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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 14:05

28 juin 2009
Bonaventure Amarre
Source: Makaila 


Savoir poser le problème du Tchad est important, comme point de départ !

L’histoire d’un pays ne se réinvente pas et on ne peut pas fermer les yeux la dessous non plus, c’est un vécu ! La question que Joe pose est pertinente : le point de départ ? Seulement, d’autres lecteurs ont peut être mal compris son argumentation. A mon avis le point de départ doit être de savoir : quel est le problème ?

Globalement au Tchad, depuis l’indépendance, a-t-on eu de changement à jeu égal au pouvoir? Je ne crois pas et ce n’est pas le fait des nordistes ou de sudiste, soyons simplement objectifs.

Le fait de prendre les armes n’est à mon avis pas une pratique initiée par un nordiste et cela n’est vraiment pas notre problème au pays : même s’il en existe des nordistes et des sudistes, des centristes etc. La reprise des armes et l’accélération de la violence, sont la conséquence d’autres problèmes que l’on a besoin de savoir avant de s’accuser dans tous les sens, partialement.

Parlant de régime actuel, dirigé par monsieur Deby : il y a tout le monde ! Ne me dites pas que c’est par obligation que ce beau monde accompagne Deby dans cette macabre gestion.

Les armes ont crépité au sud bien avant la rébellion de l’Est, c’est encore récent ça! Ces frères dits du sud, ont en effet déposé leurs armes et sont venus vers Deby pour la paix, dites moi ce que ces vaillants compatriotes et les accords qu’ils ont signé sont devenus ? 

A un moment, il faut savoir mettre le doigt sur le réel problème et proposer des moyens de pression nécessaires, y faire face au lieu de divaguer dans des analyses infructueuses et souvent insultantes, sans objectivité. Quoi, qui bloque la possibilité d’instaurer la paix au Tchad : les sudistes ou les nordistes, les rebelles ou le système Deby ? Dans tout cela, les Tchadiens croupissent dans une misère sans comparaison et sans distinction régionale.

Si le cahier de charges de la conférence nationale souveraine avait été appliqué correctement, on aurait évité surement la reprise des armes. Je me dis que ces recommandations de la CNS constituent pour le moment, un bon point de départ ?

Eh bien justement : Monsieur Moungar, élu souverainement premier ministre, qu’est il devenu ?

Aujourd’hui, toute l’opposition confondue, toute la société civile, tout tchadien demande plus ou moins une CNS Bis à travers un dialogue inclusif, n’est ce pas !

Ceux qui ont pris les armes ne sont pas bêtes, ni violents par nature ou culture. C’est un moyen, tremplin pour en arriver à ce que tous les Tchadiens souhaitent. A chacun ses armes, pour un jeu égal, qui en fait constitue un élément des réponses attendues par tout Tchadien! Et inspirons-nous de faits pour ne pas confondre vitesse et précipitation! Je ne suis ni du sud, ni du nord, ni du centre, simplement Tchadien.

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 13:59

1er juillet
Source: Makaila

Selon plusieurs sources, les hostilités vont reprendre

Selon une information électronique, balancée  à la rédaction du blog  hier,  tard dans la nuit, émanant d'un officier de l'Union des Forces de la Résistance (UFR), coalition armée, qui n'a pas encore renoncé à l'option militaire face au pouvoir du général Idriss Deby au Tchad, il est fort probable que les hostilités reprennent contre l'armée gouvernementale, en dépit de la saison pluvieuse.

Notre source, nous signale que 4 colonnes lourdement équipées et armées équivalentes à 1200 véhicules, seraient sur le point  de reprendre les combats dans les prochains  d'ici la fin de la semaine.

Il le dit, je le cite:" cher frère makaila, si tu n'as pas de nouvelles dans cette semaine inchallah, tu vas écouter le nom de l'UFR dans la radio du monde."

Par ailleurs, d'autres sources indépendantes proches des organisations internationales présentes à l'est et travaillant dans le cadre des réfugiés du Darfour, ont confirmé à la rédaction, l'éventualité d'une reprise des combats entre les troupes gouvernementales et la principale rébellion armée de l'UFR.

A suivre...............

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 12:12

30 juin 2009
Source: ANR
Human Rights Watch


Le sommet de Syrte consacré à la violation des droits de l’homme en Somalie et au Tchad.

L'Union africaine (UA) doit exhorter le Conseil de sécurité des Nations Unies à mettre sur pied une commission d'enquête pour faire la lumière sur les graves violations de droits humains en Somalie. Ce premier pas est nécessaire pour instaurer la justice et la responsabilité pénale, a déclaré Human Rights Watch dans une lettre rendue publique aujourd'hui et envoyée en prélude au sommet de l'UA qui se tiendra du 1er au 3 juillet 2009 à Syrte en Libye.

Human Rights Watch a lancé un appel aux dirigeants des pays de l'UA pour mettre un terme à la violence incontrôlée qui s'est installée en Somalie où les violations des droits humains continuent de faire des ravages. Pendant la trêve des combats observée au début de l'année, des dizaines de milliers de personnes ayant regagné leur domicile à Mogadiscio la capitale, se retrouvent maintenant au cœur des conflits qui ont repris de plus belle. Human Rights Watch a également demandé à l'organisation de veiller à ce que la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) respecte scrupuleusement le droit humanitaire international. Cette petite force de maintien de la paix assiégée au port de Mogadiscio encore ouvert pour recevoir l'aide humanitaire vitale, a été toutefois impliquée dans des tirs aveugles sur des populations civiles.

« La mission de maintien de la paix en Somalie est actuellement l'entreprise la plus difficile et la plus dangereuse menée en Afrique », a déclaré Georgette Gagnon, directrice de la Division Afrique à Human Rights Watch. « L'UA doit veiller à ce que ses forces ne soient pas mêlées aux violences quotidiennes et que les personnes coupables d'abus graves répondent de leurs actes. »

Au début du mois de février, par exemple, les forces de maintien de la paix qui ont été la cible d'attaques ont réagi par des tirs au hasard dans les secteurs environnants, tuant 13 Somaliens, presque tous des civils. Des enquêtes doivent être menées rapidement dans ce type d'incidents. Aussi, leurs auteurs, quel que soit leur grade, doivent répondre de leurs actes, a déclaré Human Rights Watch. Toutes les nouvelles recrues des forces de maintien de la paix devront subir une évaluation adéquate pour s'assurer qu'elles n'ont pas été impliquées dans des cas d'abus graves.

Human Rights Watch a également demandé à l'UA d'inciter le Sénégal à faire avancer le dossier de l'ancien président du Tchad Hissène Habré, accusé de crimes contre l'humanité. En juillet 2006, l'UA a chargé l'État sénégalais d'engager des poursuites contre Hissène Habré et promis de fournir de l'aide financière pour le bon déroulement du procès. Trois ans après, malgré le soutien offert par des institutions et des pays non africains, le Sénégal n'a même pas entamé les procédures judicaires et l'UA non plus n'a pas offert d'aide concrète. Human Rights Watch a déclaré que l'UA pourrait démontrer la capacité et la volonté du continent d'agir rapidement contre les atrocités qui y sont perpétrées si elle réussissait à faire avancer le dossier Hissène Habré.

L'ONG a également invité l'UA à soutenir le travail de la Cour pénale internationale (CPI). Au début de l'année, après qu'un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre du président du Soudan, Omar el-Béchir, des voix africaines se sont élevées pour qualifier la Cour « d'anti-africaine » et l'accuser de cibler injustement les Africains. Cependant, trois des quatre affaires examinées ont été déférées à la CPI par les États où les crimes ont été perpétrés tandis que la quatrième affaire, celle du Darfour, lui a été référée par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Lors de la réunion de l'UA tenue les 8 et 9 juin derniers pour évoquer la question de la CPI, de nombreux États africains ont réitéré leur engagement à respecter leurs obligations conformément au Traité sur cette juridiction internationale. Dans les déclarations signées récemment lors des conférences de Banjul, du Cap et d'Addis-Abeba, des groupes et des responsables africains de la société civile ont exprimé leur soutien sans faille à la CPI pour rendre justice lorsque les juridictions nationales sont incapables de le faire ou non disposées à engager des poursuites.

