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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 10:42

22 juin 2009 
Idriss Linge
Mutations


L’information qui n’a pas encore été confirmée de sources officielles semble de plus en plus probable. Le quotidien Mutations qui rapporte cette information confirmée par l’agence de presse APA news précise seulement que certaines dispositions prises au Hilton hôtel de Yaoundé sont de nature à renforcer les convictions sur la tenue d’un évènement de grande ampleur. Toujours d’après Mutations, toutes les dispositions ont déjà été prises à l'hôtel Hilton de Yaoundé, pour accueillir les délégations des pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (Cemac). C'est ainsi par exemple que le séminaire du Conseil régional des institutions supérieures de contrôle des finances publiques d'Afrique francophone (Cresias), qui démarre ce matin à l'hôtel Hilton, à été délocalisé du 10ème étage parce qu'on "attend les chefs d'Etat de la Cemac", aurait rapporté une source proche de l'organisation dudit séminaire.

La tenue de ce sommet extraordinaire montre clairement que la disparition du président gabonais bouleverse profondément l’espace géopolitique de la sous-région Afrique centrale. C’est le premier sommet de cette institution sans Bongo Ondimba. La conduite de la transition dans ce pays pourrait ainsi être au centre du sommet des chefs d'Etat convoqué à Yaoundé cette semaine. La question est loin d’être banale. Bongo parti, le Congo de Sassou Nguesso perd un allié de poids, le Cameroun même si on ne l’affirme pas vraiment un conçurent direct, la Centrafrique et la Guinée équatoriale un partenaire des décisions politiques. Mais il y a aussi la redistribution des cartes dans le réseau local de la françafrique.

Deux chefs d’Etat seront particulièrement concernés ici, si on se base sur les derniers évènements. avant de se rendre aux obsèques du président Bongo considéré comme le sage et l’interlocuteur par excellence de la Cemac, le chef de l'Etat camerounais a reçu au palais de l'Unité le 12 juin dernier, Alain Bauer, Conseiller du président Nicolas Sarkozy, qui au sortir de son audience a déclaré à la presse: On va voir dans quelles conditions on va trouver des interlocuteurs qui vont parler au nom de l'Afrique, pas seulement à l'Europe, mais aussi à la Chine, à l'Inde… Cette dimension est loin d'échapper au président Biya qui est certes un homme discret, mais qui profite de cette discrétion pour travailler.

C'est un Paul Biya très dynamique que l'on a vu aux obsèques d'Omar Bongo. On a pu ainsi remarquer que contrairement à ses habitudes, il s’est impliqué sérieusement dès son arrivée à Libreville en rencontrant tour à tour Ali Ben et Pascaline Bongo, les deux les plus en vue de la course pour la succession, Jean Eyeghe Ndong, le premier ministre gabonais, Casimir Oyé Mba, le ministre gabonais du pétrole, deux conseillers de Nicolas Sarkozy, et même ses homologues François Bozizé de la Centrafrique et Idriss Deby Itno du Tchad. Les personnes qui connaissent le mieux le chef de l’état camerounais affirment que cet engagement n’est pas une feinte de sa part. Et au-delà de l’intérêt communautaire, Biya a tout intérêt à ce que la transition se passe en douceur chez son voisin. Avec les questions d’insécurité au golf de guinée ; la situation toujours précaire au Tchad et en Centrafrique, l’ouverture d’un pôle d’insécurité au Gabon renfermerait le Cameroun au cœur d’une poudrière peu enviable, et surtout ferais perdre au Cameroun son premier consommateur de vivres frais.

Les autres chefs d’Etat ont aussi une réelle attention portée à la transition au Gabon. Avec le décès de Bongo la guinée équatoriale risque fort bien de se retrouver en minorité, et une instabilité au Gabon ne serait pas pour servir Obiang Nguéma dont le Gabon est une réelle couverture géostratégique. François Bozize a perdu avec Omar Bongo son unique vrai soutient dans la sous région. Cette préoccupation est tellement marquante qu’on l’aurait d’après le blog d’information centrafricain Centrafrique-presse vu en train de mener un activisme profond lors des obsèques du président gabonais. 

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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 12:07
20 juin 2009
Juliette Abandokwe


Voici une vidéo sur la RCA, qui brosse un vrai gentil gentil portrait de la tutelle française en Centrafrique! Une brillante plaidoirie sur la nécessité de garder l'Afrique en esclavage!
 
 
Escamotage total des brutalités et des violations des droits de l'homme du régime contre la population et contre ceux qui osent se lever et se rebeller contre "l'establishment", cautionnnés par le colon donc encouragé implicitement, et qui ne deviennent ainsi plus qu'un détail insignifiant!!! Le Centrafrique n'est qu'un exemple, illustrant parfaitement le poids de la présence du gaulois au Cameroun, au Tchad, au Congo, au Gabon, et j'en passe.
 
De la pure propagande de l'indispensabilité de la France, d'un paternalisme épouvantable, et notamment du caractère bon élève de François Bozizé, de son incompétence totale.
 
Les mots me manquent, et se bousculent dans mon arrière palais. Mais en résumé, mon commentaire est que cette vidéo, mis à part sa qualité en image et en documentation, est une honte pour le petit peuple centrafricain, et lui donne un vrai sourire banania!!
 
La France est un vrai empire colonial aujourd'hui, et ses méthodes sont bien plus pernicieuses qu'autrefois, car plus que jamais soutenues à fond par les instances internationales...! L'opinion internationale occidentale suit le train à la queue leu leu....
 
Il n'est vraiment pas facile du tout de s'imaginer comment l'Afrique va pouvoir se débarrasser de cette terrible et empoisonnante chape de plomb!!
 
Et malgré tout, il faut garder l'espoir, car c'est tout ce qui nous reste! Une des meilleures armes que nous avons, c'est la connaissance, et la dénonciation. Et ne vous méprenez pas, ce ne sont pas des armes insignifiantes. Elles sont capables de traverser les âmes....

A bon entendeur!
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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 14:38
19 juin 2009  
Linternationalmagazine.com

 
Le texte reconnaît "l’injustice fondamentale, la cruauté, la brutalité et l’inhumanité de l’esclavage" et des lois ségrégationnistes connues sous le nom de "lois Jim Crow" qui ont été abolies en 1964 par la loi sur les droits civiques, le "Civil Rights Act" qui interdit toute forme de discrimination dans les lieux publics.
 
Esclavage : le Sénat américain présente des excuses aux Noirs

Cinq mois après l’entrée à la Maison-Blanche du premier président noir, Barack Obama, le Sénat des Etats-Unis a formellement présenté des excuses jeudi, au nom du peuple américain, pour "l’esclavage et la ségrégation raciale" envers les Noirs américains.

