judiciaire en France, car cela pourraient tomber sous l'article 8 du Statut de la CPI qui définit les crimes de guerre par "le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile" ou "en sachant qu'elles causeront incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile.
 


IV - Le Génocide rwandais

N’oublions pas aussi l’abominable génocide  Rwandais, qui est une des nombreuses casseroles de la françafrique. Une commission d’enquête citoyenne émanant de la société civile française a examiné du 22 au 26 mars 2004,  les documents,  témoignages, les avis des experts qu’elle a réunis. L’implication de la France  s’est révélée au-delà de ce que nous pensons. 

La commission constate dans son rapport que les troupes spéciales françaises ont formé de 1991 à 1993 dans plusieurs camps d’entraînement, des milliers d’hommes de l’armée mono ethnique du régime Hutu du Président Habyarimana, des hommes qui pour beaucoup allaient devenir les encadreurs du génocide. Cela n’est pas contesté. 

- Un témoin visuel entendu par la commission assure que, déjà en avril 1991, des militaires français arrêtaient les tutsis à un barrage routier près de Ruhengeri, sur la base de leur carte d’identité ethnique, et les remettaient aux miliciens en route qui les assassinaient aussitôt ; le Président Rwandais, le Général Paul Kagamé a déjà dit dans une interview à un quotidien français, qu’il détient des cassettes vidéo à ce sujet.

- Il n’est pas contesté que l’opération turquoise n’a rien fait pour empêcher les militaires et les miliciens du génocide de s’installer avec armes et bagages à quelques kilomètres du Rwanda. 

- L’autorité  Hutu en fuite de la Banque nationale du Rwanda, a pu retirer en  six prélèvements des sommes importantes à la Banque de France et à la BNP : 2737 119,65 FF du 30 juin au 1er août 1994, pour la Banque de France : 30 488 140,35 FF.  La commission se demande comment des responsables du génocide en fuite et recherché de par le monde,  peuvent arriver à Paris et  oser effectuer des retraits bancaires, au nom d’institutions qu’ils ne dirigent plus ? 

Des sommes importantes, ne vont-elles pas alimenter des achats massifs d’armes, pour alimenter la reconquête du pouvoir par les Hutus ? C’est des questions qui ressurgiront demain. Le Rwanda aujourd’hui a rompu ses relations diplomatiques avec la France et vient d’être admis comme le 53ème membre du Commonwealth. Le seul but  des dirigeants rwandais est de sortir définitivement de la sphère d’influence française. Ce qui confirme le slogan des patriotes abidjanais qui disaient dans les moments douloureux des massacres de l’hôtel ivoire : 

« Nous préférons suivre le diable en enfer, que de suivre la France au paradis ».

Voilà la réalité du ressentiment qu’éprouve d’une grande majorité de l’opinion africaine envers la France et son gouvernement. 


V - La loi française du 25 février 2005

Pour ceux d’entre vous qui ne le savez pas encore, le parlement français, dans la précédente législature a adopté une loi le 23 Février 2005 visant à la reconnaissance de l’œuvre positive de la France et de l’ensemble de ses citoyens qui ont vécu outre-mer pendant la période coloniale française. 

Mesdames et Messieurs, devant un étalage aussi cynique d’arrogance, même un animal se poserait des questions de savoir : l’œuvre coloniale a été positive pour qui ? Le colonialisme a-t-il été seulement positif? Le colonialisme français n’est-il pas coupable de crime contre l’humanité, de génocide, de racisme, de massacres,  de négation des autres cultures et de domination des autres peuples ? 

Le paternalisme est-il positif ? En définitive, quelle est la signification du terme « positif » ? Selon nous et de manière très générale, est positif tout élément ayant apporté un mieux, un bénéfice, un progrès.  Seul un parlement déserté par l’intelligence peut tomber dans une telle médiocrité et voter une loi aussi stupide et insultante pour les peuples qui ont vécu dans leur chair la méchanceté criminelle du colonialisme français. 


VI - Postulat de conclusion
 

Il est évident que les gouvernants africains sont en grands partis responsables de l’Etat de délabrement de nos malheureux pays africains et de la pauvreté croissante de nos peuples. C’est à eux de faire aujourd’hui des choix de gouvernance démocratique pour que naisse chez nous aussi, la justice sociale et la paix au service d’une économie porteuse de dignité pour tous nos concitoyens. 

Au demeurant, notre conception des rapports franco-africains à évolué suivants les deux lignes crêtes que nous livrons aujourd’hui aux gaullistes, aux néogaullistes et à tous ceux qui veulent participer à la reconstruction des relations franco-africaines pour que la francophobie qui couve aujourd’hui et qui risque de s’installer durablement entre nous s’atténue et cède le pas à une coopération au bénéfice de nos pays africains et de la France   et non au profit exclusif de la France,  dans l’humiliation continue de nos peuples. 

1)    La première  est une ligne idéaliste, philosophique, sentimentale qui correspondait à la phase euphorique des indépendances. Nous n’étions pourtant pas aveugles sur la nature des relations définies par les « accords de communauté, ou de coopération » et qui recelaient structurellement des risques perceptibles de domination et de satellisation de nos pays africains. 

La France, nation aînée, détenait les centres de décisions, occupait la position de leader du groupe. Mais on espérait, malgré tout, que l’amitié fraternelle qui était à la base de nos rapports l’emporterait sur les effets d’emprise des structures,  sur l’instinct de puissance et les tentations de l’ex-colonisateur à imposer ses lois et ses volontés comme normes de coopération. 