Human Rights Watch a demandé aux États membres de l'UA de renforcer leur engagement envers cette juridiction afin de préserver sa capacité et son intégrité et recommandé également la création d'un bureau de liaison de la CPI à Addis-Abeba, le siège de l'Union africaine, pour renforcer le dialogue et établir un cadre de coopération entre les deux institutions.

« Dans diverses régions africaines, des gouvernements de même que des organisations de la société civile africaine ont apporté leur soutien au travail de la CPI », a ajouté Mme Gagnon. « À l'issue de la réunion qui vient de se tenir ce mois-ci à Addis-Abeba, nous espérons que les dirigeants africains raffermiront leurs engagements envers des organes tels que la CPI dont la mission est de rendre justice aux Africains victimes des pires violations de droits humains. »

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 11:45

30 juin 2009
Source: ANR


L'un des derniers textes d'Ibni Mahamat Saleh
Ce texte provient des publications de la Fondation Gabriel Peri


Le Tchad objet d’un double enjeu

Depuis son accession à l’indépendance nominale en 1960, le Tchad n’a pas connu de paix. Dès 1965, des jacqueries paysannes au centre du pays ont donné naissance à des mouvements armés structurés ; la guerre aura duré plusieurs décennies avec des hauts et des bas, et en particulier avec les interventions militaires française et libyenne, l’enjeu principal étant le pouvoir dans la mesure où toutes les passations se sont faites par les armes. Depuis décembre 1990, date de prise du pouvoir par Idriss Deby, la démocratie a été proclamée. Le Tchad est donc censé enterrer définitivement les alternances politiques violentes. Or, plus que jamais, c’est le retour à la guerre.


Par M. Ibni Oumar Mahamat Saleh
Mathématicien et homme politique tchadien
Assassiné par le pouvoir tchadien en début 2008.


Enclavé au cœur de l’Afrique, le Tchad compte environ 9 300 000 habitants pour une superficie de 1 284 000 km2. Pays de contrastes, on y distingue trois régions naturelles : la zone saharienne au nord, la zone sahélienne au centre et la région des fleuves au sud. La zone saharienne est constituée de la région du Borkou-Ennedi-Tibesti (BET). Elle couvre près de la moitié du territoire mais est largement sous-peuplée. Les trois derniers présidents sont issus de cette région : Goukouni Weddeye (1979-1982), Hissein Habré (1982-1990) et Idriss Deby (depuis décembre 1990). La zone sahélienne a été le lieu où se sont constitués les royaumes du Sahel (Kanem-Bornou, Baguirmi, Ouaddaï). Cette partie relativement très peuplée représente un peu plus de la moitié de la population totale. L’élevage constitue la ressource principale.

Enfin, la zone soudanienne située au sud du fleuve Chari d’où sont issus les premiers présidents :Tombal-baye Ngarta (1960-1975) et le général Félix Malloum (1975-1979). C’est dans cette zone, appelée autrefois « Tchad utile », que se cultive le coton et où de gisements importants de pétrole sont actuellement en exploitation (région de Doba).

Il est utile de rappeler que, contrairement à ce qui a été souvent dit, les frontières actuelles sont approximativement celles datant de la période précoloniale. D’où une interpénétration entre les différents peuples qui constituent le Tchad d’aujourd’hui.

On peut enfin noter que les frontières étaient sensiblement les mêmes que celles d’aujourd’hui. Celle du nord était entérinée en 1577 (lettre du sultan Mourad III à Idriss Alaoma). Les limites entre le Niger et le Tchad étaient définies par le traité de Shige (1578) signé entre les sultans du Bornou et du Kanem, même si elles ont été aménagées au XXe siècle pour laisser le Kawar au Niger. La frontière est, séparant le Ouaddaï du Darfour (Soudan), figurait déjà sur une carte de 1851, divisant certaines ethnies (les Massalit, par exemple). La frontière sud avec la République centrafricaine ne fait l’objet d’aucun litige.

Avant le XIe siècle, des relations existaient déjà entre le Tchad et la Libye à travers le Fezzan, et entre le Darfour (Soudan) et l’est du Tchad. À partir du VIIIe siècle, fuyant les persécutions des Mamelouks d’Égypte, d’importantes migrations arabes se sont développées en traversant le Soudan vers le Tchad. D’autres migrations ont atteint la région du Kanem dès le Xe siècle. Cette période a connu la constitution de royaumes islamisés du Sahel. Lors de la pénétration française à la fin du XIXe siècle, les royaumes du Sahel étaient des ensembles politiquement structurés, porteurs de civilisation et de culture communes et exerçaient une influence sur les actuelles régions du sud du pays. La résistance de ces royaumes au colonisateur (en particulier le refus de l’école française) a amené celui-ci à s’appuyer sur les premiers lettrés originaires du Sud pour son administration. Toutes ces données démentent le fait que le Tchad soit un État artificiel.


Les enjeux

Rattaché à l’arc camerounais, le Tchad, au cœur du continent africain, offre un double enjeu : un enjeu traditionnel, géostratégique, qui a recouvert des aspects différents tout au long des étapes qui ont marqué le XXe siècle, et un enjeu économique qui prend une importance particulière plus que jamais avec l’exploitation du pétrole.

L’enjeu géostratégique Le Tchad joue un rôle charnière dans la dimension tant Nord-Sud qu’ Est-Ouest. Traversé par la bande sahélienne où la culture arabo-musulmane est présente, le Tchad est une terre de transition marquée par l’islam où se mêlent des influences culturelles occidentales et orientales. Dès 1965 s’est déclenchée une guerre civile qui va déchirer le pays pendant plus de trente ans et qui se réactive aujourd’hui de façon vive. Le monolithisme politique, si opposé à la diversité inhérente à l’histoire du pays, imposé par Tombalbaye en 1962, a suscité des conflits internes violents, exacerbés par des interventions extérieures, directes ou voilées, de la France, des États-Unis, de pays africains frontaliers, en particulier la Libye (qui avait occupé la bande d’Aozou), mais aussi le Soudan, le Nigeria et même l’ex-Zaïre non frontalier.

Fragilisé pendant les années 70-80 par l’expansionnisme libyen et par les interventions du Soudan, le Tchad a été toujours perçu historiquement par la France comme un territoire militaire, une sorte de verrou qu’il faut absolument contrôler, quel que soit le prix des déchirements internes. Cette conception se traduit par un engagement quasi constant de l’armée française au Tchad où elle a même administré jusqu’en 1964 (soit quatre ans après l’indépendance) la région du Borkou-Ennedi-Tibesti.

Depuis les années 60, les clivages Nord/Sud n’ont cessé de s’accentuer et se sont même amplifiés depuis que le pouvoir central est entre les mains d’originaires de la région du BET, peu soucieux d’établir des structures étatiques viables.

L’effondrement de l’empire soviétique et la fin du conflit Est/Ouest ont réduit l’importance de la donne libyenne. Principale cible des États-Unis en Afrique, la Libye, par son action déstabilisatrice sur le continent, faisait le jeu du camp soviétique. Plusieurs experts du camp de l’Est avaient été faits prisonniers lors de la guerre au nord du Tchad. Aujourd’hui, en raison de la nouvelle donne internationale, le Tchad n’est plus conçu comme un simple rempart contre les menées de la Libye en Afrique subsaharienne. La donnée soudanaise a pris de l’ampleur depuis l’avènement du régime islamiste en 1989.