Cette résolution symbolique a été approuvée par acclamation, démocrates et républicains étant largement d’accord sur les termes du texte. La résolution devra être également être adoptée par la Chambre des représentants, mais ne requiert pas de signature du Président Obama. Elle intervient à la veille de lacélébration annuelle de la fin de l’escalavage aux Etats-Unis en 1865, après la guerre de Sécession.

Le texte adopté présente des "excuses aux Noirs américains au nom du peuple américain, pour le mal qui leur été fait, ainsi qu’à leurs ancêtres qui ont souffert de l’escalavage et des lois Jim Crow".

En outre, le texte qui reprend les termes de la déclaration d’Indépendance des Etats-Unis du 4 juillet 1776 réclame un "nouvel engagement du Congrès au principe selon lequel tous les êtres sont créés égaux et avec des droits inaliénables à la vie, la liberté, et la poursuite du bonheur".
 

Injustice, cruauté, brutalité et inhumanité

Toutefois, il stipule bien que le texte de la résolution ne peut servir de "support à une plainte contre les Etats-Unis". D’ailleurs, le groupe des élus noirs de la Chambre des représentants, a exprimé ses "inquiétudes" sur cette dernière disposition.

L’ancien président Bill Clinton avait exprimé ses "regrets" pour le rôle des Etats-Unis dans la traite des esclaves. Le prédécesseur de Barack Obama, George W. Bush, avait qualifié l’esclavage de "l’un des plus grands crimes de l’Histoire", lors d’une visite en juillet 2003 sur l’île de Gorée au Sénégal, lieu de mémoire de la traite des Noirs.

Certains Etats américains ont adopté de leur côté des résolutions regrettant l’esclavage. En juillet 2008, la Chambre des représentants avait présenté ses excuses formelles une première fois au nom du gouvernement fédéral pour "la fondamentale injustice, la cruauté, la brutalité et l’inhumanité" de l’esclavage et de la ségrégation raciale les Noirs. Il s’agissait alors du premier repentir officiel.

Les premiers esclaves africains étaient arrivés en 1619 sur les côtes de la colonie britannique de Virginie (est) ce qui, comme le souligne la résolution, porte à 246 le nombres d’années d’esclavage dans l’histoire américaine. L’esclavage n’a été officiellement aboli aux Etats-Unis qu’en 1865, dans le 13e amendement de la Constitution.

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 11:40

18 juin 2009 
Paul Chaufour
L'Humanité 
 

Présent dans la capitale pour les obsèques d’Omar Bongo, Nicolas Sarkozy a été pris à parti par la foule.

Les présidents français ont connu meilleur accueil. Arrivé hier matin à la tête d’une importante délégation pour assister aux obsèques du président gabonais Omar Bongo Odimba, Nicolas Sarkozy a été hué par une cinquantaine de personnes devant le palais présidentiel où se déroulait la cérémonie. Les maigres applaudissements saluant son arrivée n’ont pu couvrir les interjections de la foule : « On n’en veut plus de vous, la France est ingrate ! » crie ainsi un anonyme avant de renchérir : « La France, si elle est ce qu’elle est, c’est grâce au Gabon. »

Tandis que les Gabonais pleurent leur « Papa Bongo », qui sera enterré demain à Franceville dans le sud-est du pays, ce mini-incident est symptomatique de la récente détérioration des relations entre la France et le Gabon, autrefois partenaire chéri de la Françafrique. L’ouverture en mai dernier par une juge d’instruction du pôle financier de Paris d’une enquête pour « recels de détournement de fonds publics », mettant notamment en cause le patrimoine de la famille Bongo, avait provoqué une fêlure diplomatique. L’ambassadeur de France à Libreville préfère évoquer « la nouvelle du décès annoncée (par les médias français) de façon prématurée », très mal ressentie au Gabon.

Mais, loin de ces considérations, c’est avant tout un ras-le-bol qu’expriment ces sifflets : « Bois, pétrole, manganèse, on vous a tout donné », crient désormais les Gabonais, exaspérés par la dispersion des ressources naturelles de leur pays, maintenu dans la pauvreté par la main de la Françafrique.

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 16:23

17 juin 2009
Afrik.com 

Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner a indiqué, mercredi, sur les ondes de la radio RTL, que la « Françafrique, c’est fini ». Au sujet de la succession du président gabonais, Omar Bongo, le chef de la diplomatie française a indiqué qu’« il n’y a pas de candidat français et qu’il n’y a pas d’intervention française : il faut que les Gabonais trouvent leur président tout seuls ». 

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 16:09
16 juin 2009
Stéphane Ballong
Afrik.com


Le patron de Progosa se dit victime d’une « machination »

La guerre qui oppose, depuis plusieurs années, le groupe français Bolloré à l’espagnol Progasa pour le contrôle du port autonome de Lomé, au Togo, a tourné, fin mai, à l’avantage du premier. Progosa, accusé de fraudes fiscales par les autorités togolaises a été évincé de la gestion des activités manutentionnaires du port. Jacques Dupuydaudy, le patron de cette compagnie, qui, depuis, s’est replié en Espagne, nie toutes ces accusations et promet de se battre jusqu’au bout. Selon les observateurs, il serait victime d’une manœuvre politique à l’approche de la présidentielle togolaise prévue pour début 2010.

Vincent Bolloré reprend pied au Togo. Le groupe espagnol Progosa, son concurrent de toujours, a été évincé, fin mai, des activités de manutention dont il avait le contrôle, depuis 2001, au port autonome de Lomé.

Le patron de Progasa, Jacques Dupuybaudy, qui était dans le collimateur des services fiscaux togolais depuis plusieurs mois, serait sous le coup d’un redressement d’un peu plus d’un milliard de francs CFA. Robert Bakaï, le procureur de la république du Togo, affirme qu’il est soupçonné « de fraudes massives et de détournements de fonds ». Conséquence : ses comptes ont été saisis et ses sociétés SE2M et SE3M qui avaient la mainmise sur une bonne partie du port autonome de Lomé ont été placées sous le contrôle d’un administrateur provisoire. Ce dernier serait le représentant du groupe Bolloré au Togo.


« Il y a dix jours, j’étais encore tout beau »

Pourtant, entre le pouvoir togolais et Jacques Dupuydauby, proche des anciens présidents togolais Gnassingbé Eyadéma et français Jacques Chirac, c’était le grand amour. « J’étais encore tout beau il y a dix jours. Et très intime avec Faure Gnassingbé depuis dix ans », a indiqué à l’AFP l’homme d’affaire franco-espagnol. Pour lui, cette rupture brutale n’est rien d’autre que le fruit d’une « machination » orchestrée par le juriste français, faiseur de Constitution au Togo, Charles Debbasch.

