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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 12:57
04/03/08

Prospert Yaka Maïde

L’Indépendant


Nous ne comprenons pas, le peuple martyr de Centrafrique encore moins, que le président François Bozizé ne comprend pas encore que ses interventions quotidiennes, intempestives et directes dans les affaires judiciaires, menacent l'indépendance de celle-ci.

Tel est l'enseignement que l'on peut tirer de la réhabilitation de la cour constitutionnelle. Cet organe qui en principe se devait d'assurer la régulation de l'ensemble des institutions nationales avait été suspendu de fait par le chef de l'Etat, suite à l'imbroglio né de l'affaire dite Total contre l'Etat centrafricain (lire nos précédents articles sur le sujet).

En clair dans la perspective des consultations électorales de 2010, encore faille-t-il que le calendrier électoral soit respecté, le Général Bozizé a voulu lancé un signale fort à l'endroit des membres de cette institution qu'il juge réfractaires : si vous ne rentrez pas dans les rangs je vous fais remplacer par mes proches, tel est en substance le message que l'homme du 15 mars a délivré à ces juges. 

Le revers de cette médaille

Qu'on se le dise, les conflits armés qui perdurent depuis de nombreuses années dans notre pays entravant son développement sont les conséquences directes de la gestion monarchique, clanique et opaque des affaires de l'Etat qui n'existe plus que de nom comme l'a démontré maints rapports des organisations internationales dont le dernier en date est celui de l'International Crisis Group.

Cette situation ne peut qu'engendrer des frustrations à l'origine des conflits, synonymes d'un acte de vengeance, au-delà des revendications corporatistes et politiques : lorsque les institutions de la république de fonctionnent pas parce qu'elles sont phagocytées par une minorité des hommes de paille du pouvoir et que leurs gestions sont marquées par l'omniprésence d'un cercle et d'un clan familial dans les circuits économiques et financiers, la majorité ne saurait éternellement croiser les bras, d'où la naissance des crises. Qui plus est, l'exclusion, le clientélisme politique, la gabegie et la terreur militaire érigés en système de gouvernement par les hommes du Général-Président ne peuvent qu'alimenter les conflits et contribuent à créer une instabilité chronique dans le pays.

A cela s'ajoute une violation quasi-quotidienne et systématique de la constitution de la république. François Bozizé continue de cumuler son mandat avec les fonctions de Ministre de la Défense en violation des disposition de l'article 23 de la constitution qui lui interdit d'occuper une autre fonction que celle de Président de la République. Que dire des violations répétées des droits de l'homme et du droit international humanitaire ?

Or, lorsqu'on part du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, le Général Bozizé qui est à la tête d'une institution de la République au même titre que la cour constitutionnelle, ne saurait donc donner à ses membres une quelconque injonction comme il l'a pourtant fait le mardi dernier lors de sa rencontre à la présidence avec les juges de ladite cour.

En présence du gouvernement, du corps diplomatique et du président de l'Assemblée Nationale, François Bozizé a reproché les juges de la cour constitutionnelle d'avoir « un comportement léger ». Il les a enjoints d'ailleurs d'exercer leurs fonctions avec « dignité et honnêteté, au risque de le voir prendre des décisions dont la constitution lui confère le pouvoir ». Soit. Mais le non respect de la loi est un accumulateur de colère et des tensions sociales.

S'il est vrai que la constitution de la république confère au président de la république un certain nombre de prérogatives, il n'en demeure pas moins qu'elle lui assigne des obligations et des devoirs. Autrement dit, cette lecture en diagonale de la constitution faite par François Bozizé est péremptoire. Autant il cite la constitution lorsque celle-ci sert ses intérêts, autant il se doit de respecter ses dispositions afin d'éviter les quiproquos. Comme le souligne Mao TSE-TOUNG, une seule étincelle peut mettre le feu à la prairie. Hélas ! Dans le cas centrafricain ce sont des dizaines de milliers d'étincelles qui ont mis le feu à la maison Centrafrique qui brûle sans que personne, du moins ceux qui le dirigent, s'en aperçoive.

Nous ne le diront jamais assez, le respect des textes fondamentaux constitue la pierre angulaire de l'édification d'un Centrafrique juste moderne et prospère. Cette mise en application des dispositions de la constitution de notre pays passe nécessairement par le respect de la justice.


A bon entendeur…, la patrie reconnaissante.

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