L’enjeu économique Si, depuis toujours, le Tchad, compte tenu de ses ressources géologiques, est supposé receler de l’uranium et autres minerais stratégiques, c’est le pétrole qui constitue l’enjeu économique principal de l’heure.

Avec la mise en exploitation du pétrole et les perspectives prometteuses à venir (découvertes de gisements plus importants que ceux de Doba dans la région du Mandoul), les demandes de plus en plus fortes à l’échelle mondiale sur le plan énergétique (Chine, pays émergents…), on peut croire que l’importance géostratégique prendra un sens plus important.


Les facteurs de la guerre

La crise de l’État, dès le début des années 60, résulte de son incapacité à créer un sentiment d’unité, à instaurer la justice, à garantir la paix et la sécurité intérieure. En effet, l’héritage colonial d’un État fortement centralisé d’où certains citoyens se voient exclus, laissant transparaître une monopolisation du pouvoir par certains groupes, a accéléré la crise. Les tentatives de création d’un parti unique, justifiées par la nécessité de réaliser l’unité nationale, ont produit l’effet contraire. Tombalbaye, artisan de cette démarche, a été très vite confronté à de crises graves dont les événements du 16 septembre 1963 à N’Djamena et ceux de Mangalmé en 1965, qui ont finalement conduit à la naissance du Front de Libération nationale du Tchad (FROLINAT) en juin 1966 à Nyala, au Soudan.

Finalement, le Tchad de 1960 à 1990 a vécu un système de parti unique, malgré le changement des régimes politiques. Cette forme de gestion de l’État a montré ses limites dans la mesure où, dès le lendemain des indépendances, des jacqueries paysannes ont donné naissance à des mouvements de contestation armés, qui ont vite fait basculer le pays dans la guerre civile. Cette dernière aura duré plus de trois décennies avec, comme conséquence principale, l’absence de développement du pays.

L’impasse politique dans laquelle Hissein Habré avait engagé le Tchad, doublée en matière économique de sa duplicité au détriment des intérêts français et ce malgré l’engagement militaire de Paris en sa faveur, ne pouvait être contrebalancé par le seul intérêt géostratégique qu’offrait le régime de Habré perçu comme le rempart à l’expansionnisme libyen, d’autant plus que la page du conflit Est/Ouest avec l’implosion de l’empire soviétique était définitivement tournée.

En décembre 1990, Idriss Deby prend le pouvoir avec l’appui du Soudan, de la Libye et de la France. Le point essentiel de ce changement a été l’annonce de sa volonté de démocratiser la vie politique du Tchad.


À l’épreuve de la démocratie : échec de la transition démocratique

La prise de pouvoir par Deby en décembre 1990 augure une ouverture politique qui a permis la création de plusieurs dizaines de partis politiques et d’associations de la société civile.

La Conférence nationale souveraine (CNS) a dégagé les grandes lignes de la future Constitution de la République. L’élément majeur, dans le cas du Tchad, est la limitation du mandat présidentiel à cinq ans, renouvelable une fois, permettant ainsi de rompre avec le pouvoir personnel et les cycles de violence.

Après l’adoption de la Constitution par référendum le 31 mars 1996, le peuple a été sollicité pour des élections présidentielle et législatives. À ce niveau, il faut déjà souligner les fraudes et les manipulations qui ont permis à Deby d’être proclamé vainqueur à la suite d’un second tour.

Le rôle de la France dans ces fraudes et manipulations a été souligné et condamné par la majeure partie de la classe politique et de la société civile. En effet, un expert français, Jérôme Grand d’Esnon, proche de Jacques Chirac, a été dépêché pour encadrer le processus électoral . Des doutes planaient déjà sur la volonté de Deby d’instaurer une vraie démocratie au Tchad. Deby a bénéficié d’une occasion historique et d’un cadre favorable à la stabilisation du pays, mais hélas ! la dérive a commencé très vite : le système de prédation a été préservé, et aucune démarche de véritable réconciliation n’a été menée au niveau des couches de la population. Bien au contraire, ce sont la cooptation et la répression qui ont prévalu.

On assiste alors à un isolement progressif de Deby du fait des tentatives d’écraser toute opposition politique, entraînant un monolithisme de fait, des errements sur le plan sous-régional (Congo, RDC, RCA…), enfin le mépris proclamé de plus en plus face aux Tchadiens. En se mettant au service des aventures militaires de la Françafrique, la manne pétrolière en sus, Deby croyait dompter ceux des Tchadiens qui oseraient suggérer un infléchissement de son pouvoir vers plus de rationalité et de transparence.

La réédition à plus grande échelle des pratiques frauduleuses en 2001 et 2002 a totalement décrédibilisé le processus électoral, accentué les contradictions et conduit beaucoup de Tchadiens à ne plus croire en une alternance pacifique. Dans un pays comme le Tchad, où la tradition de conquête de pouvoir par les armes est établie, on a assisté à un renforcement des mouvements politico-militaires.

La volonté de Deby de se pérenniser au pouvoir par la modification de la Constitution pour lui permettre de se représenter à l’élection présidentielle en 2006 a sonné le glas de son système, qui a commencé à se craqueler dans le cœur même. C’est ainsi que, depuis 2004, des tentatives de coups d’État, suivies de défections massives au sein de sa garde présidentielle, l’ont isolé.


Responsabilité de la France dans le processus de retour à l’autoritarisme

À la lecture de toutes ces pratiques produisant un déficit démocratique transparaît déjà le rôle majeur de la France. Sa politique africaine a été toujours très sinueuse : fondée en théorie sur la légitimité du pouvoir et sur le respect de la souveraineté nationale. En théorie, car la pratique vécue au Tchad est loin des principes proclamés.

Citons Roland Marchal du CERI : « La France n’a pas eu une véritable politique d’aide, elle n’a pas travaillé à rompre ce cercle vicieux par lequel la transition politique n’existe que par la violence et de tout faire pour que le départ d’Idriss Deby du pouvoir se fasse dans les règles prévues par une Constitution légitime, au terme d’une consultation populaire respectant les normes internationales. Depuis 2003, du côté français, telle n’a pas été l’ambition, ni la pratique comme l’illustrent les déclarations de Xavier Darcos félicitant le président tchadien d’une réforme de la Constitution qui lui permettait de postuler une troisième fois, au poste de chef de l’État, et plus encore l’appui si clairement formulé à la récente élection présidentielle de mai 2006, caricature s’il en fallait encore, de ce qu’un vote truqué peut être. »

Il apparaît aujourd’hui au grand jour que l’on a affaire à un régime clanique qui a colonisé l’État dans ses moindres recoins (armée, douanes, impôts, régie de recettes…). Le soutien de la France à Deby, malgré cette situation, a été sans faille. Appui financier, appui politique et dissuasion militaire, tout a été mis en œuvre pour le soutenir et le maintenir au pouvoir. La cassure survenue au sein du clan depuis la fin de 2003 (décision du parti de Deby de modifier la Constitution en novembre 2003) a surpris la France, qui espérait pérenniser celui-ci avec l’appui de l’armée clanique.

Au-delà du Tchad, le régime Deby, par son rôle déstabilisateur, sert d’une certaine façon les intérêts français : les interventions militaires au Togo, en République démocratique du Congo ou en République centrafricaine où Bozizé a été porté au pouvoir en sont des illustrations.