Désormais persona non grata à Lomé, le patron de Progosa a établi son quartier à Séville, en Espagne, où est basée le siège de sa compagnie. Le site officiel du Togo, Republicoftogo écrivait le 30 mai que l’homme d’affaire aurait précipitamment quitté le Togo, mardi 26 mai. Le procureur Robert Bakaï ajoute que M. Dupuydauby a fui « au moment où la machine judiciaire allait se mettre en branle ». Mais dans une missive adressée au président togolais, Faure Gnassingbé dont l’AFP a repris des extraits, Jacques Dubuydauby dément cette accusation : « vous avez été témoin, écrit-t-il au chef de l’Etat, de la présence de mon avion au côté du vôtre, sur l’aéroport de Lomé (...) et plus tard sur l’aéroport de Ouagadougou puisque nous sommes partis pour la même destination à un quart d’heure d’intervalle afin d’y rencontrer la même personne ».


Jacques Dupuydauby affirme détenir « des documents très embêtants »

C’est du Burkina Faso, indique Jeune Afrique, que Jacques Dupuybaudy aurait effectivement rejoint l’Espagne. Il s’y serait rendu dans la matinée du 26 mai, pour rencontrer le président Blaise Campaoré. « Ce n’est qu’à la tombée de la nuit, écrit l’hebdomadaire panafricain, alors qu’il dînait avec l’un de ses conseillers – l’ancien Premier ministre nigérien Abdoulaye Souley –, qu’il a été informé de la perquisition à son domicile [de Lomé]. Se sentant menacé, il a quitté précipitamment le Burkina. Destination  : Séville, en Espagne. » Le franco-espagnol qui, selon les autorités togolaises, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, affirme s’être mis à la disposition de la justice espagnole et d’Interpol. « Mais, ajoute-t-il, personne n’était informé de rien ». Désormais viré du Togo, le patron de Progosa se dit déterminé à reprendre ses affaires même si cela semble quasi-impossible. Jacques Dupuydauby qui a indiqué à l’AFP qu’il attend des « émissaires » du gouvernement togolais en Espagne, affirme détenir des « documents très embêtants ».

Cette affaire, selon les observateurs avertis de la politique togolaise, aurait un lien avec la prochaine élection présidentielle prévue pour début 2010. L’éviction de Progasa du port autonome serait avant tout une décision politique. Il s’agirait pour la présidence togolaise, à l’approche de l’échéance de l’année prochaine, d’obtenir le soutien de l’Elysée en permettant à Vincent Bolloré, grand ami du président Nicolas Sarkozy, de reprendre le contrôle du port autonome de Lomé.

Dans son édition du 6 février 2008, le satirique français, le Canard enchaîné rapportait que Nicolas Sarkozy, lors d’un échange en marge du sommet Europe-Afrique de Lisbonne en 2007, avait indiqué à son homologue togolais au sujet de la concession du port autonome de Lomé : « Bolloré est sur les rangs. Quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises. » Le message serait-il passé ? Visiblement.
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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 12:07

Avril 2009
Thomas Deltombe


« Ce n’est pas parce qu’on est ami avec quelqu’un qu’il n’y a pas d’éthique dans nos rapports », commentait sobrement M. Vincent Bolloré alors qu’on l’interrogeait sur les luxueuses vacances offertes au président Nicolas Sarkozy en 2007. De fait, le groupe dirigé par l’industriel français occupe une place particulière dans l’économie nationale : impliqué dans les films plastique, les transports ou l’énergie, il dispose de plusieurs filiales qui bénéficient parfois de contrats avec l’Etat. Créé en 1822, toujours détenu majoritairement par la famille Bolloré, le groupe se place parmi les cinq cents premiers conglomérats du monde. S’il est implanté un peu partout, l’Afrique semble sa terre d’élection. Là, la guerre industrielle fait rage, notamment pour la concession des ports récemment privatisés. Ce sont les relations du groupe avec des régimes locaux peu scrupuleux — tel celui de M. Charles Taylor au Liberia, ou celui du « Françafricain » Paul Biya au Cameroun — qui l’ont mis sous le feu de la critique. Mais M. Bolloré peut compter sur un solide réseau d’amitiés politiques et sur les médias qu’il contrôle pour se défendre.


    « Pour nous, les médias, il offre

    l’image parfaite du héros contemporain.

    Renouant avec les chevaliers d’industrie,

    il nous ferait oublier la crise. »

     

    Reportage de TF1

    sur Vincent Bolloré (1986) (1).


Pendant longtemps, les médias français se sont attendris sur le visage poupin de M. Vincent Bolloré. Le « petit prince du cash- flow », comme on l’appelait dans les années 1980, incarnait le « capitalisme nouveau », l’entrepreneur éthique, qui avait su concilier paix sociale et rentabilité financière. Micros et caméras se bousculaient devant le responsable de la Confédération générale du travail (CGT) de sa papeterie d’Odet, en Bretagne, qui affirmait main sur le cœur vouloir « jouer le jeu du profit » et préférer la « modernité à la lutte des classes ».

Mais le portrait du golden boy breton des « années fric » a, depuis, pris quelques rides. Il y eut d’abord ces opérations boursières dans les années 1990, contre le groupe Bouygues en particulier, qui lui valurent une réputation d’homme d’affaires rapace, empochant de juteux dividendes sur les cadavres trahis. Il y eut aussi cette familiarité affichée avec insolence, de son yacht de luxe à son jet privé, avec un Nicolas Sarkozy fraîchement installé à l’Elysée. Soupçons, collusions, l’ange milliardaire est, dans une partie de la presse, devenu démon (2).

Et voilà que remonte à la surface une autre facette de M. Bolloré : les activités de ses entreprises en Afrique. En vingt ans, ce continent est devenu un des piliers d’un groupe dont il a longtemps constitué la « face cachée ». L’Afrique ne représente, certes, qu’un quart de son chiffre d’affaires officiel (1,4 milliard d’euros sur 6,4 en 2007). Mais, avec ses dix-neuf mille salariés, ses deux cents agences réparties dans quarante-trois pays et les installations hautement stratégiques qu’il contrôle (ports, transports, plantations), M. Bolloré y agit comme un empereur conquérant dont les réseaux politiques et médiatiques constituent les armes favorites.

La bataille qui fait le plus de bruit dans les médias est celle des ports africains, lesquels constituent la clef de voûte de son réseau local de transport et de logistique. Le groupe Bolloré est en effet propriétaire de plusieurs sociétés qui ont fait fortune, à l’époque coloniale, dans le transport, le transit et la manutention des produits d’import-export avec le continent. Les deux principales sont la Société commerciale d’affrètement et de combustibles (SCAC) d’une part, rachetée en 1986 et fusionnée par la suite avec d’autres branches du groupe pour donner naissance à SDV Logistique internationale ; et d’autre part SAGA, sœur jumelle de la précédente, rachetée après moult intrigues en 1997. En outre, Bolloré profite de la vague de privatisations imposée aux pays africains par les institutions financières internationales (IFI), obtenant la concession d’infrastructures stratégiques héritées, elles aussi, de l’époque coloniale — comme, en 1995, la Société internationale de transport africain par rail (Sitarail), qui relie le Burkina Faso à la Côte d’Ivoire, et, en 1999, la Camrail, compagnie ferroviaire du Cameroun qui joue un rôle essentiel dans le désenclavement du Tchad et de la Centrafrique.

