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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 15:53

19 février 2009
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L'Observateur  

"Il faut bien que les dictateurs gagnent les élections, sinon ils n’en feront plus", affirmait l’ancien président français Jacques Chirac (1). C’est le même qui affirmait lors d’un raout des maires francophones en Côte d’Ivoire que les Africains n’étaient pas mûrs pour la démocratie. Quoique ces propos puissent choquer, les Africains donnent souvent l’impression que cet homme qui n’a fait que la politique toute sa vie a raison.

Pourtant, le discours de la Baule, les conférences nationales souveraines, les vraies élections ou en trompe-l’œil sont passées sur le continent noir. Las ! Chassez le naturel, il revient au galop. Les urnes n’ont pas longue vie en Afrique, car les partisans des raccourcis militaires y sont nombreux. La fin des coups d’Etat n’a donc pas sonné, et ces derniers temps on assiste à leur printemps :

Le 5 août 2008 en Mauritanie, un groupe d’officiers mettaient fin à une expérience démocratique que les populations ont souhaitée de tous leurs vœux, exténuées par la chape de plomb des années Ould Taya ;

en janvier dernier, c’est Nino Viera de la Guinée-Bissau qui échappait de peu à un renversement ourdi par des militaires ;

le 17 février 2009 à Sao Tomé et Principe, près d’une quarantaine de personnes ont été arrêtées et inculpées pour "attentat contre la sécurité de l’Etat".

Elles sont soupçonnées d’avoir voulu perpétrer un coup d’Etat au profit d’un ex-affreux du Bataillon sud-africain dénommé Buffalo, reconverti en opposant politique. Le pays est d’ailleurs coutumier des putschs, puisqu’il y a 6 ans de cela, en juillet 2003, des soldats et mercenaires avaient fait tomber le président Fradique de Menezès, lequel retrouvera son fauteuil quelques jours plus tard ;

le 23 décembre 2008, sitôt la mort du président Lansana Conté connue, une junte, dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, s’emparait du pouvoir. Depuis, ces militaires promettent de mener une bonne transition et de tenir les élections fin 2009, et surtout de lutter contre la corruption ;

Ce 17 février, la capitale de la Guinée Equatoriale a été réveillée par des crépitements d’armes automatiques ;

Une attaque attribuée par les autorités aux rebelles de Delta du Niger, qui, après avoir fait le coup de feu pendant 3 heures contre la présidence, ont rebroussé chemin dare dare. Acte crapuleux ou véritable tentative de putsch ? On se perd en conjectures, car, pour l’heure, tout est flou à Malabo. Mais la thèse du coup d’Etat est plausible, car tant que l’opposant historique et adversaire du chef de l’Etat, Severo Moto, sera libre de ses mouvements, de tels actes ne sont pas à écarter.

Il y a tout juste quelques années (2004), des mercenaires qu’on disait à sa solde avaient mis au point une tentative de changement du pouvoir à Malabo avant d’être arrêtés et jugés : c’est ce qu’on a appellé le "coup Simon Mann" du nom de l’instigateur, qui, toujours selon le pouvoir en place, n’est que le bras armé de l’éternel Severo Moto.

En fait, depuis l’accession au pouvoir en 1979 du capitaine-général Théodore Obiang Nguema Mbasogo, les tentatives pour le faire partir de force se sont enchaînés : 1983, 1986, 1994, 1998, 2002, 2004...

Le débarquement armé de ce 17 février sur les côtes équatoriales peut aussi être assimilé à une simple attaque, d’autant plus que les assaillants, au regard de leur nombre, et même du mode opératoire, ne semblaient pas viser le pouvoir, même si la cible des feux a bien été la présidence. Car a-t-on idée de vouloir renverser un chef d’Etat avec un nombre si réduit de mercenaires, et en tentant un pareil débarquement marin ? Alors un simple acte de banditisme comme veulent le faire croire certains ? Dans ce cas, quels drôles de bandits ! A moins qu’ils soient de vrais faux bandits à la Mamadou Tandja.

D’ailleurs, certains analystes politiques n’écartent pas la probabilité d’un auto-coup d’Etat de la part du maître du pays. Hasard ou déplacement calculé, la concomitance de l’attaque avec la présence du chef de l’Etat à Bata, la seconde ville du pays (absent du palais attaqué) peut donner matière à fouiller.

Parce qu’il est coutumier des putschs et des purges, d’aucuns n’écartent pas un acte délibéré du président Théodoro, aux fins de se débarrasser de certaines personnes gênantes. Car, dans certains goulags tropicaux, la solution imparable pour se défaire d’un adversaire ou ennemi politique est de l’accuser d’être un putschiste. Même les populations approuveront, convaincues de cette dialectique politique qui fait que la tête du roi appartient à celui qui n’a pas peur de perdre la sienne. Alors il ne faut pas s’étonner que dans peu de temps, on entende parler de purge militaire et politique dans ce pays de 500 mille âmes.

Des solutions qui valent ce qu’elles valent, mais qui ne résolvent pas la problématique des coup d’Etat sur le continent noir. En la matière, les gouvernants savent qu’il n’y a pas de potion magique, il faut simplement faire prévaloir la bonne démocratie, l’alternance, la justice, la bonne gestion des deniers publics.

Ceux qui sont agrippés au pouvoir à coup d’artifices, que ce soit par des pantalonnades constitutionnelles ou des partages forcés du pouvoir, doivent savoir, qu’in fine, l’armée se pose toujours en arbitre, quand bien même elle doit être républicaine.

Surtout que depuis ATT, Guei ou Oul Val, le scénario est connu : on prend le pouvoir par la baillonnette, on organise des élections lors lesquelles on est forcément candidat et on gagne. Ou encore, on le remet aux civils, le temps de se faire une épaisseur politique et l’on revient... par les urnes, auréolé du titre de démcorate en plus.

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