Le mécontentement vis-à-vis d’Idriss Deby a commencé très tôt dans les années 90 et s’est radicalisé pour atteindre un point de non-retour lors du congrès de son parti, le Mouvement patriotique de salut (MPS), en novembre 2003.Avant même qu’il ne manifeste en 2003 sa volonté de se représenter pour un troisième mandat et de changer la Constitution, trahissant ainsi une promesse maintes fois répétée, de nombreux Zaghawa ont critiqué de façon acerbe Deby pour son incapacité à « partager », sa gestion dilettante de l’appareil d’État et son aveuglement politique parce qu’incapable de faire des compromis avec ses opposants. Deby mettrait ainsi en danger la pérennité des acquis zaghawa. En mai 2004, une tentative de coup d’État menée par la garde rapprochée du président est déjouée.La crise interne s’amplifiant, commencent des désertions tant dans les cercles dirigeants que dans la garde prétorienne du chef de l’État à partir d’octobre 2005 pour aboutir à la mise en place d’un mouvement rebelle dénommé le Socle pour le changement, l’unité et la démocratie (SCUD), qui deviendra le Rassemblement des forces démocratiques (RaFD).ns arrive aux portes de la capitale le 13 avril 2006, le président Deby dénonce une expédition menée par des mercenaires soudanais. C’est cette explication qu’il essaie depuis lors de faire prévaloir sur la scène internationale. Un observateur averti de la scène politique tchadienne a écrit : « Quelle population serait heureuse de conserver un dirigeant malade et usé par quinze ans de règne sans partage qui a réussi à cultiver l’impunité pour les siens, à laisser le Tchad au premier rang des pays les plus corrompus et les plus pauvres au monde ? Avec un tel bilan, on comprend pourquoi, faute d’oser prendre la mesure de l’opposition intérieure, Deby doit blâmer les mercenaires étrangers. La méthode, pour être simple, a plusieurs fois fonctionné en Afrique. »

L’irruption en février 2003 du conflit du Darfour sur l’actualité internationale a considérablement compliqué une lecture saine des événements du Tchad. À cause des relations transfrontalières, le fait que le régime soit dominé par les Zaghawa au Tchad a mis le pays de plain-pied dans le conflit !

Il faut souligner que le Tchad a tissé de multiples liens officieux et officiels avec la rébellion du Darfour. Officieux car, au départ, ce sont des proches du régime au niveau politique et militaire, tous issus du clan zaghawa (grand frère de Deby), qui ont mis à la disposition des rebelles hommes et matériels, surtout les fractions zaghawa de la rébellion.Ainsi, le premier commandant en chef des forces du MLS est un ancien de la garde de Deby. Le président tchadien, conscient du danger que cela représentait pour son pouvoir, a voulu jouer le jeu de Khartoum et ce jusqu’à mi-2004. Il a dû par la suite changer d’attitude. Le Soudan, jusque-là allié inconditionnel de Deby, a commencé à accuser ce dernier de jouer un double jeu. Les camps des opposants tchadiens sont ouverts au Darfour dès l’été 2004, et les moyens qui leur sont octroyés augmentent très nettement l’année suivante. Les défections zaghawa au sein de la garde républicaine éclairent la profondeur de la crise de régime au Tchad.Après cette date encore plus qu’avant, il s’agit pour le Soudan de briser ce qui constitue la seule carte militaire des insurgés au Darfour : la possible sanctuarisation du Tchad et la mobilisation guerrière transnationale efficace des Zaghawa.


Les fractions armées tchadiennes

De la déliquescence du Frolinat, au début des années 70, sous les coups de boutoir de l’armée française et de multiples divisions internes, naît un système de factions armées qui prolifèrent grâce aux interventions étrangères. Aussi, la lutte armée n’a jamais cessé même si elle est parfois de faible intensité.

L’opposition à Idriss Deby est ancienne. Elle s’est construite sur des critiques contradictoires de son comportement public et privé. Son reniement de la promesse faite en 2001, aux termes d’élections proprement calamiteuses, de ne pas se représenter a été un facteur majeur dans une sorte de prise de conscience que Deby ne partira du pouvoir que comme il est arrivé, c’est-à-dire par les armes. Les barons du régime qui espéraient alors le voir partir ont aussi adopté une position d’opposition ouverte.

Le 16 mai 2004, une tentative de coup d’État fomentée au sein de sa Garde républicaine a été déjouée de justesse. À partir d’octobre 2005, les défections des Zaghawa se multiplient et donnent naissance à plusieurs groupes armés réfugiés au Darfour, notamment le SCUD dirigé par Yaya Dillo, et le RDPJ d’Abakar Tollimi. Ce groupe issu du premier cercle Zaghawa a fondé le RaFD (refus en arabe) dirigé par un ancien directeur du cabinet civil du président Deby,Timan Erdimi.

Les mouvements armés d’opposition tchadiens sont nombreux et s’appuient généralement sur de groupes ethniques ou régionaux. Il en est ainsi du Mouvement pour la Démocratie et la Justice au Tchad (MDJT) des Toubous au Nord, du RaFD des Zaghawa à l’Est, la Concorde Nationale Tchadienne (CNT) des arabes à l’Est et surtout le Rassemblement pour la Démocratie et les libertés (RDL) des Tamas, qui après avoir fédéré certains mouvements avec le soutien de Khartoum, sous le nom de Front uni pour le changement démocratique (FUCD), s’est retrouvé aux portes de N’Djamena le 13 avril 2006. Deby a sauvé son siège présidentiel grâce à l’intervention militaire française dont la légalité est très contestable.

Depuis, une recomposition importante des politico-militaires s’est faite avec l’entrée en scène des vétérans de la lutte armée au Tchad : le Général Mahamat Nouri et Acheikh Ibn Oumar, tous deux anciens ministres. La constitution de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) en octobre 2006 et son entrée en action avec la prise le 25 novembre d’Abéché, la plus grande métropole de l’est du Tchad semble constituer un tournant. Une alliance sur le terrain a aussi vu le jour avec le RaFD-CNT et le Front populaire pour la renaissance nationale (FPRN) du colonel Adoum Yakoub Kougou au dernier trimestre 2006.

Idriss Deby a alors cherché à convaincre l’opinion internationale que toute cette crise était en fait un complot des Arabes et des islamistes qui, après avoir pris le contrôle du Tchad et tout en y maltraitant les Africains, se précipiteraient vers le Niger et le Nigeria pour y remettre en cause les équilibres sociaux. Mais son incapacité à faire de compromis politiques, même avec l’opposition démocratique (la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution – CPDC), sa logique de violence ont déjà permis à beaucoup d’observateurs (hormis les Français) de voir en Deby la source principale de la crise au Tchad et même de la sous-région.

Cette vision pose en elle-même plusieurs questions : les Arabes tchadiens qui représentent plus de 15 % de la population n’ont-ils aucun droit de contestation au Tchad sans être vus comme des mercenaires à la solde de la Libye un moment et maintenant du Soudan et de l’Arabie saoudite ?

Sans minimiser l’implication de Khartoum dans ce qui se passe au Tchad, une réponse au soutien de Deby aux rebelles du Darfour, le chef de l’État tchadien a aussi utilisé dans le passé une autre rhétorique : « Moi ou le chaos », formule à laquelle beaucoup de Tcha-diens, qui ne sont pas tous versés dans la politique, font écho par un « Moi et le chaos »…

CONCLUSION Aujourd’hui, la crise a atteint un seuil inégalé depuis plusieurs années. Avec la situation au Darfour, les deux crises s’alimentant mutuellement. Si, au Darfour, il y a l’accord d’Abuja, qui constitue un début de résolution de la crise, au Tchad, il n’en est rien.

Au contraire, c’est la rhétorique de mercenaires à la solde du Soudan qui a cours. Le soutien aveugle de la France aidant, aucun processus de sortie de crise durable n’est en vue.

La France instrumentalise la communauté internationale pour sauver Deby à travers une force onusienne au Tchad. Les tentatives françaises, toujours sous couvert de la communauté internationale, d’amener l’opposition civile, la CPDC en particulier, a composé avec Deby pour des prébendes semblent vouées à l’échec, car la population ne pardonnera pas ceux qui se prêteraient à ce jeu.