En ce qui concerne les installations portuaires, Bolloré a — en seulement cinq ans — raflé, à travers ses différentes filiales et parfois en partenariat avec d’autres opérateurs, la gestion de plusieurs terminaux à conteneurs mis en concession : Douala (Cameroun), Abidjan (Côte d’Ivoire), Cotonou (Bénin), Tema (Ghana), Tincan (Lagos, Nigeria) et plus récemment Pointe-Noire (République du Congo)...

En connexion avec les deux cents agences dont dispose le groupe dans une quarantaine de pays africains, et avec ses chemins de fer, ses milliers de camions et ses millions de mètres carrés de surface de stockage, la gestion des ports assure de fait au groupe Bolloré une redoutable emprise sur le continent. Sous la marque ombrelle Bolloré Africa Logistics, créée en septembre 2008, il est devenu le « premier réseau intégré de logistique en Afrique » (3). Mais, derrière les communiqués triomphants, c’est une véritable guerre aussi politique qu’économique qui se joue autour des ports africains.

Ainsi, pour remporter la concession de celui de Dakar en 2007, M. Bolloré a utilisé tous ses leviers d’influence. Outre son affichage au côté de M. Sarkozy, il a mobilisé MM. Alain Madelin et François Léotard pour appuyer son dossier, et missionné M. Arnaud Lagardère pour tenter de décourager son principal adversaire, le mastodonte des Emirats arabes unis Dubai Ports World (DPW) (4). Il a aussi fait consacrer une émission spéciale au président sénégalais sur la chaîne de télévision de son groupe, Direct 8, et une double « une » dans ses journaux dits gratuits, Matin plus (devenu au début de 2008 Direct matin plus) et Direct soir. Avec un titre d’une touchante sobriété : « Abdoulaye Wade : un grand d’Afrique » (Direct soir, 20 mars 2007)...


Ces efforts ne furent pourtant pas récompensés : la gestion du terminal portuaire de Dakar échut finalement à DPW en octobre 2007. Bien qu’il conteste en sous-main cette attribution, M. Bolloré n’en garde pas moins, devant la presse, le sourire des beaux joueurs. Et entonne le refrain libéral : l’échec sénégalais ne démontre-t-il pas que, loin de la fuir, comme on l’en a toujours accusé, son groupe joue le jeu de la saine concurrence ? N’est-ce pas la preuve qu’il n’y a, pas plus au Sénégal qu’ailleurs, de « chasse gardée » pour les multinationales françaises (5) ? « Si on gagne, on gagne, si on perd, on perd, c’est la vie des affaires », conclut-il, philosophe (6).

Une jolie façon d’enterrer les polémiques qui entourent l’attribution des concessions portuaires dont il a lui-même bénéficié, comme à Douala au Cameroun, ou à Abidjan, où l’Etat ivoirien lui a confié ce marché de gré à gré (et en pleine guerre...), en 2004.

Le sourire forcé de M. Bolloré après le camouflet de Dakar s’explique par une autre guerre, plus sourde, plus violente encore : celle qui l’oppose à un autre de ses concurrents, Progosa. L’affrontement, fratricide, dure depuis plusieurs années sur fond de lutte de réseaux politico-affairistes. Le patron de Progosa, M. Jacques Dupuydauby, est en effet l’ancien dirigeant de la SCAC, débarqué au moment de la reprise de l’entreprise par M. Bolloré en 1986. Après être passé chez Bouygues, puis s’être un temps rallié à M. Bolloré, M. Dupuydauby s’est à nouveau opposé à ce dernier pour la gestion des ports africains, notamment au Togo.

La concurrence acharnée entre les deux hommes s’est rapidement muée en guérilla judiciaire, en Europe et en Afrique, avant de prendre des allures de conflit entre clans : alors que Bolloré est jugé proche du président Sarkozy, Progosa est peuplé de « chiraquiens » (7). Et voilà que, à l’intersection de la guerre médiatique et de la barbouzerie politico-économique, un ancien gendarme affirme avoir enquêté sur un collaborateur de M. Dupuydauby, à la demande de la société d’intelligence économique GEOS mandatée par M. Bolloré (8). « Mensonge, diffamation, escroquerie ! », crie-t-on chez Bolloré. Manifestement, la « vie des affaires » n’est pas qu’un hobby de gentlemen...

Si les ports africains sont à ce point convoités, c’est qu’ils constituent d’inestimables sources de pouvoir à la fois politique et économique : grâce à eux, douanes obligent, de nombreux Etats remplissent leurs caisses ; à travers eux aussi, on contrôle, information précieuse, les flux entrants et sortants du continent... « L’Afrique est comme une île, reliée au monde par les mers, expliquait un ancien du groupe Bolloré en 2006. Donc, qui tient les grues tient le continent (9) !  » L’enjeu paraît d’autant plus important que l’arrivée sur le continent noir de nouvelles puissances, la Chine en tête, donne du souffle à ceux qui se proposent d’assurer la logistique, le transit et le transport des marchandises.

Fort bien implanté dans ce secteur, le groupe Bolloré affiche régulièrement des résultats records. « En Afrique de l’Ouest, nos parts de marché sur les matières premières sont de l’ordre de 50 à 70 % suivant que l’on parle du cacao ou du coton, nous explique, réjoui, M. Dominique Lafont, directeur général « Afrique » du groupe. En Afrique de l’Est, elles sont plutôt de 15 à 30 %. Mais, partout, nous sommes le premier opérateur. » Le conglomérat multiplie aussi les contrats dans le domaine de la logistique pétrolière, minière ou industrielle : avec Total en Angola, au Cameroun ou au Congo ; avec Areva pour l’uranium du Niger ; pour des mines d’or au Burkina Faso ou une centrale électrique au Ghana, etc.

Comme pour toutes ses activités africaines, M. Bolloré fait jouer ses réseaux afin de remporter les marchés. « Les ministres, on les connaît tous là-bas, indique ainsi le directeur général du groupe Gilles Alix. Ce sont des amis. Alors, de temps en temps — je vais être clair —, on leur donne, quand ils ne sont plus ministres, la possibilité de devenir administrateurs d’une de nos filiales. C’est pour leur sauver la face. Et puis on sait qu’un jour ils peuvent redevenir ministres (10).  » Au Gabon, le groupe, qui convoite la mine de fer géante de Belinga, bientôt exploitée par les Chinois, a placé la fille du président Omar Bongo, Pascaline, à la tête de sa filiale Gabon Mining Logistics. Fort de ces soutiens multiples, Bolloré évolue en bonne harmonie avec les pouvoirs amis, dans la plus pure tradition de la « Françafrique ».

