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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 10:43

Publié le 25 septembre 2008
A.K de N’djamena-matin


Au pouvoir à Tripoli ou  dans les rangs à N’djamena, ces deux dirigeants sont trempés jusqu’au cou. Amnésique, les victimes effacent leurs traces dans le calendrier d’histoire. 

A qui profite un procès « encadré » contre Hissein Habré ? Les avocats de l’ancien chef d’Etat tchadien dénoncent une « persécution judiciaire ». Me François Serres, du barreau de Paris, et Me El Hadj Diouf, du barreau de Dakar, dans un communiqué publié le 23 septembre 2008 précisent : « Cette nouvelle plainte se distingue des autres dans la mesure où ses instigateurs ont pris soin de la rétrécir, de l'encadrer, avec comme souci principal la volonté d'empêcher la justice sénégalaise de convoquer les protagonistes libyens et tchadiens ».  

De N’djamena à Dakar en passant par Tripoli et Paris, des omerta, la conspiration du silence, de l’omission, se sont ourdies pour  conduire Hissein Habré dans le couloir de la mort. Les acteurs tchadiens et libyens de premier plan sont écartés de la procédure judiciaire orchestrée contre l’ex-chef de l’Etat tchadien pour les crimes commis pendant son règne entre 1982 et 1990.  

Un collectif de survivants de tortures et de familles des personnes tuées sous le régime de Habré a déposé plainte le 16 septembre 2008 auprès du procureur de la République à Dakar. La plainte épinglait particulièrement «  la responsabilité de  la Direction de la  Documentation et de la Sécurité (Dds) ». Les subtilités de cette nouvelle plainte restreignaient le champ de l’accusation et surtout jetaient un voile de protection  sur des personnalités trempées dans les faits qui sont reprochés à Habré.    

Victime expiatoire. Tête de turc des affidés de Reed Brody. Homme d’Etat gênant. Habré embarrasse. Les chaînes de l’exil dakarois, l’humiliation de Human Right Watch, l’ancien président tchadien trouble encore plus  les milieux diplomatiques de N’djamena et Tripoli. Idriss Deby et Mouammar Kadhafi sont « impliqués dans les différentes guerres qui ont secoué le Tchad », selon les avocats de l’ancien président tchadien. L’amnésie des victimes ne surprend pas. Les « témoins », les avocats  et les conseils en droit de l’Homme sont grassement entretenus par les autorités tchadiennes. Missions, billets d’avion et d’hôtel. Les caisses noires du Tchad épongent l’ardoise.  

Encadrée dans le temps et fixée sur des faits précis, la plainte  récemment déposée par des tchadiens et sénégalais vise à réduire la longueur de la procédure, les personnes à auditionner voire à inculper. Il y a derrière cette accusation un projet de blanchiment de Deby et Kadhafi. Cerise sur le gâteau : L’enveloppe financière à mobiliser pour vider l’affaire Habré se voit réduite. Le Sénégal exige près de 30 millions d’euro pour l’ouverture de l’information judiciaire dans le dossier de «  crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de tortures ». Le clientélisme judiciaire.  

Dakar, N’djamena et la communauté internationale se sont accordés à disséquer le procès- fleuve de l’ancien président tchadien à une procédure simpliste. Victime désignée. Bourreaux sénégalais. Verdict ficelé. ONG en extase. En un tour de prestidigitation judiciaire, les autorités sénégalaises manipulées par des complicités inavouées, veulent  ainsi bâcler le procès de Hissein Habré, une des affaires qui est vouée à faire jurisprudence sur le continent.  

Idriss Deby et Mouammar Kadhafi doivent répondre des chefs d’accusations formulés contre Habré. Au pouvoir à Tripoli ou dans les rangs à N’djamena ; les présidents libyen et tchadien, encore au pouvoir ont été dans les premières lignes des exactions commises contre les tchadiens. Deby a tôt fait de clamer dans un journal français en ligne qu’il « n’était qu’un soldat et non un policier ». Dans sa tente royale, le bouillant Kadhafi se fait étonnant discret. A-t-il mémoire des victimes tchadiennes de ses boulimies expansionnistes dans la bande d’Aozou ? 

Les autorités sénégalaises doivent refuser d’assumer le manège politico- juridique  qui se joue sur les planches de la justice internationale. La potence sénégalaise doit être une justice équitablement partagée.

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