Aussi, la perspective prévisible est l’extension de la guerre de l’est au nord et au sud-est du pays, une guerre d’usure, ce qui ne sera pas à l’avantage de Deby, vu les multiples difficultés auxquelles il doit faire face.

À moins que, par un sursaut sans pareil, la communauté internationale n’impose à Deby un dialogue national inclusif réclamé par l’opposition démocratique, en l’occurrence la CPDC, la société civile et même les politico-militaires afin de mettre en place un consensus national, une transition et des élections réellement libres et démocratiques.

Décembre 1990 : prise du pouvoir par le Mouvement patriotique du salut (MPS) de Deby. Naissance de mouvements armés : FAIDT (Front d’action pour l’instauration de la démocratie), MDD (Mouvement pour la démocratie et le développement) en 1991. CNR (Conseil national de redressement), CSNPD (Comité de sursaut national pour la paix et la démocratie), FNT (Front national du Tchad) en 1992. FARF (Forces armées pour la République fédérale), ANR (Alliance nationale pour la résistance) en 1994. MDJT (Mouvement pour la démocratie, la justice au Tchad) en 1998. ADR (Alliance des démocrates résistants) en 1999.

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 11:39

2 juillet 2009
Source: ANR


Le Tchad lance la construction d'un nouveau pipeline avec l'aide de la Chine

Le président tchadien, Idriss Deby Itno, a lancé mercredi dans la région du Chari-Baguirmi (sud-ouest) la construction d'un pipeline de 311 km, confiée à une société publique pétrolière chinoise, ont rapporté les médias d'Etat. Les travaux, dont le coût n'est pas précisé, seront exécutés par la Compagnie nationale pétrolière chinoise (China National Petroleum Corporation, CNPC) et prendront fin en 2011. L'oléoduc est destiné à l'exploitation du pétrole du site de Koudalwa à Mogo (300 km au sud de N'Djamena) et alimentera la raffinerie de Djarmaya (40 km au nord de N'djamena).  

"Les Tchadiens ont attendu longtemps cette opportunité. Ils vont circuler dans deux ans avec leur pétrole", a affirmé lors de la cérémonie le président Deby, cité par les médias. "Nous avons encore d'autres grandes ambitions. D'autres bassins du Tchad regorgent du pétrole, nous ne faisons pas de bruit mais nous essayons de faire en sorte que les autres bassins puissent produire et contribuer au développement économique et à la lutte contre la pauvreté dans notre pays", a-t-il ajouté. 

Dans un bref communiqué, la présidence tchadienne a estimé que les réserves des champs pétroliers de la région pourraient produire un million de tonnes de pétrole par an, avec une capacité de 60.000 barils par jour.

De son côté, la CNPC "s'engage à protéger l'environnement et à créer des emplois pour la population locale", a déclaré son vice-président, Wang Yun Yang. La compagnie chinoise affirme avoir fait son entrée en 2003 dans l'industrie pétrolière au Tchad, trois ans avant que N'Djamena ne rétablisse avec Pékin des relations diplomatiques rompues en 1997.

Découvert dans les années 1990, le brut tchadien a commencé à être exploité en 2003, pour rapporter ses premiers vrais dividendes à partir de 2006. Le pays produit aujourd'hui plus de 170.000 barils/jour, pour environ 750 millions d'euros de recettes annuelles.

D'après des sources économiques, ses réserves prouvées de brut tournent autour de 1,5 milliard de barils.

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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 17:33

24 juin 2009
Paul Gové
Le Confident


Selon les indiscrétions d'une autorité policière, le Chef rebelle Baba Ladé a décidé de se rendre aux éléments du Contingent de la MICOPAX basés à Kaga-Bandoro.

Ce leader d'un groupe politico-militaire qui combat le régime de Idriss Deby Itno a été conduit à l'Etat Major de la MICOPAX situé à la Base de la M'POKO à Bangui le mercredi 17 juin 2009 dans la nuit.

Le jeudi 18 juin 2009, dans la mi-journée, le Ministre Délégué auprès de la Présidence de la République Chargé de la Défense Nationale, le Colonel Francis Bozizé, le Ministre de l'Administration du Territoire chargé de la Décentralisation M. Elie Ouefio et l'Attaché militaire de l'Ambassade du Tchad en République Centrafricaine lui ont rendu visite pour s'informer sur ces intensions.

Actuellement, Baba Ladé est admis à l'infirmerie de la MICOPAX où il subit des soins.

Aux dernières nouvelles, il y aurait des négociations entre ce chef rebelle et le régime de N'DJAMENA pour la signature d'un Accord de Paix. 

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 23:04

16 juin 2009
Roland Tsapi
Le Messager


A 60 ans, père de cinq enfants, Ngarlejy Yorongar traîne désormais les séquelles des multiples tortures subies à cause de ses opinions politiques, ce qui l’oblige à fréquenter les hôpitaux africains et occidentaux à un rythme soutenu. L’opposant tchadien, qui est aussi député àl’Assemblée nationale de son pays, est le coordinateur exécutif fédéral de Far/Parti fédération.

Après les attaques rebelles de la capitale tchadienne N’djamena le 1er février
2008, il est arrêté le 3 février avec Lol Mahamat Choua, Wadel Abdel Kader Kamougé et Ibni Oumar Mahamat Saleh, pour des liens supposés avec les rebelles. Sa famille est restée longtemps sans nouvelles de lui, et c’est par le Cameroun qu’il est sorti après avoir été libéré, pour se rendre en France où l’asile politique lui avait été proposé. Offre qu’il avait décliné pour ne pas “ mourir politiquement ”, préférant rentrer au Tchad pour continuer le combat.

Tout récemment, la même France lui a refusé le visa pour aller rencontrer son médecin dans l’Hexagone, et il a dû une fois de
plus passer par le Cameroun le 23 mai 2009 pour se rendre finalement dans un hôpital de Bruxelles en Belgique. C’est à son passage à Douala que nous l’avons rencontré. Mais sous le coup de la maladie, il a préféré recueillir nos questions pour répondre plus tard. A cette date, le président gabonais n’est pas encore décédé, c’est pourquoi dans cet entretien il s’exprime plutôt sur l’hospitalisation de Bongo. Relancé, il a souhaité ne pas s’exprimer sur la disparition du doyen des chefs d’Etats africains, en tout cas pas pour l’instant.

 


Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre arrestation en février 2008, les conditions de détention et les raisons de votre libération ?

Je vous prie d’attendre la sortie prochaine de mon livre y relatif pour être mieux informé.

Où en est-on avec les enquêtes sur le troisième opposant disparu ?

Idriss Déby et certains Français qui sont impliqués dans l’enlèvement et la séquestration de Lol Mah Amat Choua, Ibni Oumar Mahamat Saleh et moi-même ont, avec la complicité de la Commission d’enquête, définitivement enterré le dossier. Quant à l’assassinat d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, je savais que ce sera classé définitivement sans suite. Déby n’a-t-il pas dit qu’un homme politique ou dirigeant de la société civile assassiné ne va susciter que des agitations de quelques journaux et des associations des droits de l’Homme pendant trois jours maximum et puis tout rentrera dans l’ordre. N’est-ce pas le cas puisqu’il a dit que
. Ayant promis au dernier sommet de l’Union africaine qu’il va actionner la justice pour faire la lumière sue cette affair . Dès son retour à N’Djamena, il crée une autre commission d’enquête en attendant de trouver des boucs émissaires pour leur coller l’assassinat de Ibni au dos. Il amuse la galerie et roule tout le monde dans la farine.

La France refuse aujourd’hui de vous donner le visa pour aller vous soigner, alors qu ’elle vous a proposé l’asile. Comment appréciez-vous ce retournement de veste ?