En France aussi, le groupe recrute, depuis longtemps, des hommes influents. Le plus connu est sans doute M. Michel Roussin, un des « Messieurs Afrique » du groupe depuis plus de dix ans. Il s’était distingué dans un livre sur l’Afrique publié, en 1997, dans une collection dirigée par le beau-frère de M. Bolloré, l’ancien ministre Gérard Longuet (11). Mais c’est surtout en tant qu’ancien haut cadre des services secrets français, ancien homme de confiance de M. Jacques Chirac et ancien ministre de la coopération de M. Edouard Balladur, que M. Roussin, par ailleurs vice-président du Mouvement des entreprises de France (Medef) International, intéresse M. Bolloré.

Difficile de démêler les connexions multiples qui existent entre le groupe, digne héritier des trusts coloniaux et des réseaux françafricains, et les responsables politiques français. Comme d’autres conglomérats, il bénéficie de l’appui des pouvoirs publics dans sa conquête des marchés du continent, le président de la République ou les ministres se transportant volontiers en Afrique pour jouer les lobbyistes auprès de leurs homologues. Si les amitiés de M. Bolloré à droite sont connues, on note que le député socialiste Jean Glavany fait partie, aux côtés de M. Alain Minc, du comité stratégique du groupe.

En outre, les activités africaines du groupe Bolloré bénéficient, indirectement, de certains programmes d’aide publique pour le développement des infrastructures et, directement, de contrats publics. Ces derniers concernent « des sommes résiduelles, conteste M. Bolloré devant son biographe officiel, et uniquement dans des secteurs où personne ne veut s’aventurer ; par exemple, le transport en Afrique, où nous sommes les seuls. Tout cela représente quelques dizaines de millions d’euros, c’est-à-dire moins de 1 % de notre chiffre d’affaires (12)  ». Tout « résiduels » qu’ils soient, ces contrats publics — notamment avec les ministères des affaires étrangères ou de la défense — relèvent en général d’intérêts stratégiques. Quand la France envoie — ou rapatrie — des troupes en Afrique, comme pour l’opération « Licorne » en Côte d’Ivoire (13), les nombreuses filiales du groupe Bolloré apparaissent souvent indispensables. « Toutes les opérations sont réalisées avec la plus stricte sécurité et confidentialité », lit-on, en surimpression d’images de véhicules blindés, sur un prospectus distribué par la branche « Défense » de SDV...

« Opérateur de référence sur l’ensemble des axes africains de transport », comme il aime se présenter, le groupe peut donc prospérer indifféremment en temps de paix et en temps de guerre. L’Organisation des Nations unies fait fréquemment appel à ses services quand elle envoie des casques bleus. Et Bolloré est intervenu dans le cadre de la Force de l’Union européenne (Eufor) envoyée au Tchad. Au Soudan, pays pétrolier ravagé par des années de violence, ses filiales font, de l’aveu même de leurs responsables, de fructueuses affaires simultanément dans les logistiques humanitaire... et pétrolière (14).

S’il ne rechigne pas à communiquer sur l’aspect « humanitaire » de son activité (« une manne considérable », selon un responsable de SDV), le groupe ne fait pas toujours preuve — c’est une litote — de la même transparence. On a pu ainsi s’étonner de ses excellentes relations avec M. Denis Sassou Nguesso au moment où, à la fin des années 1990, celui-ci revenait au pouvoir au « Congo-Brazzaville » à la faveur d’un coup d’Etat et au prix d’une très sanglante guerre civile (15). Les liens entre le groupe et M. Charles Taylor, à la même période, ne sont pas moins obscurs. Comment se fait-il, s’interrogeait-on en 1998, que la société belge Socfinal, dont Bolloré est l’un des principaux actionnaires, ait obtenu la concession d’une immense plantation d’hévéas au moment même où M. Taylor prenait, dans le sang, le pouvoir au Liberia ?


Liaisons dangereuses en Sierra Leone

Sans citer expressément M. Bolloré, M. Taylor fera alors cette remarque significative sur ses relations lorsqu’il combattait dans le maquis : « Il n’y a pas de privilèges. Il se trouve simplement que les hommes d’affaires français sont venus nous voir avant les autres. Ils ont pris des risques. Ce qui explique qu’ils aient aujourd’hui une longueur d’avance. (...) C’est du “business as usual”. Car, sur le fond, les hommes d’affaires n’ont pas de nationalité. Qu’ils viennent de France ou d’ailleurs, ils s’intéressent tous — et c’est bien normal — au bois, au minerai de fer, à l’or et aux diamants du Liberia (16). »

« Avez-vous rencontré Charles Taylor ? », demande en 1999 Jeune Afrique à un Bolloré détendu : « Pas moi, non. Je ne fais plus rien moi-même [sourire], il y a des dirigeants du groupe qui font ce qu’il faut à ma place (17).  » La proximité entre le conglomérat et le régime libérien sera à nouveau évoquée, en 2001, lorsque plusieurs associations accuseront le premier de participer au trafic du bois qu’organisait le second pour financer sa guerre de déstabilisation dans la Sierra Leone voisine. Mais l’histoire ne dit pas si M. Bolloré a toujours le « sourire » depuis que M. Taylor est poursuivi devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, à Freetown, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

S’il dément « catégoriquement » tout lien entre son groupe et le régime de M. Taylor, M. Lafont paraît moins assuré lorsqu’on évoque les accusations portées contre les filiales implantées à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), que ravage une guerre transfrontalière. Ici, ce ne sont plus de simples associations qui accusent, mais un groupe d’experts ayant enquêté, à la demande du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), sur l’« exploitation illégale » des ressources naturelles dans cette région. L’ONU s’inquiète en effet de voir le commerce des matières premières dans cette région nourrir le trafic d’armes. Il s’agit en particulier du coltan (ou colombo-tantalite), utilisé dans la fabrication de téléphones portables et de consoles de jeux vidéo. Le cours mondial de ce minerai a explosé au début des années 2000.

Sous le titre « Facilitateurs ou complices passifs ? », on apprend dès le premier rapport, paru en avril 2001, que SDV, filiale à 100 % du groupe Bolloré, figure « parmi les principaux maillons de ce réseau d’exploitation et de poursuite de la guerre. Des milliers de tonnes de colombo-tantalite ont ainsi été chargées à partir de Kigali ou ont transité par le port de mer de Dar es-Salaam (18).  » Les experts de l’ONU réitèrent leurs accusations en novembre 2001, avant qu’un nouveau rapport, en 2002, place SDV sur la liste des entreprises qui « violent les principes directeurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] à l’intention des entreprises multinationales  » ; et un autre encore, en 2003, la range parmi celles qui n’ont « pas donné suite » aux sollicitations des experts « alors qu’elles avaient tout le temps nécessaire pour se manifester (19)  ».

