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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 13:01

11 février 2010
Xavier Monnier
Bakchich


Mon beau miroir 

Un diplomate cache parfois l’âme d’un poète raffiné. Jean-Pierre Vidon, ambassadeur de France en Centrafrique, tresse des couronnes au président-putschiste Bozizé. L’uranium du pays vaut bien cette courtoisie.

Est-ce le doux air de Bangui la coquette ? Ou la volonté de cajoler un pays où le géant français Areva se goinfre d’uranium ? À quelques mois des élections présidentielles centrafricaines pudiquement prévues pour printemps 2010, l’ambassadeur de France Jean-Pierre Vidon roule des yeux de Chimène pour l’actuel général-président François Bozizé. Quitte à dresser, dans un télégramme diplomatique transmis le 14 janvier 2010, un tableau un brin idyllique du bilan de Bozizé. Sans doute fâché avec les chiffres, Vidon évoque le quinquennat du Président. Quand Bozizé trône depuis sept ans. Quinquennat, septennat ? Peu importe.

Quand on aime, on ne compte pas… Encore plus sirupeuse se veut la description de son putsch en 2003, date où l’alors «  chef d’état-major des armées se résout à prendre le pouvoir par les armes ». Bien entendu, il « promet de rendre le pouvoir aux civils ». Seules des manifestations massives « encore jamais vues à Bangui » ont convaincu le satrape « de revenir sur sa promesse initiale de ne pas se présenter ». Ô bonheur, le bonhomme est élu en 2005. Et le mandat, évidemment s’est bien passé. « La situation politique s’est apaisée (…) tandis que la situation sociale et sécuritaire considérablement améliorée à Bangui. » Seuls bémols, les rébellions du nord du pays qui ont obligé la France à apporter un soutien militaire en 2006 et 2007 ; ou les « affres d’une trésorerie perpétuellement exsangue »… imputée aux précédents régimes.
NDLR : C’est un scandale. On finit par se demander de quel pays parle ce diplomate. Si l’ambassadeur de France en Centrafrique passe en effet son temps à envoyer à sa hiérarchie parisienne des rapports aussi mensongers qui sont loin d’être le reflet de la réalité, il y a tout lieu de se poser des questions sur la pertinence des décisions des plus hautes autorités françaises quant aux relations de la France avec la RCA. Cet ambassadeur devrait se poser par exemple la question de savoir pourquoi depuis qu’il a pris ses fonctions à Bangui, aucun membre du gouvernement français n’a encore mis pied dans la capitale centrafricaine.

Les personnalités françaises snobent systématiquement l’escale de Bangui pour se rendre à Libreville, Kinshasa, Brazzaville ou maintenant Kigali. Il y a bien des raisons à cela. La visite du Secrétaire d’Etat à la coopération Alain Joyandet pourtant un moment prévu, est encore reportée sine die et pour cause, malgré la déchéance et l’incarcération à la prison de la Santé de son ex homologue, le malfrat Saifee Durbar. Bozizé et son clan ne sont pas fiables et n’inspirent pas confiance.

Par ailleurs, ce diplomate ferait mieux de s’édifier en lisant les nombreux rapports de Human Rights Watch, Amnesty International et la FIDH sur les responsabilités personnelles de Bozizé et son fils dans les incendies de villages dans le Nord et la présence de nombreux et innocents civils qui végètent encore en brousse et dans les camps de réfugiés de l’UNHCR au sud du Tchad et à l’Est camerounais.

De quel apaisement parle-t-il ? Où voit-t-il une quelconque amélioration de la situation sécuritaire? Presque chaque jour, ses affirmations sont démenties par les faits d’actualité. Au nez et à sa barbe, Bozizé et sa soldatesque ont torturé et assassiné Charles Massi. Qu’en pense-t-il ? Paris devrait remonter quelque peu les bretelles de cet ambassadeur qui fait un peu trop la part belle à un tyran qui est en train d’instaurer avec sa complaisance voire sa complicité, une dictature sanguinaire dns ce pays. Un tel ambassadeur  fait honte à la France.
  


Note de Juliette: Il y a environ 2 ans, Monsieur Tuquoi, le spécialiste "Afrique" au quotidien Le Monde, m'avait fait la déclaration époustouflante "Mais le Président Bozizé n'est pas un dictateur tout de même!" lorsque je lui parlais de mon dernier voyage à Bangui, et que je lui décrivais les conditions de vie et l'état des droits de l'homme en Centrafrique. Il me disait même revenir lui-même de Bangui et n'avoir aucune connaissance de ce dont je parlais.

C'est donc dire que la désinformation, et ce qu'on peut déjà appeler le révisionnisme français de l'Histoire de l'Afrique, bat son plein au sein même de la société française! La Françafrique jusque dans les foyers français.

Moi qui croyait que les activités révisionnistes étaient illégales....!

En revanche, pas un mot sur les éventuels crimes du putschiste légalement élu. Sur les bords de l’Oubangui, on ne charrie pas pour si peu.

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