Il y a plusieurs raisons. Entre autres, j’ai décliné l’offre d’asile politique que la France m’a offert parce que j’estime que c’est un piège à con. L’accepter c’est m’enterrer moi-même politiquement au Tchad, j’ai dénoncé les Français qui sont impliqués dans ces crimes crapuleux notamment l’armée française, l’Ambassadeur de France, M. Bruno Foucher, le coopérant à la police, Daniel Goutte etc., j’ai écrit un brûlot en cours d’édition etc., ma lettre à mon condisciple de l’Université de Paris X, le président Nicolas Sakozy sont autant des raisons pour me refuser le visa.

N’oubliez pas le livre su r l’Arche de Zoé sorti en septembre 2008

Pourquoi avez-vous refusé la proposition de l’Ambassadeur français de vous faire soigner à l’hôpital militaire basée à N’Djaména ?

Comment voulez-vous que je me fasse soigner dans un hôpital sis dans le camp militaire qui a, de manière concertée, commandité mon enlèvement en vue de me liquider physiquement en février 2008 ?

Après l’attaque rebelle de février 2008, devrait-on s’attendre à une réorganisation du gouvernement, et quelle devrait en en être l’orientation ?

Il faut poser la question à Idriss Déby luimême. Toutefois, je tiens à vous révéler qu’il a formé, depuis sa prise de pouvoir au Tchad, plusieurs dizaines de gouvernements totalisant près de six cents ministres, mais ça n’a rien changé. La présence de Kamougué, Jean Alingué, Naïmbaye et autres a-t-elle changé
quelque chose ?

Une autre attaque rebelle vient d’avoir lieu à l’Est du Tchad, au moment où on signait les accords de Doha entre le Tchad et le Soudan. Peut-on dire que c’est encore un Accord pour rien ?

Idriss Déby a signé des centaines et des centaines d’accords de ce genre depuis son avènement au pouvoir en décembre 1990. Qu’ontils changé au Tchad ? De plus, ceux qui ont osé signer ces accords avec lui sont “deux mètres” sous terre.

Quelles sont, à votre avis, les relations entre le pouvoir de Deby, l’Eufor et l’armée française ?

C’est grâce au parapluie militaire français transformé en Eufor que le régime de Déby est encore au pouvoir. Savez-vous que l’armée française à N’Djaména met illégalement sur table d’écoute les hommes politiques et ceux de la société civile, parole de Bruno Foucher, Ambassadeur de France au Tchad et celle du
Président Sarkozy rapportée respectivement par votre confrère Jeune Afrique n°2459 du 24 février au 1er mars 2008 et celle du Président Sarkozy par Le Canard Enchaîné du 4 mars 2009. Elle participe aux combats aux côtés de ceux d’Idriss Déby contre les rebelles avec tout ce qui comporte comme renseignements, fourniture d’armement alors que l’accord actuel de 1976 interdit formellement à la France cette ingérence dans les conflits armés au Tchad.

En tant qu’homme politique, quelle solution préconisez vous pour résoudre de manière durable le problème des rebelles au Tchad ?

Seul le dialogue inclusif regroupant autour d’une même table gouvernement, partis politiques, société civile et rebelle est la solution idoine parce que le problème tchadien est éminemment politique et non militaire. Ce dialogue doit, entre autres, aboutir nécessairement à des élections libres, démocratiques et réellement transparentes, élections précédées de recensement général propre des populations à partir duquel sera dégagé la population élective. Le recensement général actuellement en cours d’exécution n’est que de la poudre aux yeux. Tous les 4.000 agents recenseurs recrutés par les bailleurs de fonds pour ce recensement
général des populations du Tchad sont tous des militants du Mps d’Idriss Déby et de ses partis alliés. Mon parti qui a participé à la négociation de l’accord du 13 août l’a arraché de haute lutte, mais il en est exclu au moment de la mise oeuvre dudit recensement. Il faut, en outre, une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au-dessus de tout soupçon, écarter les anciens de la Ceni, de la Cour suprême et du Cons eil constitutionnel qui avaient traité les précédentes élections, suspendre, jusqu’à nouvel ordre, le vote des Tchadiens de l’étranger lors des premières élections. Alors que le Tchad compte 3 millions d’électeurs, Idriss Déby a, comble de ridicule, estimé à 3 millions les Tchadiens électeurs rien qu’au seul Soudan d’où il est en partie originaire. En effet, il est de Kornoy (Darfour soudanais) où son père et lui-même sont nés. Rappelez-vous que, par affinité, c’est le président Oumar El Béchir président du Soudan, qui a créé Idriss Déby de toutes pièces en 1989-1990. En effet, c’ est le président Oumar El Béchir qui a mis des militaires soudanais Zakawa comme lui à sa disposition pour l’emmener au pouvoir à N’Djaména. Ceux-ci sont appuyés par les mercenaires de Bob Denard financés par Elf.


Quel est le lien entre l’opposition et les rebelles armées ?

En ce qui me concerne, aucun lien. Je crois fermement qu’il en est de même pour les autres opposants de l’opposition démocratique. Ce fameux lien est, en fait, inventé de toutes pièces par les Ambassadeurs français au Tchad et l’armée française basée à N’Djaména. Une imagination fertile dans le seul dessein de nuire.

Où en est-on avec l’affaire de l’Arche de Zoé ?

Cette affaire est également enterrée. D’après les autorités françaises, Idriss Déby est entièrement payé par la France en nature (fourniture d’armement et autres). Il lui appartient de payer en numéraire les parents des enfants kidnappés par les Brétau.

Omar Bongo est très malade en ce moment. Quel est l’impact sur la géopolitique en Afrique centrale s’il arrivait à quitter le pouvoir ?

Cet homme m’a sauvé la vie plusieurs fois des griffes d’Idriss Déby. Je souhaite qu’il soit rapidement rétabli pour me permettre d’aller le remercier, cette fois-ci, de vive voix.

On vous attribue une forte richesse, mais vous menez une vie modeste. Comment explique-vous ce contraste ?

Les hommes d ’Idriss Déby et les Ambassadeurs français au Tchad dont Jean-Pierre Berçot mènent cette campagne stupide. Je vis dans un taudis qui menace de m’enterrer avec ma famille. Les Tchadiens le savent. De même, les journalistes internationaux, les hommes politiques étrangers et certains anciens Ambassadeurs tels que ceux des Etats-Unis d’Amérique, de la Chine, les Représentants du Pnud etc. qui m’ont rendu visite dans mon taudis, peuvent le confirmer.

Pourquoi vous sollicitez toujours la médecine française alors qu’en Afrique il y a des pays comme le Maroc ou l’Afrique du Sud qui peuvent offrir des soins de même qualité ?

Pour la simple raison que j’ai étudié en France et y suis resté assez longtemps. J’y avais des médecins de famille à l’hôpital Cauchin. Depuis mon retour au Tchad, ma sciatique invalidante provoquée par des multiples tortures est soignée au service de neurologie à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière par le Professeur Bourgeois. Aussi, depuis plus de dix ans, le Centre Primo Lévi spécialisé en soins des personnes torturées me soigne et me suit gratuitement en collaboration avec le Professeur Bourgeois qui n’intervient que pour des cas graves. Comme vous le savez, j’ai demandé le visa pour honorer le rendez-vous médical avec mon médecin traitant du Centre Primo Lévi. L’Ambassadeur confisque ma demande durant un mois (25 février-29 mars) avant de me proposer de me faire soigner à la
base militaire française lorsque le directeur général du ministère tchadien des Affaires étrangères l’a alerté que je suis paralysé et admis à la clinique Sao.