Il faudra attendre fin 2008, au moment où les conflits de l’est de la RDC reviennent dans l’actualité, pour entendre les responsables du conglomérat sur ce sujet. Interrogés par l’hebdomadaire Marianne (qui, s’appuyant sur le rapport de 2003, oublie les précédents, bien plus explicites...) (20), ils consentent, enfin, à... nier en brandissant le curriculum vitae « irréprochable » de l’actuel responsable de la zone pour le groupe, en poste depuis moins de deux ans. Il faut dire que les démentis sérieux paraissent un peu superflus : le 25 janvier 2009, la chaîne éducative France 5 diffuse un documentaire de cinquante-deux minutes (« Les mines de l’enfer ») intégralement consacré au coltan, en réussissant la prouesse de citer les rapports de l’ONU... sans mentionner une seule fois Bolloré ni aucune autre multinationale occidentale.

Profitant de l’apathie de la plupart des journalistes, le groupe a pris position sur un autre champ de bataille, celui de la communication, où il investit massivement depuis le début des années 2000. Contrôlant un arsenal allant de la publicité (Euro RSCG) à la télévision (Direct 8), en passant par les sondages (CSA) et la presse gratuite (Matin plus, Direct soir), il peut assurer la propagation de messages maîtrisés de bout en bout, de la conception à la diffusion. Accompagnant la conquête des marchés africains, le pôle médias multiplie les offensives de charme envers tout ce que le continent compte de « décideurs » importants.

C’est le cas sur la chaîne Direct 8, dont le directeur des programmes n’est autre que le fils de M. Bolloré, Yannick, et où l’on peut suivre mensuellement une émission présentée par M. Roussin en personne (lire « Direct 8, chaîne de l’afro-optimisme industriel »). C’est le cas également dans les journaux gratuits que le groupe distribue, tels des tracts, à des millions d’usagers des transports en commun. Profitant de l’ignorance quasi générale et du désintérêt presque total pour les pays africains, Matin plus et Direct soir soignent l’image des chefs d’Etats amis, qui, manquant pour la plupart de légitimité électorale, ne se maintiennent au pouvoir que par la répression interne et la propagande d’exportation. Avec son pôle médiatico-publicitaire, Bolloré leur offre, dans cette guerre silencieuse, une arme de choix.

C’est ainsi que Matin plus, quotidien réalisé en partenariat avec Le Monde, dresse un bilan flatteur des vingt-cinq années de règne du chef de l’Etat camerounais Paul Biya. Le gouvernement de Yaoundé, apprend-on avec surprise, se démène pour « revaloriser le pouvoir d’achat » des Camerounais et « renforcer les institutions de promotion des droits de l’homme  » (Matin plus, 26 octobre 2007). Le « gratuit » ne rectifiera pas son discours en février 2008 lorsque les émeutes de la faim seront écrasées dans le sang, faisant une centaine de morts.

Particulièrement bien implanté au Cameroun, mais inquiété par une plainte pour « corruption et favoritisme » déposée par son concurrent Progosa sur l’affaire de la concession du terminal à conteneurs du port de Douala, le groupe Bolloré soigne avec ardeur l’image internationale du président Biya. A sa charge, avec sa presse gratuite, et sans doute à prix d’ami avec sa filiale publicitaire Euro RSCG, dont le président Stéphane Fouks a rendu une visite « riche et fructueuse » à la présidence camerounaise en février 2009.


Une attitude politico-philantropique

Mais la communication du groupe Bolloré dans ce pays ne s’arrête pas là. Pour assurer ses arrières, il fait également les yeux doux aux journalistes locaux. Six rédacteurs en chef de la presse camerounaise furent ainsi invités en mai 2007 pour une virée d’une semaine en France, tous frais payés. Et c’est animé par la même générosité que M. Roussin s’est rendu à Yaoundé en février 2008 pour y signer un partenariat avec la Fondation Chantal Biya, structure opaque de « lutte contre le sida » et faire-valoir caritatif de la très influente épouse du président...

Il faut dire que M. Bolloré, dans une attitude politico-philanthropique, met fréquemment la main à la poche pour ses bonnes œuvres, tel le Réseau éducation pour tous en Afrique (Repta), animé par M. Gabriel Cohn-Bendit ; il a longtemps soutenu la société de capital-risque à vocation « sociale » de M. Michel Rocard, Afrique Initiatives, aujourd’hui défunte. Il contribue aussi à des opérations plus ponctuelles, comme l’envoi en 2005 d’une mission humanitaire au Niger, par l’association Réunir, que préside M. Bernard Kouchner.

L’obsession de M. Bolloré pour la fondation de M. Nelson Mandela s’inscrit dans la même veine. Ses journaux gratuits ont déjà consacré quatre « unes » au héros de la lutte contre l’apartheid, dont un doublé Matin plus - Direct soir, en septembre 2007, à l’occasion de la visite à Paris de l’ex-président sud-africain. « Bolloré, qui cherche à se développer [économiquement] en Afrique du Sud et de l’Ouest, a organisé lui-même l’événement et mis à disposition son avion », révèle alors l’hebdomadaire Télérama. En médiatisant l’opération, il soigne ses relations africaines... et élyséennes : M. Sarkozy était tout heureux de pouvoir serrer la main de l’icône (21).  » Comme en témoigne une photographie publiée par Matin plus, c’est tout sourires que le président français se prête, sur le tarmac de l’aéroport d’Orly, à l’opération de charme de son ami Vincent. Et pour ne froisser personne, c’est la photographie de M. Kouchner qui agrémente, le 3 septembre 2007, les pages « Mandela » de Direct soir...

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 11:37

8 juin 2009
Linternationalmagazine.com

Le nouvel ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union Africaine est un théologien et universitaire américain très proche de Desmond Tutu qui l’a ordonné.



Le Président américain Barack Obama a nommé Michael Battle pour défendre les intérêts américains auprès de l’Union africaine. Né en 1964, Michael Battle est un théologien et universitaire américain très proche de Desmond Tutu.

C’est l’archevèque Tutu, chez qui Battle a vécu plusieurs années qui l’a ordonné. C’est aussi lui qui a célébré son mariage a Raquel, sa femme avec qui il a deux filles, Sage et Bliss, et un fils, Sion, qui ont tous été baptisés à Saint-Ambroise par l’archevêque.

La Maison Blanche a aussi donné les noms des nouveaux diplomates américains, au postes en vue essentiels pour les relations avec les alliés des Etats-Unis. On trouve un contributeur important du Parti démocrate, Louis Susman en Grande-Bretagne, Miguel Diaz au Vatican. A Londres, le choix s’est donc porté sur un ancien de Salomon Brothers, Louis Susman. A paris, le Président Obama a choisi Charles Rivkin, un spécialiste de l’évaluation du risque à l’étranger pour la sécurité intérieure des Etats-Unis.

