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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 17:22

25 juin 2009 
Bakchich
Anthony Lesme


La corruption règne en maître et les biens de dictateurs corrompus s’accumulent dans nos pays « démocratique ». 105 à 180 milliards de dollars détournés par trente deux dictateurs. C’est l’estimation du Comité Contre la Faim et pour le Développement (CCFD) dans un rapport présenté à la presse hier à Paris. En mars 2007, l’ONG avait déjà fait l’inventaire. Si bien que trois potentats africains allaient subir les attaques de deux associations : Transparency international et Sherpa. Feu Omar Bongo et les bons vivants Sassou (Congo) et Obiang Nguema (Guinée équatoriale) découvraient, stupéfaits, qu’on en voulait à leurs luxueuses baraques et leurs bagnoles. La France des doigts de l’Homme tentent de gifler les amis dévoués de la France, quel scandale ! L’affaire défraie la chronique et… font rugir les palais africains.

Seulement, c’est le baobab qui cache la forêt. Et une forêt aux odeurs de pissenlits puisque les champions toutes catégories sont six pieds sous terre. Et hors Afrique. Vainqueur posthume l’irakien Saddam Hussein (de 10 à 40 milliards $ détournés), suivent le Chah d’Iran M. Pahlavi (35 milliards) et l’indonésien Suharto (de 15 à 35 milliards). Si les hommes meurent, l’argent demeure et circule. Et c’est bien tout le problème de la restitution. Seul 1% à 4% des avoirs détournés ont été rendus aux populations volées. 2,6% sont gelés et c’est la Suisse qui s’est montrée la plus coopérante, c’est dire le succès… Mais selon Jean Merckaert, co-auteur avec Antoine Dulin du rapport Biens mal acquis, à qui profite le crime ? la donne pourrait changer.

La France aime à jouer les rôles d’exception et surtout en matière de lutte contre la corruption. Première à signer en 2005 la Convention onusienne de Mérida, elle militait dès 1989 en tant que présidente du G7 pour créer le GAFI (le Groupe d’Action financière) afin de mener la lutte internationale contre le blanchiment, précise le rapport. On aimerait un si bel entrain pour mener l’enquête sur les biens des dictateurs au sein même de l’hexagone, c’est le « paradoxe français » .

En trois ans de travail, pas toutes les zones n’ont pu être traités. « C’est un début d’enquête » feint, modeste, Jean Merckaert. Le rapport dresse tout de même quelques pistes de réflexion, en espérant peut-être des suites judiciaires.

Constater et aussi proposer, c’était le but du rapport mais certaines pistes sont plus du domaine de l’idéal. Premièrement, la moindre des choses serait de garantir l’exécution des textes en place comme ceux de la convention Mérida. Plus illusoire serait de créer un « Parquet européen » indépendant. Mirifique : « sanctionner les utilisateurs des paradis fiscaux et judiciaires mais aussi les intermédiaires ». « Les choses sont peut-être en train de changer grâce à la crise mais on est encore loin de résultats concrets, affirme Jean. Pourtant Obama et Sarkozy avaient dit ensemble, il faut s’attaquer aux paradis fiscaux, judiciaires et bancaires. Mais aujourd’hui on les entend moins. Et concrètement, on fait des demi voire des tierce-mesures. Par exemple le 2 avril dernier, au G20, une liste noire des paradis fiscaux a été dressée mais ces listes ne s’attaquent qu’à l’aspect fiscal et laisse complètement l’aspect judiciaire et bancaire. » Car les États s’intéressent surtout aux évasions fiscales de leurs entreprises [1] et qu’elles ramèneraient volontiers quelques millions au bercail par ces temps de vache maigre.

Pas le temps d’attendre selon Guy Aurenche qui s’attache à dénoncer un système qui appauvrit jusqu’au drame des populations livrées à elles-même. « La corruption nuit surtout aux pays pauvres, il y a urgence ».

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