Faute d’analyse objective, nous avons confondu le domaine de la science politique avec celui de la métaphysique, frayant ainsi le chemin à d’amères désillusions. 

2)    C’est là que nous sommes passés à une seconde ligne qui consacre notre phase de désillusion. 

C’est la découverte  du réalisme politique fondé sur une analyse objective des rapports internationaux. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les combats de nos pères et de nos frères d’hier : de Kwamé Nkrumah à  Patrice Lumumba, du  Colonel Gamal Abdel Nasser à  Sylvanus Olympio, de Ruben Um Nyobé à d’Amilcar Cabral,  du Commandant Marien Ngouabi, au Capitaine Thomas Sankara. 

Les combats qu’ils ont menés nous enseignent qu’il n’y a pas d’exemple dans l’histoire de pays dominé qui ont réussi leur développement, ou dont le plein épanouissement national à été l’œuvre d’un autre pays. C’est grâce au pouvoir d’autodétermination  conféré par  l’indépendance qu’un peuple retrouve la libre disposition de lui même et peut  alors s’organiser de manière à bâtir une économie, une culture, une nation à son service.

Voilà pourquoi nous revendiquons la deuxième indépendance de nos pays africains issus de la colonisation française afin de briser le carcan étouffant  des séquelles de la domination française et de la combine mafieuse  qui continuent de vicier nos  rapports avec la France officielle. 

Nous pouvons choisir dans cette voie l’épreuve de force à la manière du Dr Mohamad Mossadegh, en Iran ou du Colonel Gamal Abdel Nasser, en Egypte avec la certitude de gagner à long terme, ou la voie du dialogue constructif dans une renégociation  qui prend en compte les intérêts des deux parties. 

Car en définitif,  nous considérons d’une manière générale que la souveraineté d’un pays  ne doit s’accommoder d’aucune allégeance quelle qu’elle soit, et que la coexistence des Etats a besoin, pour être durable et profitable à tous, doit être établie sur le respect et la considération réciproque et non sur des rapports entre tuteur et mineur. Elle doit être exempte de toute contrainte et laisser intacte, chez chacun, la capacité de choisir et de refuser. 

La situation de monopole des entreprises françaises dans nos pays,  leurs tendances à la surfacturation et à l’ingérence dans nos affaires, leur volonté  de vouloir décider pour nous sans notre avis et cela avec le soutien des gouvernants français  dont les campagnes électorales sont financés   par ces entreprises et les régimes fantoches d’Afrique, nous font dire ici : 

Que la vraie coopération franco-africaine doit prendre à bras le corps la lutte contre la pauvreté, pour que nous puissions  avoir chez nous aussi des routes praticables en toutes saisons, des hôpitaux pour nous soigner des écoles pour éduquer et former notre jeunesse, bref, faire en sorte que des choses simples comme se loger, mettre son fils à l’école et se nourrir convenablement  ne soient plus un rêve pour notre génération. 

Que la gestion du franc CFA sorte complètement  de l’opacité actuelle pour ne pas faire de nos pays des éternels  pourvoyeurs de devises du trésor français.  C’est un immense scandale qui s’apparente à du vole, nous demandons aux dirigeants français d’ouvrir simplement leurs yeux si longtemps fermés sur la réalité africaine.

Pour constater que tous les pays anglophones d’Afrique, disposent de leur propre monnaie, il n’y a pas de souveraineté sans monnaie. Une monnaie sur laquelle on n’a aucune emprise, une monnaie téléguidée de l’étranger n’a jamais dans l’histoire assuré le développement économique d’un peuple. 

Que les dirigeants politiques Français y prennent garde. Car ce sera la source du prochain grand contentieux  franco-africain. Avec l’armée française tirant à balles réelles sur des foules africaines et des  contingents de rapatriés français fuyant l’Afrique en  perdant tous leurs biens  devant la colère des peuples trahis par la France officielle. Cette réalité risque de se répéter dans de nombreux pays africains. 

Comme nous le montre si bien les images des évacuations en catastrophe de huit mille français d’Abidjan en novembre 2004, la crise ivoirienne deviendra  un vrai cas d’école pour tous les pays africains qui étouffent sous l’emprise  de l’ogre français. 

Devant de telles images, nous sommes tous saisi par un profond dégoût vis-à-vis de la françafrique, de ses officines mafieuses et de ses séquelles profondément enracinées dans la coopération franco-africaine. 

Bref dépoussiérer  les accords de coopération avec la France de ses séquelles coloniales et néocoloniales  hérité du gaullisme pour que naisse enfin une coopération franco-africaine, accoucheuse de la deuxième indépendance de nos pays africains de l’espace francophone. 

Finalement il faut changer de regards. Changer la nature des regards qui sont tournés vers l’Afrique mais aussi vers les français et la  France, celle  des lumières, celle de Mauriac, de Camus, de Malraux et de Sartre.
 

C’est ce qui nous fait dire à la suite de notre maître le Pr. Joseph Ki Zerbo que :
 

« Seul l’avenir est grand, parce qu’il est avenir, nous pouvons l’invoquer, nous pouvons le convoquer, nous pouvons le domestiquer, comme une bête féroce qui vient vers nous ».
 

Puisse cette modeste contribution nous conduire à un dialogue constructif et à une meilleure compréhension pour nous éloigner des rancœurs, des rancunes et des ressentiments tapissés par l’histoire douloureuse des relations franco-africaines actuelles. 

Mer
ci de votre aimable attention. 

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Textes De Juliette