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 10:32

16 juin 2009
Centrafrique-Presse


La mort du président gabonais Omar Bongo Ondimba, un des « dinosaures » de la Françafrique, retardera la négociation d’un nouvel accord de défense entre Paris et Libreville, entamée cette année à la demande de la France. Le texte actuel, signé le 17 août 1960, lors de l’accession du pays à l’indépendance, prévoit que la République gabonaise « peut, avec l’accord de la République française, faire appel aux forces armées françaises pour sa défense intérieure et extérieure ».

En dépit de l’engagement mainte fois renouvelé du gouvernement français de ne plus se comporter en « gendarme de l’Afrique », les éléments français stationnés en permanence à Libreville pourraient donc – en vertu de cet accord vieux de presque cinquante ans – être appelés à assurer, le cas échéant, le rapatriement de ressortissants, la sauvegarde de biens, la protection de bâtiments publics (présidence, ministères, ambassades), sites stratégiques (port, aéroport, centrales électriques, mines), voir à intervenir – aux côtés des forces gabonaises – dans des opérations de surveillance aux frontières ou de contrôle de foule [1].

Des accords du même type, comportant dans certains cas des clauses (non rendues publiques) d’assistance au gouvernement en place en cas de « circonstances graves », avaient été conclus avec la Centrafrique (1960), la Côte d’Ivoire (1961), le Togo (1963), le Sénégal (1973), le Cameroun (1974), Djibouti (1977), les Comores (1978). Le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale publié en juin 2008 les présente comme « appartenant au passé », car « correspondant à un moment historique, la fin de la décolonisation ».

Lors d’un discours devant le parlement sud-africain, en févier 2008, le président français, M. Nicolas Sarkozy, avait annoncé la révision de ces accords de défense « obsolètes » signés par Paris avec ses anciennes colonies, ne jugeant « plus concevable d’y intervenir dans des conflits internes ». Il avait promis également, au nom de la « transparence », la publication intégrale de ces textes, après ratification par les parlements des pays signataires.


A sens unique

Ce réexamen, entamé depuis quelques mois, a débouché sur la signature en février d’un nouvel accord avec le Togo, dont le contenu n’a pas encore été rendu public : mais le nouveau texte – qui abroge l’ensemble des accords et arrangements conclus précédemment – exclurait désormais tout engagement de l’armée française pour soutenir les régimes en place. Il repose sur un principe de réciprocité des engagements pris par les deux parties ; mais c’était déjà le cas auparavant, et n’avait pas empêché ce partenariat d’être à sens unique – ce qu’il restera par la force des choses.

Un accord de défense « nouvelle génération » a également été signé en mai dernier avec le Cameroun, dont l’ancien « accord spécial de défense » avec Paris signé en 1974 était resté secret. Cette fois, il n’est plus question d’intervention militaire à l’intérieur du pays. Le texte n’évoque plus le cas d’une agression extérieure, se contentant d’envisager le partage d’informations, l’organisation d’exercices militaires communs, et le soutien aux organismes de formation. Le tout dans une optique de « renforcement des capacités africaines de maintien de la paix » - l’ancien « RECAMP » (repris à son compte par l’Union européenne, en liaison avec l’Union africaine, mais dont on n’a plus de nouvelles !).


Bases fermées

Ces accords de défense « lourds » – mais qui ne sont appliqués que dans la mesure où les deux contractants le souhaitent – ont servi de couverture juridique à des interventions à répétition très controversées, notamment dans les années 80 et 90. Ils ont souvent été adossés à une présence militaire française permanente (Libreville, Bangui, Abidjan, Dakar, Djibouti) qui est également en cours de réévaluation.

Ainsi, la fermeture de la base d’Abidjan est quasiment programmée : le président Laurent Gbagbo n’a jamais fait mystère de ses réticences à propos de la présence des soldats français. Il faudra trancher également entre les bases de Dakar et Libreville [2] – le dispositif militaire français en Afrique devant, selon le Livre blanc, se concentrer sur trois grandes implantations régionales (ouest, centre, est), avec un complément dans le sud-ouest de l’océan Indien (La Réunion), et dans le Golfe arabo-persique (Abou Dhabi).


Soutien sans participation ?

Ces accords dits « de défense » sont distincts des accords techniques militaires signés avec vingt-sept pays africains, qui ne sont pas officiellement remis en cause : ils concernent les facilités d’escale et de transit, le soutien logistique, l’échange d’informations, l’aide à la formation et à l’entraînement, le statut des personnels des bases, la fourniture de matériels et d’armements, etc [3] .

Mais l’exemple du Tchad – qui n’a jamais été lié à la France par un accord de défense, mais où les militaires français mènent une intervention quasi-permanente depuis l’accession du pays à l’indépendance – montre qu’il y aurait intérêt à remettre également à plat ces accords « techniques ». Le « soutien sans participation » de l’armée française aura sauvé la mise du régime du président Idriss Deby à plusieurs reprises ces dernières années...


Notes

[1] Une « convention spéciale relative au maintien de l’ordre », signée en 1961, est restée secrète.

[2] L’actuelle base au Gabon (980 hommes) rayonne sur la Centrafrique, et apporte un soutien aux forces françaises au Tchad et en Côte d’Ivoire. Elle sert de « réservoir » de forces prépositionnées pour les « opex » françaises en Afrique de l’Ouest et centrale.

[3] Voir la liste des accords de défense et de coopération technique militaire dans Les évolutions récentes de la coopération militaire française en Afrique, Tibault Stéphène Possio, Editions Publibook, 2007 ; ou dans l’ouvrage collectif sous la direction de Pierre Pascallon, La politique de la France en Afrique, l’Harmattan, 474 p., Paris, 2004.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 21:18
12 juin 2009
Dr. Claude Garrier

Omar Bongo, à moins que ce soit Albert-Bernard Bongo, Président du Gabon, est parti pour un autre monde, le 8 juin 2009, en fin d’après-midi, loin de sa terre d’Afrique, à Barcelone. Ainsi s’est achevé un règne de quarante deux années. Son trépas ouvre sa succession politique. Il fut un pilier de la Françafrique (France-à-fric). La mort d’Houphouët l’avait laissé seul au premier rang ; celle d’Eyadema l’avait privé d’un second rôle important du système ; tous deux étaient, par exemple, intervenus pour tenter de refroidir les crises qui ont secoué la Côte d’Ivoire en décembre 1999 puis en septembre 2002.

Le processus qui conduira un nouveau président (une nouvelle présidente) à la tête du Gabon montrera jusqu’à quel point le Chef de l’État français entend confirmer l’annonce faite durant la campagne électorale, à Cotonou (19 mai 2006), de mettre à mort les « circuits officieux qui ont fait tant de mal dans le passé ». Le message jouera un rôle important dans la succession de Paul Biya dont le mandat prend fin en 2011 ; des candidats se manifestent déjà, prêts à lui succéder.

Plusieurs modèles ont été pratiqués. En 2005, le départ de Gnassingbé Eyadema aurait pu ouvrir la voie à de véritables élections pluralistes. Il n’en a rien été. Le colonel Faure Gnassingbé appuyé sur l’Armée et utilisant les méthodes violentes qui avaient réussi à son père, a conservé le paternel fauteuil sous le regard en apparence indifférent emparé de Paris.