En outre, j’ai tenté le 15 mai 2009 d’aller me faire soigner à Bruxelles, mais l’accès de l’avion d’Ethiopian Airlines m’est refusé. C’est pourquoi, je suis
venu hier ici au Cameroun pour me faire soigner soit à Douala soit à Yaoundé. Ce matin, grâce à une nièce, j’ai consulté le Dr Denis Bouallo qui s’étonne de me voir encore vivant compte tenu de la gravité de mon état de santé. C’est ainsi qu’il a décidé de m’évacuer, d’urgence ce soir sur Bruxelles pour des soins appropriés.  

Comme vous voyez, Dieu n’abandonne jamais ses enfants. J’ose espérer qu’à mon retour, nous parlerons de l’état de ma santé, si on n’utilise pas des méthodes sophistiquées pour me faire taire définitivement. Je soupçonne toujours que je sois empoisonné lors de ma détention ou bien dans un café etc. 
Comme l’a été votre compatriote Moumié à Genève.
cette affaire est un détail

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 21:06

13 juin 2009
Makaila Nguebla

Dans ce pays, où la population est l’une des plus pauvres du monde, le régime dictatorial et maffieux de Déby est aujourd’hui usé et à bout de souffle. Au pouvoir depuis 1990, après avoir renversé son prédécesseur Hissène Habré avec la complicité de la France, il doit faire face à l’hostilité d’une part croissante de la population.

Officiellement, le Tchad est une république démocratique. Dans les faits, Déby et son clan monopolisent le pouvoir et étouffent toute velléité de contestation.

Dans ce contexte, le régime de Déby ne survit que grâce au soutien militaire de la France.

Pour tenter de résister aux convoitises de ses alliés mais néanmoins rivaux, l’impérialisme français dispose d’un argument : sa longue tradition d’engagements militaires aux côtés des dirigeants africains soucieux de défendre ses intérêts.

Déby est de ceux-là. Mais jusqu’à quand l’armée française pourra-t-elle défendre un régime qui prend l’eau de toutes parts ?

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 20:58
14 juin 2009
Makaila Nguebla


Quand le lion saigne, les chacals reprennent courage

Selon une source concordante , une équipe composée du Gl Bichara Isaa Djadallah,
Gl Daoude Yahya ; Directeurs adjoints du cabinet civil  et  du cabinet militaire accompagnés du Cl . d’Amriguebé Tome Kh
ère-dja et Alkhali Allafouza, séjourne  depuis déjà deux (2) jours  dans la capitale du Ouaddai et dans les heures avenir se dirige vers Adré où élira son Q.G.d’opération. 

L’objectif visé consiste
à démanteler la résistance en général et le FSR en particulier. 

Cette démarche d’exfiltration  démontre
à suffisance que le régime agonisant de Deby a senti la gravité de la menace qui se pèse sur lui à partir de la tournée du leader du FSR et travaille sous l’ombre des membres de la famille pour couper l’herbe sous le pied du Cl Soubiane , surtout en profitant de son absence sur le terrain. 

En effet, selon cette même  source,  l’équipe travaille depuis deux jours d’arrache –pied sur la mise en scène d’une stratégie d’exfiltration.
 

Cette stratégie se subdivise en deux épreuves ;  l’une  est un  exercice d’arithmétique en soustraction et d’addition confié numériquement
à Djadllah,qui grâce à un travail semblable en 2005, a été élevé au grade de Général et puis Ministre de Défense et une autre est confié techniquement à Yahya , aidés par les sbires de l’ANS,vise  quant à elle  à entrainer les nouvelles recrues aux méthodes d’espoinage, contre-espionsge, enquẽte et proposition d’achat de conscience. 

Par ailleurs, en sympathisant et militant dévoué des libertés ,je tiens
à informer la résistance de l’Est d’observer une certaine vigilance vis-à-vis des nouveaux candidats venant d’Abeché, Biltine ou Arada.

Et aussi,
à ceux ; félons de l’heure qui, ,si vraiment leur volonté est d’aider leurs frères, je ne voix pas pourquoi, comme toujours , profitent de l’argent amassé  grâce à l’effort des vaillants résistants. 

Cet argent devait venir grossir le budget de la Sous-Préfecture,afin que,soit éduquée, soignée, abreuvée un peuple qui ne connaît pas l’alcool, l’achat de conscience, l’espoinnage, le vol ..au lieu de grossir des comptes Off-Short et embellir les Châteaux de Diguel.
 

« Que vous Soyez chacals,ou soyez loup, les juges sont plus forts que vous… » Alphone Allais.
 

Alhadj, le Goumier

Abéché, Hilé Ouchar
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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 11:23
Juin 2009
Cheikh Yerim Seck envoyé spécial à N'djaména
Jeune Afrique 

 
Un temps contrôlées par la Banque mondiale, les recettes du brut sont désormais entièrement gérées par l’État. Une partie des fonds engrangés a ainsi permis de réarmer le pays pour faire face aux attaques rebelles. Au détriment des dépenses sociales attendues par la population ?

Il a suffi de quelques jours à Idriss Déby Itno pour neutraliser les rebelles qui ont fait incursion le 4 mai sur le territoire tchadien en provenance du Soudan. S’il a pu ne faire qu’une bouchée de ces combattants pourtant bien équipés en moyens anti­aériens (missiles Sam-7, canons de 37 mm) et antichars (missiles B-10, bazookas SPG montés sur des véhicules tout-terrain), le chef de l’État le doit aux armes qu’il a acquises avec l’argent du pétrole. Défiant toutes les critiques, y compris celles qui fustigent le surarmement dans un pays où 64 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, Déby Itno confiait à Jeune Afrique, quelques jours avant le déclenchement de l’offensive rebelle : « Si c’était à refaire, je le referais. Les bonnes consciences n’ont qu’à continuer à s’indigner. Je ne peux pas garder de l’argent pour les générations futures, au risque de leur léguer un pays démembré et occupé par des factions rebelles. J’ai acheté des armes et je continue à en acheter avec l’argent du pétrole. Je n’arrêterai que le jour où j’estimerai que notre armée est suffisamment équipée pour faire correctement face aux menaces qui nous entourent. » Avant de préciser : « Il faut toutefois noter que pas même un fusil n’a été acquis clandestinement. Les dépenses de sécurité, prévues par la loi sur la gestion des revenus pétroliers, sont toutes soumises au Comité de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières CCSRP. Après approbation par cet organe indépendant, composé d’émissaires de l’administration mais aussi de représentants d’ONG, de syndicats et d’organisations de défense des droits de l’homme, elles sont ensuite discutées et adoptées par l’Assemblée nationale. »


Règles draconiennes

Encadrée dès le début de l’exploitation, en 2003, par des règles définies par la Banque mondiale, la gestion du pétrole tchadien a tourné à la guerre de tranchées à la fin de l’année 2005. Soumis depuis cette période à des incursions rebelles sur son territoire et dépourvu de moyens pour y faire face, Idriss Déby Itno a engagé un bras de fer contre la Banque mondiale. Son leitmotiv ? « J’ai besoin du fonds affecté aux générations futures pour armer le Tchad, faire face aux agressions rebelles et renforcer le fonctionnement de notre administration aujourd’hui sinistrée. Une nation qui n’a pas de présent ne saurait rêver d’un futur. »

Refusant d’entendre ces arguments, l’institution financière a bloqué le compte pétrolier de l’État tchadien, logé à la Citibank, à Londres, et suspendu tous ses prêts au pays. En riposte, le pouvoir a sommé le consortium chargé d’exploiter le brut de lui verser directement ses royalties ou, à défaut, de suspendre ses activités. Non sans dénoncer « le comportement néocolonialiste et impérialiste des dirigeants » de la Banque mondiale. Intransigeant sur ce qu’il considère comme étant une question de souveraineté nationale, le numéro un tchadien a réussi à arracher les 36,2 millions de dollars que contenait le Fonds pour les générations futures.

