9 juillet 2009
Le Messager
Marlyse SIBATCHEU
La France organise l’anniversaire de l’Afrique
La France rappelle à l’Afrique noire francophone l’anniversaire de son indépendance et prend les devants pour l’organiser.
Selon un communiqué de la présidence de la République française publié le 21 juin et parvenu à notre rédaction par les soins de l’ambassade de France au Cameroun le 23 juin dernier, le président Nicolas Sarkozy a confié à Jacques Toubon la mission de préparer et d’assurer la mise en œuvre de l’initiative “ 2010 – Année de l’Afrique”. Ancien ministre et député européen depuis 2004, Jacques Toubon assure actuellement la présidence de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. L’initiative dont la mise en œuvre lui est confiée représente la participation de la France à la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance, en 1960, de quatorze ex-colonies françaises d’Afrique.
Le communiqué indique que, cette célébration “ doit être l’occasion de souligner et de confirmer l’évolution des relations entre la France et l’Afrique subsaharienne qui doivent rester privilégiées tout en étant renouvelées, équilibrées et transparentes.” Ainsi, l’initiative “2010 – Année de l’Afrique” comporte trois volets principaux : d’abord “l’achèvement de la réforme des principaux instruments de notre relation tant sur le plan économique que politique, déjà amorcée par la renégociation des accords de défense”, ensuite “la célébration de notre histoire commune, en particulier la contribution de l’Afrique à la libération de la France et la marche vers les indépendances”, et enfin “la valorisation de la dimension humaine de cette histoire commune à travers la place de l’Afrique en France et le rôle des Français d’origine africaine dans la République.”
Qui paiera la note ?
La France a ainsi le mérite de parler en premier, officiellement en tout cas, de ce cinquantenaire des indépendances de ses ex-colonies et des pays dont elle assurait la tutelle à l’instar du Cameroun. Elle n’en parle pas seulement, mais met sur pied une initiative par laquelle elle entend marquer la célébration. Cela démontre, au moins, que la France reste liée à l’Afrique. Elle veut changer le sens de ses rapports avec le continent noir en modifiant les instruments de droit qui les liaient à l’indépendance et qui sont devenus aujourd’hui un lourd héritage à assumer. Elle veut en plus se remémorer l’histoire en magnifiant la contribution de l’Afrique dans la libération de la France, et célébrer l’avenir en valorisant ce que des Africains valeureux apportent à son développement aujourd’hui et demain.
Le communiqué de la présidence de la République française, publié quelques jours seulement après les insultes qui ont accueilli Nicolas Sarkozy aux obsèques d’Omar Bongo, montre bien que pour la France officielle, l’incident de Libreville n’est qu’un épiphénomène. La France est préoccupée par ses intérêts et donne une image positive à ses actions : du génie d’Etat ! Quand dans la famille africaine un parent rappelle à son filleul son anniversaire et prend les devants pour organiser la célébration, ce dernier peut dormir tranquille, convaincu d’être un chanceux. Mais quand c’est un Etat qui rappelle l’anniversaire d’un aspect de la vie d’autres Etats et l’organise à sa manière, on doit bien se demander qui paiera la note.