Dans un genre voisin, en septembre 2002, Laurent Gbagbo avait eu le bras tordu après avoir déclaré qu’il ne renouvellerait les contrats afférents à des services publics concédés à des firmes privés (en fait, affermés, puisque celles-ci n’ont pas financé les investissements lourds qui restent à la charge de l’État), qu’à l’issue d’appels d’offres internationaux, alors qu’un contrat Bouygues arrivait à échéance. La « grand’messe » de Linas-Marcoussis (23 janvier 2003) lui a montré, notamment en désignant le général de gendarmerie Gaston Ouassénou Koné, ministre de la Défense en l’absence de Laurent Gbagbo, alors que ce dernier avait consacré la totalité de son intervention au « forum de réconciliation » (décembre 2001) à la répression de l’insurrection des Guébiés de 1970, dirigée par Gaston Ouassénou Koné, alors qu’il était commandant de gendarmerie ; cet officier a été suspecté d’avoir assassiné en prison le meneur de l’insurrection, Kragbé Gnagbé, proche des Bétés dont Gbagbo est membre. Le calme est manifestement revenu en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro a rejoint Gbagbo, la durée du séjour de Gbagbo a cessé d’être contestée après qu’il ait soigné un contrat de gré à gré de quinze ans avec Bouygues, renouvelant celui qui avait été signé du temps d’Houphouët.

Ces méthodes ont été appliquées sous le règne de Jacques Chirac.

A l’automne 2007, le nouvel habitant de l’Élysée s’est précipité à N’Djamena pour en sortir une partie du personnel lié à l’« Arche de Zoé ». Un spectacle de procès suivi d’un transfert en France et de l’enterrement du dossier ont été la toile de fonds d’un autre spectacle : la tentative d’une opposition à laquelle Idriss Deby ne laisse aucune place, pour éliminer par la force celui qui ne peut être contesté par le discours ni combattu par l’élection, a semblé couronnée de succès jusqu’à ce que le président du Tchad annonce sa décision de laisser partir les dirigeants de l’« Arche de Zoé » à l’issue du procès ; alors « sans que l’Armée française intervienne » les insurgés ont abandonné N’Djamena et ont reflué jusqu’au Soudan.

La « rupture » ne serait-elle, une fois de plus, qu’un trompe-l’œil, un discours électoral qui n’engage que ceux qui y croient ? Le discours prononcé par le Chef de l’État français le 26 juillet 2007 à l’université Cheikh Anta Diop n’aurait pas déçu Paul Leroy-Beaulieu .

Certes, sous le règne précédent, Amani Toumani Touré a été élu président du Mali en 2005 à l’issue d’un « scrutin […] salué pour sa bonne organisation et son calme ». Il a permis que « s’ouvre pour […] pays, une nouvelle page de son histoire ». Ce pays avait alors la grande chance paradoxale de ne disposer ni de pétrole (la présence d’hydrocarbures au Nord du Mali est attestée depuis une quarantaine d’années ; mais rien n’est sorti du sol, malgré les efforts du consortium australien Baraka Mali Venture), ni d’uranium (ce n’est qu’en 2008 que la compagnie minière australienne Oklo Uranium Limited a annoncé avoir obtenu des résultats « hautement encourageants » dans la région de Kidal). Le Gabon, comme le Cameroun, la Guinée équatoriale, notamment son île de Malabo, le Congo, Sao Tome et Principe, la RDC (pour l’étroite bande de terre qui entoure son port de Matadi) disposent d’une portion du plateau continental du fonds du golfe du Bénin très riche en pétrole. Il attire donc tous les prédateurs dont les affairistes français proches (piliers) du pouvoir. La désignation de leur président n’est pas dénuée d’importance. Le successeur de Bongo, comme celui de Biya sauront-ils continuer de couvrir d’une ombre aux relents nauséabonds, l’exploitation outrancière des ressources naturelles (pétrole, notamment), des produits de base (bois, etc) de leur pays ? Pour être sûr que les nouveaux titulaires du fauteuil présidentiel préservent les intérêts acquis et les développent à la demande, n’est-il pas plus simple de favoriser l’ascension de ceux qui s’engagent à soutenir « la cause » (celle des affairistes et politichiens français ») et bloquer, voire éliminer les autres ? En 1987, Thomas Sankara a découvert tardivement (peut-être n’a-t-il pas eu le temps de comprendre) l’inconvénient qu’il y avait à se détourner du « Maître ». En 2003, Ange-Félix Patassé a vu ce que coûtaient les erreurs d’appréciation ; en 1993, son prédécesseur, Bokassa l’avait appris de bien plus douloureuse manière.

Comment se passera la succession d’Omar Bongo ? Quel exemple sera-t-elle pour Paul Biya, pour le gendre du défunt, Denis Sassou Nguesso ? Les Camerounais, émus par le départ de l’ambassadeur Georges Serre après un séjour de trois ans (octobre 2006, juin 2009), ont envisagé l’arrivée de Gildas Le Lidec à la réputation sulfureuse : il est arrivé à Abidjan peu avant le coup de force de septembre 2002, il a été à Antananarivo en 2008 d’où il a été limogé par le président Marc Ravalomanana parce que « sa présence laisse présager des événements fâcheux », ; y aurait-il une relation entre cette éviction et le renversement du président par Andry Rajoelina suivi de la condamnation par contumace de l’ex-président à une peine de prison de quatre années ?

Les visites successives à Yaoundé, du pape (mars 2009) puis de François Fillon accompagné de ministres et secrétaires d’État, étaient-elles uniquement destinées à consolider l’image internationale du président camerounais, de le préparer à un rôle sous-continental dans la perspective du départ d’Omar Bongo, ou, au contraire, à l’inciter à quitter un fauteuil qu’il occupe parfois avec une grande violence, depuis le 6 novembre 1982 ?

Certains estiment que Paul Biya reste au pouvoir grâce à l’appui d’officiers de l’armée camerounaise et des milieux d’affaires. La visite politique de François Fillon puis le prochain séjour de Paul Biya à Paris seraient–ils destinés à convaincre discrètement Paul Biya de se retirer dans des conditions d’honneur ? L’épouse de Paul Biya, Mme Chantal Biya, a vu reconnaître sa nationalité française. Le séjour en Europe de Schengen ne leur pose donc aucun problème. La France a, en outre, une longue réputation dans le recueil de présidents retraités : Ahidjo, la famille de Jean-Claude Duvalier. L’heure de la relève a-t-elle sonnée comme en rêvent certains ?

1-Paul Leroy-Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes, Paris, Guillaumin et Cie, Paris, F. Alcan et Guillaumin, 3ème éd. 1886, 4ème éd. 1891, 6ème éd. 1908.
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Textes De Juliette