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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 00:36

15 janvier 2010
Centrafrique Presse


Le Président Bozizé croit à l’idée reçue et répandue selon laquelle : « le Centrafricain est naïf ; il n’est pas compliqué ; il suffit de lui payer régulièrement son salaire pour lui permettre de s’acheter sa bière et il te foutra la paix ». En plus, il est convaincu que payer doublement le salaire à la veille d’une échéance électorale accroîtra sa courbe de popularité et doublera sa chance de conserver le pouvoir. Fort de cette conviction, le régime a payé 4 mois de salaire en deux  mois consécutifs, Novembre  et Décembre 2009 aux fonctionnaires.  Il ignore que le salaire est le fruit d’un travail fourni, un droit et non une faveur que le gouvernement est obligé d’honorer. 

Cependant, utiliser le salaire comme carotte pour gagner des voix aux élections relève d’un manque de respect total du peuple centrafricain et constitue de la démagogie. Patience, nous savons tous que la maison du démagogue s’écroulera sur lui tôt ou tard. 

En novembre 2009, le gouvernement a reçu du FMI une manne financière d’une valeur nette de 26 milliards de F CFA soit l’équivalent de 10 mois de salaire des fonctionnaires de l’Etat.
De cette somme, 10 milliards de F CFA  ont été utilisés pour payer les salaires des fonctionnaires, il reste donc 16 milliards de F CFA. Où est donc passé le reste de l’argent? Servira t-il encore à acheter des armes ou de réserve pour monnayer des voix lors des prochaines élections ? 

Aussi, depuis le 15 mars 2003, le régime a reçu plus de 110 milliards de FCFA d’appui budgétaire hors projet, soit 5 fois plus que ce que les régimes précédents réunis ont reçu. A titre d’exemple, pour la seule période du 15 mars  au 18 novembre 2003, le régime a reçu 11,8 milliards d’appui budgétaire hors projet (BEAC : 3,4 milliards ; CEMAC : 5 milliards ; Chine : 2,7 milliards ; France : 0,7 milliard). 

Le régime a accumulé 5 mois d’arriérés de salaires de Mars 2003  à fin Octobre 2009. Sur la même période, la position nette du gouvernement s’est considérablement dégradée : l’endettement de l’Etat  vis-à-vis des banques primaires s’élève aujourd’hui  à près de 21 milliards de F CFA contre 1,8 milliard de F CFA à fin février 2003.  Cette somme (21 milliards de F CFA) rapportée à la masse salariale mensuelle donne 9 mois de salaires financés par emprunt bancaire.  Ce qui revient à déduire qu’en réalité, les arriérés du régime s’élèvent à 14 mois en 6 ans contre les 22 mois d’arriérés des régimes précédents réunis. La dette de la Banque Centrale sur l’Etat s’élève à plus de 50 milliards de F CFA à fin 2009 contre 17 milliards de F CFA à fin février 2003. L’Etat centrafricain avait reçu à deux reprises en 2004 et 2005 respectivement 12,5 milliards soit un total de 25 milliards de F CFA à titre d’emprunts. Qu’à t-il fait de toutes ces ressources (ressources propres, emprunts bancaires et concours extérieurs) ?  

Dans l’esprit de continuité de service de l’Etat, ces ressources seront remboursées par toute la collectivité, nos enfants et nos petits enfants alors que le Président Bozizé se mettra à l’abri avec toute sa nombreuse progéniture. C’est au nom du peuple que le gouvernement a emprunté ces ressources ; peut-il simplement en rendre compte au peuple ?

Même si le gouvernement a utilisé 10 milliards de F CFA pour les salaires des fonctionnaires, pourquoi ne pense t-il pas à rembourser les banques locales à qui il doit plus de 21 milliards de F CFA et qui manquent cruellement de liquidités ?  Pourquoi ne rembourse t-il pas les entreprises locales à qui il doit plus de 9 milliards de F CFA, elles qui manquent cruellement de fonds de roulement et ne peuvent payer leurs fournisseurs ? 

Les dommages sur l’économie centrafricaine dus au non remboursement des prêts contractés par l’Etat auprès des banques et des entreprises locales seront considérables.
Comment réussira t-il à payer les salaires quand il aura épuisé les 26 milliards du FMI ? 

Il faut noter néanmoins que le paiement de salaires aux fonctionnaires est une bonne chose en soit quelque soit les moyens utilisés. Mais le fonctionnaire qui est payé, souhaiterait avoir en face des structures sanitaires viables pour se soigner lorsqu’il tombe malade, une école publique digne d’accueillir ses enfants, des produits alimentaires et des biens de première nécessité à la portée de sa bourse, la sécurité de ses biens assurée. 

Il existe d’autres situations sérieuses sur lesquelles le régime s’efforce de fermer les yeux. La pauvreté augmente, le pays est confronté à des pénuries de tout genre (alimentaires, eau potable, électricité…) et des tracasseries de toutes sortes. Les Centrafricains vivent dans une société grise et terne. 