Sorti de l’épreuve avec une perte de 124 millions de dollars de prêts et la suspension d’une annulation de dette estimée à 1,3 milliard de dollars, l’État a gagné une plus grande marge de manœuvre dans la gestion de l’or noir. Le 11 janvier 2006 a été signé un amendement à la loi de 1999 sur la gestion des revenus pétroliers. La dotation pour les générations futures est désormais versée avec les ressources pétrolières directes. Aux secteurs prioritaires qui absorbent l’essentiel des recettes, Déby Itno a ajouté l’énergie et le pétrole, mais aussi et surtout la justice, la sécurité et l’administration du territoire. Et il s’est massivement équipé pour faire face à la recrudescence des attaques, dont la plus menaçante, en février 2008, a vu les rebelles venus du Soudan arriver jusqu’aux abords du palais présidentiel de N’Djamena.

Le 10 décembre 2008, jour anniversaire de la prise du pouvoir par Idriss Déby Itno, le défilé militaire a été l’occasion d’exhiber l’impressionnant arsenal militaire acquis par les autorités. Avions MIG-24 et bombardiers Sukhoï, hélicoptères MI-8, porte-chars, chars blindés DMT, lance-roquettes BM-21 (orgues de Staline), camions Land Cruiser, pick-up équipés de bazookas… la Grande Muette a été particulièrement soignée. Et pour renforcer la combativité des troupes, les primes et les traitements des militaires ont été revalorisés. Sous la pression de la Banque mondiale, le Tchad avait pourtant accepté de soumettre à un cadre strict la gestion de ses recettes tirées des hydrocarbures. Signée le 11 janvier 1999, la loi portant gestion des revenus pétroliers prévoit d’affecter 90 % de ceux-ci à des dépenses clairement listées et les 10 % restants à « un compte d’épargne ouvert dans une institution financière internationale au profit des générations futures ». Les ressources directes sont alors soumises à une clé de répartition très claire : 80 % sont destinés aux secteurs prioritaires (santé publique et affaires sociales, enseignement, infrastructures, agriculture et élevage, ressources hydriques) et 15 % sont affectés aux dépenses de l’État, les 5 % restants revenant à la région productrice.


Fiscalité et opacité

Sans doute échaudée par les précédents exemples de gestion catastrophique de la manne pétrolière dans d’autres pays d’Afrique, la Banque mondiale, qui a financé une bonne partie des coûts d’investissement de l’oléoduc destiné à transporter le brut de Doba vers le littoral camerounais, a voulu verrouiller l’usage des pétrodollars tchadiens. D’abord, les 12,5 % de la valeur du pétrole exporté qui reviennent au Tchad sont logés dans un compte-séquestre à la Citibank. La Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI) en déduisent automatiquement les montants affectés au remboursement des sommes avancées pour la construction de l’oléoduc.


Souveraineté financière

Pour entrer en possession du reliquat, le ministre tchadien des Finances fait des appels de fonds. Les montants qu’il sollicite sont versés non pas au Trésor public de son pays, mais sur des comptes spéciaux ouverts à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Pour pouvoir en disposer, les autorités ont l’obligation de soumettre les dossiers de financement au CCSRP. Celui-ci « a pour mission d’autoriser et de contrôler les décaissements des comptes spéciaux et l’affectation des fonds ». En 2007, sur 922 dossiers présentés, il en a rejeté 88 au motif que ceux-ci concernaient des domaines autres que les secteurs prioritaires visés par la loi. « Ce mode de gestion est un exemple unique au monde, commente Ahmat Acyl, directeur général de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT). Nous sommes le seul pays au monde à ne pas pouvoir faire ce que nous voulons des ressources générées par nos matières premières. »

Du côté des ONG, Youssouf Moussa, président de l’Initiative tchadienne de lutte contre la corruption et le détournement, n’est pas aussi convaincu de la fiabilité du système de contrôle : « S’il est vrai que les revenus directs issus du partage du pétrole sont connus et clairement répartis, les produits de la fiscalité indirecte, qui sont versés par les entreprises opérant dans le secteur, sont gérés dans la plus grande opacité. » Parmi ces taxes et redevances diverses figure notamment l’impôt sur les sociétés, auquel est soumis le consortium composé des américains ExxonMobil et Chevron ainsi que du malaisien Petronas. Son montant, qui atteint annuellement 60 % des bénéfices, s’est élevé en 2007 à 132,5 milliards de F CFA.

« En fait, le CCSRP n’exerce aucun contrôle sur ces rentrées fiscales, poursuit Youssouf Moussa. D’ailleurs, son président, Abdoulaye Lamana, nous a confié au cours d’une audience qu’il n’exerce de véritable surveillance que sur 110 milliards de F CFA, ce qui ne représente qu’une partie des revenus pétroliers annuels, le reste étant directement géré par le chef de l’État et son ministre des Finances. »

Au milieu des controverses, une certitude : la capitale, N’Djamena, est devenue un vaste chantier. Dans cette ville écrasée par la chaleur, circuler en voiture est dorénavant un casse-tête. Presque toutes les artères ont été défoncées afin d’être regoudronnées et les sièges des administrations sont en cours de rénovation. Dix écoles primaires et dix lycées ont été construits depuis 2008, pour un coût global de 4,8 milliards de F CFA. Dans le domaine de la santé, un hôpital d’une valeur de 13 milliards de F CFA est en train d’être bâti par l’architecte sénégalais Pierre Goudiaby, et les travaux d’un autre établissement – l’hôpital de référence – ont démarré le 17 avril. Enfin, des villas de standing sont sorties de terre à Diguel, un quartier périphérique, alors que 1 000 logements sociaux sont en cours de construction dans la capitale. Dans l’ensemble du pays, le réseau routier se densifie. Ayant hérité en 1990 de 217 kilomètres de route (dans un pays de 1,2 million de km²), Idriss Déby Itno a fait réaliser 2 000 kilomètres de voies goudronnées, alors que 6 000 autres doivent être livrés d’ici à 2011, le terme de son mandat. Enfin, les salaires des fonctionnaires ont été augmentés de 12 % à la fin de 2008.

« Ces réalisations ne sont que la partie émergée de l’iceberg, précise Youssouf Moussa. Les revenus pétroliers profitent en grande partie à une minorité au pouvoir. Sinon, comment expliquer que certains ministres, qui touchent 1,2 million de F CFA de salaire mensuel, puissent construire des châteaux dont le coût avoisine 1 milliard ? Dans de nouveaux quartiers de N’Djamena, d’importantes bâtisses appartenant à de hauts fonctionnaires poussent comme des champignons. » Comme ailleurs en Afrique, l’argent du pétrole est source de polémiques au Tchad. Devenu producteur pétrolier en juillet 2003, le pays n’est pas un gros exportateur, puisqu’il se place derrière le Nigeria, l’Angola, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Congo. En 2007 (derniers résultats connus), la production de pétrole brut a atteint 52,4 millions de barils, soit 143 600 barils/jour.

Les Tchadiens continuent toutefois à se plaindre de la cherté de la vie. La classe moyenne ne sent pas encore l’effet de l’argent du pétrole dans son assiette de « pâte à la sauce gombo ». « Nous subissons comme tous les pays le renchérissement des prix et les conséquences de la crise mondiale, explique Ahmat Acyl. Mais d’ici à 2011, avec le démarrage de l’activité de la raffinerie que nous sommes en train de construire avec des opérateurs chinois à 30 kilomètres de N’Djamena, les coûts vont baisser. Si la sécurité se maintient, la pauvreté va peu à peu disparaître. » Les Tchadiens auront-ils la patience d’attendre ? Seule certitude : l’amélioration de leurs conditions de vie influera sur le résultat de la prochaine présidentielle, en 2011.

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Textes De Juliette