Aujourd’hui, on ne peut pas : 

- se soigner faute de médicaments et d’infrastructures sanitaires ; les hôpitaux préfectoraux sont démunis (il n’y a plus d’appareils de radiologie, de groupes électrogènes en provinces) ; les hôpitaux deviennent des mouroirs ; 

- inscrire les enfants dans les écoles publiques : niveau de l’enseignement très bas, près de 300 élèves par classe pour 3 heures de cours par jour ; certains élèves prennent les cours debout ;

- s’inscrire à l’Université de Bangui. Construite à l’origine en 1972  pour accueillir 1500 étudiants, elle en accueille  aujourd’hui plus de 7000. Même la faculté de droit ne dispose pas encore d’amphi théâtre. La bibliothèque universitaire n’est que de nom. Les professeurs sont rares, on peut compter seulement 4 professeurs agrégés en médecine. 

- circuler librement sur l’ensemble du territoire à cause des tracasseries administratives, des barrières des forces de sécurité et des rebelles. L’état défectueux des routes et des pistes rurales limite sérieusement les déplacements des véhicules. Les routes ne sont plus que des nids de poule en saison sèche, et de fondrières en saison de pluie ; 

- se nourrir décemment. Le Centrafricain ne mange plus qu’une  seule fois par jour en raison de la dégradation de son pouvoir d’achat. L’abattement de salaires qui est une mesure temporaire reste en vigueur et les prix des denrées de première nécessité sont multipliés par trois (3). Le gouvernement clame tout haut la maîtrise de l’inflation (2,5% chiffre officiel) mais les denrées alimentaires sont rares et coûteuses sur le marché. A titre d’exemple, la cuvette de manioc qui coûtait en 2003 1500 FCFA, coûte en 2009 4500 F CFA. La viande qui est un produit commun pour le Centrafricain n’est plus à la portée de sa bourse: le pied de bœuf coûte 1000 F CFA contre 250 F CFA la pièce en 2003 à Bangui et j’en passe. 

Aujourd’hui, plus que jamais, beaucoup de cadres compétents quittent le pays pour se réfugier à l’étranger. Il n’est pas étonnant de trouver des cadres de haut niveau qui pourtant aiment leur pays, s’installer en France, aux Etats-Unis, au Canada et dans d’autres pays du monde. Chez eux, ces cadres sont laissés pour compte pour la simple raison qu’ils ne sont pas de « l’ethnie appropriée » ou ne sont pas membres du parti KNK.  

Le désordre généralisé, la corruption et la violence, sont devenus les instruments politiques du pouvoir en place. Ils sont pratiqués par un groupuscule d’individus qui bénéficient de l’impunité. La loi et l’ordre devraient être les premières missions de tout gouvernement digne de ce nom. 

L’activité minière est devenue une exclusivité de la famille présidentielle avec un groupuscule d’opérateurs mafieux. Il s’en est suivi une famine dans le Sud Ouest (Nola, Carnot, Berbérati…). Les collecteurs de diamants et les ouvriers miniers privés d’activités et donc de ressources sont devenus des parias de la société. 

L
e  général Bozizé a imposé sa religion « le christianisme céleste en Afrique » au gouvernement et au pays. Il est lui-même membre du clergé pour devenir « un leader » spirituel voué à l’apostolat. En principe, un gouvernement doit rester laïc et doit reconnaître les citoyens quels que soient leur église, leur origine et leur parti. Mais depuis la prise de pouvoir de Bozizé, le temple ne désemplit pas et la secte gagne tous les jours de nouveaux adeptes à la recherche soit d’un emploi soit de faveur ou d’argent. 

Sans être, comme l’affirme Sigmund Freud, «un métier impossible » la politique est certainement un métier difficile.
Alors qu’est ce qu’on a fait du reliquat de 16 milliards de F CFA ? 

Le régime dispose de beaucoup de chiffres qui ne sont pas des chiffres réels mais seulement des chiffres magiques (taux d’inflation de 2 ,5% en 2010 ; taux de croissance 3,5% en 2010 et qu’est ce qui va tirer cette croissance ?…etc) pour satisfaire la demande des institutions internationales. Pour le président Bozizé, la question du  développement est du ressort exclusif de la communauté internationale. Il a d’autres  priorités : son maintien au pouvoir ou la préparation de son départ en exil. 

Si le régime était conscient, responsable, il aurait mis en place un programme d’urgence dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la restauration de  l’autorité de l’Etat, financé avec ce pactole afin de soulager la souffrance des uns et des autres: 

- le domaine de la santé : recruter du personnel contractuel en l’occurrence ceux qui sont en instance d’intégration ; améliorer les infrastructures sanitaires à savoir équiper les hôpitaux d’appareils de radiologie et les blocs obligatoires, fournir suffisamment de produits pharmaceutiques et de l’oxygène pour éviter les ruptures d’approvisionnement sur une certaine période (4 milliards de F CFA) ; 

- le domaine de l’éducation : recruter du personnel contractuel en l’occurrence ceux qui sont en instance d’intégration ; améliorer les infrastructures scolaires fournir des tables bancs (5000), matériels didactiques, mettre à disposition un budget pour la formation de professeurs agrégés toutes disciplines confondues, construire ou commencer un amphithéâtre pour la faculté de droit et Sciences économiques (un hangar existe à cet effet) (5 milliards de F CFA) ;  

- La restauration de l’autorité de l’Etat : réhabiliter les édifices publiques tant à Bangui qu’en provinces (2 milliards de F CFA). 

Gandhi a dit « si un temps on peut croire que les méchants vont l’emporter, car avec la violence et le mensonge ils prennent rapidement l’avantage, il faut savoir qu’à la fin ce sont quand même les bons qui gagnent ».

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